Les messages codés à l’adresse de l’Algérie se multiplient de la part de Mustafa Abdeldjalil, certainement le plus modéré des hommes politiques du CNT, et en tout cas, un des plus indépendants.
Après avoir menacé de démissionner si l’esprit «revanchard» de certains «membres des chefs rebelles» persistait, après avoir modéré à chaque fois les critiques de ses pairs lancées à l’endroit de l’Algérie, après avoir tempéré les critiques du CNT formulées au lendemain de l’accueil des membres Kadhafi à Illizi, et s’être excusé pour les « dérives » contre l’Algérie, il vient de se démarquer encore des ultras en souhaitant une «reprise rapide» des relations avec Alger.
Pour certains, il s’agit d’un véritable SOS lancé à l’attention d’Alger. En fait, Abdeldjalil est bel et bien otage entre les mains des ultras, du Giclet du duopole Paris-Londres.
Le rapprochement Tripoli-Tel Aviv, ce n’est pas lui, tout comme la promesse faite à Rabat de ne pas reconnaître le front Polisario, et encore moins la permission de permettre à une Force étrangère de maintien de la paix en Libye d’y poser pied, si les tensions persistaient. Toutes ces décisions lui échappent, comme lui a échappé l’ordre d’assassiner le général Abdelfettah Younès, commandité par les islamistes du Gicl, qui dominent le CNT de la tête et des pieds.
Pire que tout cela, le rôle joué insidieusement par le président français Nicolas Sarkozy depuis le début de l’année, et dont la stratégie de désintégration du Maghreb n’échappe à personne. C’est lui en fait le principal décideur de Tripoli, via son « confident » et néanmoins chef du CNT, Mahmoud Jibril.
Le largage d’armes à Djebel Nefoussa, chez les Berbères libyens, c’était son idée, et les messages codés envoyés aux Berbères algériens ont été tout de suite décryptés par Alger. Bernard-Henri Lévy, c’est encore lui qui l’investi de missions entre Benghazi et Tel Aviv. BHL, en pleine guerre, a affirmé avoir transmis un message adressé par le Conseil national de transition (CNT) au Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou.
«Au cours d’un entretien d’une heure et demie, j’ai communiqué au Premier ministre israélien un message verbal du Conseil, dont le point essentiel est que le futur régime libyen sera un régime modéré et anti-terroriste, qui aura le souci de la justice pour les Palestiniens et de la sécurité pour Israël », avait-il dit sans sourciller. Selon ce message, «le futur régime libyen entretiendra des relations normales avec les autres pays démocratiques, y compris avec Israël».
Selon BHL, Benjamin Nétanyahou « n’a pas semblé surpris par le message, mais n’a pas non plus exprimé de regret à propos de Mouammar Kadhafi, un des ennemis les plus acharnés d’Israël». Immédiatement, Mustafa Abdeldjalil a demandé à Abdelhafid Ghouga, viceprésident du Conseil national de transition, de démentir BHL.
Le démenti est publié quelques jours en retard, mais il est concis et sciemment très peu diffusé : « Je démens au nom du Conseil national de transition tout ce qu’a déclaré l’écrivain et philosophe Bernard-Henri Lévy au nom du CNT». Les problèmes créés de toutes pièces pour discréditer l’Algérie dépassent en réalité, le CNT, et ne sont en fait que le jeu insidieux des stratégies de puissances dont nous n’avons, à ce jour, vu que la partie visible…
O. M