Menace intégriste : l’Etat français a menti à ses citoyens

Menace intégriste : l’Etat français a menti à ses citoyens

La France découvre-t-elle, stupéfaite, la menace intégriste sur son sol ? Pas si sûr. En octobre 2001, soit quelques semaines après les attentats du 11 septembre, le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, déclarait au quotidien algérien La Nouvelle République : «Nous avons depuis longtemps soulevé le problème des foyers de subversion et d’intégrisme, mais il faut dire qu’il y a eu beaucoup de laxisme.

(…) L’Occident a pensé que ces groupes ne pouvaient pas faire de mal à l’Europe elle-même et qu’ils ne s’attaqueraient qu’aux pays musulmans. Nous avons attiré l’attention sur la barbarie qui frappait l’Algérie et nous avons notamment rappelé le massacre de Tibhirine qui a coûté la vie à sept moines trappistes. Mais pensait-on ici (en France, ndlr), tant qu’on ramassait de l’argent et qu’on racolait les jeunes pour les envoyer au Pakistan, en Afghanistan et je ne sais où, cela ne dérangeait pas outre mesure.» Dans les nombreux lieux de culte clandestins disséminés à travers le territoire français au su et au vu des autorités de ce pays, «n’importe qui s’autoproclame imam», s’indignait Dalil Boubakeur, qui dénonçait la fanatisation de prisonniers issus des milieux défavorisés. Le recteur de la Mosquée de Paris, qui se plaignait de l’absence d’une aide pour «former des imams bilingues», avertissait déjà de l’omniprésence «d’un intégrisme international qui a des hommes, des moyens et de l’argent». «Ces gens sont carrément payés pour aller trouver des groupes de jeunes et créer des réseaux.» Une bonne partie de cet argent provient de la drogue, avertissait-il à l’époque. En fait, l’Etat français, sourd aux nombreuses mises en garde pourtant fondées, mentait à ses citoyens. Et il continue à le faire.

M. Aït Amara