Menace de disparition de la flotte maritime nationale de transport de marchandises,Les opérateurs économiques tirent la sonnette d’alarme

Menace de disparition de la flotte maritime nationale de transport de marchandises,Les opérateurs économiques tirent la sonnette d’alarme

Le transport maritime des marchandises. C’est la thématique d’un atelier débattu hier au siège du Forum des chefs d’entreprises (FCE). Une rencontre animée par des experts du secteur qui ont mis en exergue l’importance d’un secteur qui constitue une source importante de transfert de devises vers l’étranger, dans la mesure où les besoins actuels sont assurés dans leur quasi-totalité par des armateurs internationaux.

Lors de son intervention, le conférencier Abdelhamid Bouarroudj dira que «locomotive indéniable de la croissance commerciale, le transport maritime s’impose en tant qu’outil privilégié du développement du commerce international». C’est dans ce cadre qu’il dira que «l’offre nationale de transport maritime des marchandises générales est réduite à sa plus simple expression ; son évolution a été inversement proportionnelle à celle du commerce extérieur. La flotte nationale est constituée aujourd’hui de 16 unités réparties entre 8 vraquiers, 4 navires multipurposes et 2 navires RORO appartenant à la Cnan et un RO-RO et un vraquier appartenant à Nolis, une filiale du groupe Cevital». «Nous arrivons en fait à un stade où l’on peut objectivement considérer que l’Algérie ne dispose plus d’un armement pour le transport maritime des marchandises générales», dira-t-il. «Avec l’effritement de la flotte restante, on peut s’interroger à présent sur le devenir des personnels, notamment les centaines de navigants formés à prix forts constituant la ressource à la fois la plus précieuse et la plus difficile à reconstituer, et également sur les risques qui pèsent sur notre pays en matière de sécurité des approvisionnements et d’exportation », a-t-il indiqué. Il dira aussi que «l’examen des conditions actuelles de prise en charge du transport maritime, qu’il s’agisse de transport proprement dit, ou bien des activités auxiliaires, permet de conclure que celles-ci profitent essentiellement aux opérateurs étrangers». Et d’ajouter : «Elles pèsent par contre totalement sur les opérateurs économiques nationaux et par conséquent sur le consommateur et l’État.» L’intervention de Abdelhamid Bouarroudj a fait ressortir, par ailleurs, que «les pertes résultant de l’absence d’une flotte nationale sont notamment celles relatives aux surcharges dont sont taxés les frets sur l’Algérie à divers titres par des armateurs». «Une comparaison des tarifs sur l’Algérie par rapport aux pays du Maghreb tant au départ des zones de trafics Amériques et Extrême-Orient que celles au départ de la Méditerranée et de l’Europe du Nord fait ressortir une nette supériorité de ceux pratiqués sur l’Algérie», argumente- t-il. En conclusion, il dira que «l’Algérie ne dispose plus d’une flotte nationale de marchandises générales à la mesure de ses traditions maritimes, de sa configuration géographique, du volume et de la structure de son commerce extérieur». «Le peu de capacités et de moyens, d’un âge très avancé, qui lui reste est en voie de disparition car obsolète. La disparition de la flotte nationale entraînerait forcément celle des moyens qui s’y attachent, notamment la ressource humaine, difficile à reconstituer. L’absence d’une flotte contrôlée par des operateurs algériens, pour un pays comme l’Algérie, peut s’avérer, pour le moins, très coûteuse. La situation pourrait être beaucoup plus grave, dans la mesure où l’armement national constitue un outil stratégique, absolument nécessaire à l’indépendance économique du pays et à la sécurité de ses approvisionnements.» Pour le conférencier, «la dépense nationale de transport maritime consacrée aux marchandises générales dépasse les 3 milliards de dollars US. Plus du tiers du montant concerne les marchandises transportées en vrac ou autres cargaisons homogènes et le reste allant à la ligne régulière. Cette dépense, compte tenu de son importance, mérite non seulement d’être réduite mais aussi d’être prise en charge dans une proportion plus importante par des moyens nationaux».



A. B.