Il aura fallu quelques millimètres de pluie de trop pour que des édifices, des ouvrages d’art et des routes s’écroulent comme des châteaux de cartes.
Et face à cette situation on ne peut plus dramatique, le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, n’a pas trouvé mieux que de dire, pour ceux qui ne l’ont pas encore compris, que ces ouvrages «n’ont pas pu résister et se sont écroulés sous l’effet des crues de l’oued qui affluent dans une zone de dépression au centre-ville d’El Bayadh du fait des grandes quantités de pluies qui se sont abattues cette journée».
Sauf que ce que M. le ministre, qui sans doute pensait qu’avec ces mots il apaiserait la douleur de ces dizaines de familles sinistrées qui ont perdu gîtes et biens, a omis de dire que si on est arrivé à cette situation c’est la conception de l’ouvrage et sa réalisation qui ne sont pas conformes aux règles de l’art, encore moins aux normes et aux règles de sécurité en usage à l’international omettant toute règle régissant le génie civil. Car, c’est en effet de cela qu’il s’agit M. le ministre. D’autant plus que le ministre le dit lui-même quand il explique que les ouvrages en question n’étaient pas proportionnés pour résister à des crues dans une région connue pour ses fortes précipitations en automne. Alors pourquoi les ouvrages qui y sont implantés n’ont pas été construits en fonction de ce critère ? Quand bien même ce critère aurait été respecté, où sont donc les services de suivi et de contrôle et autres bureaux d’études ? Qu’en est-il des études sur les risques majeurs nécessaires pour pallier les aléas de la nature ? A cela s’ajoute l’entretien de ces ouvrages d’art, notamment ceux construits durant la période coloniale qui reste une autre paire de manches, jetant aux flammes les sommes faramineuses que débourse l’Etat en matière de réalisation. Notant que l’épisode d’El Bayadh n’est pas le premier du genre quand on se rappelle que l’année dernière pas moins de trois tronçons de l’autoroute Est-Ouest fraîchement réalisés ont été inondés, à l’exemple de la rocade sud menant vers Chéraga.
Il faut dire que ce genre d’incidents n’est pas propre aux ouvrages et réalisations du secteur des travaux publics lorsqu’on se remémore les dégâts humains et matériels survenus dans le secteur du bâtiment suite à des pluies torrentielles, comme cela a été le cas à Ghardaïa en octobre 2008 où 43 personnes avaient péri suite à des inondations. Ou encore, les pluies cauchemardesques de Bab El Oued, en novembre 2001, qui avaient fait plus de 1000 morts. A rappeler que la ville d’El Bayadh a été endeuillée, la semaine écoulée, à la suite de pluies diluviennes qui ont inondé la ville dont des ouvrages publics se sont effondrés sous l’effet des eaux, où 11 morts et des dizaines de victimes y ont été déplorés. Suite à cette catastrophe naturelle (ou humaine ?) les pouvoirs publics ont dégagé une enveloppe de 3,3 milliards de DA dans le cadre d’un plan d’urgence pour prendre en charge les dégâts occasionnés aux routes et aux ponts situés au centre d’El Bayadh. En outre, des frais de reconstruction des ponts détruits par les eaux ont été également débloqués par l’Etat.
Constantine prend ses devants
Une expérience que la wilaya de Constantine ne veut pas répéter puisqu’un dispositif anti-inondations, destiné à faciliter l’évacuation des eaux pluviales, a été mis en œuvre dans les 12 communes de la wilaya de Constantine, a fait savoir hier la Société des eaux et de l’assainissement de Constantine (SEACO).
Ainsi, Moncef Haoues, chargé du suivi des projets au sein de cette société, a indiqué que des actions urgentes ont été entamées au mois de septembre dernier et ont visé «en priorité» les nombreuses agglomérations situées à proximité des oueds susceptibles de «gonfler» en cas d’orages. En outre, une «vaste opération pour vérifier et
désobstruer, le cas échéant, les avaloirs d’eau de pluie en mettant à contribution plus de 70 travailleurs et 7 camions de gros et de moyen tonnage a été enclenchée», a-t-il ajouté.
Par ailleurs, d’autres actions ont également été entamées, portant sur la réalisation de nouveaux réseaux d’évacuation des eaux pluviales et l’installation d’avaloirs, notamment dans la commune de Ain Abid et dans certains quartiers de la ville de Constantine, à l’instar des cités Daksi, Oued El Had, Zaouche, Les Mûriers et Ziadia, en plus du vieux quartier de Sidi Bouannaba dans la vieille ville.
A noter que les services de la SEACO ne sont pas les seuls à intervenir pour prévenir les inondations puisque le secteur des ressources en eau a bénéficié, au titre du programme quinquennal 2010-2014, d’une enveloppe financière de l’ordre de 2 milliards de dinars DA, a indiqué de son côté Bouaziz Horchi, chargé de ce dossier au sein de cette direction. Ce dernier expliquera que des moyens «conséquents» permettront, notamment de mener à bien la réalisation de la seconde tranche des travaux de recalibrage de l’oued Rhumel moyennant un financement de 1,1 milliard DA.
Lynda N. Bourebrab
Des pluies orageuses assez marquées attendues à l’Est du pays
Des averses de pluies parfois orageuses et assez marquées continueront d’affecter plusieurs wilayas de l’Est du pays, a indiqué hier l’Office national de la météorologie dans un BMS (bulletin météorologique spécial).
Ainsi, les wilayas concernées par ce BMS sont : Béjaïa, Jijel, Skikda, Annaba, El-Tarf, Guelma et Souk Ahras.
Les cumuls estimés, selon l’Office national de la météorologie, atteindront ou dépasseront localement 40 mm durant la validité de ce bulletin qui s’étale de dimanche (hier) à lundi (aujourd’hui) à 12h.
L. N. B..