Déjà très difficile depuis le début de la grève des médecins résidents, la prise en charge des malades au sein des CHU risque de devenir quasi-impossible dans quelques jours.
Les médecins spécialistes et généralistes redéployés au niveau des urgences alertent la tutelle sur leur incapacité à pallier le vide engendré par l’absence des résidents. Ils déclinent toute responsabilité et se disent incapables de continuer à exercer dans des conditions qu’ils qualifient d’inhumaines.
La tension est à son maximum dans les structures de santé. Après six mois de grève des médecins résidents, les solutions palliatives visant à assurer la continuité des soins s’avèrent quasi-inefficaces.
La décision des médecins résidents de cesser les gardes depuis dimanche dernier complique la tâche à des gestionnaires en panne de solutions efficaces. Après l’échec des réquisitions, les directeurs des différentes structures de santé avaient décidé de s’appuyer sur les praticiens généralistes et spécialistes en les redéployant notamment au niveau des pavillons des urgences.
Moins d’une semaine après cette décision, ces derniers montent au créneau, affirmant ne pas être en mesure d’assumer seuls des tâche habituellement effectuée par les résidents.
Partout à travers les wilayas, la colère des spécialistes, des généralistes et des internes monte crescendo. A Tizi-Ouzou, les médecins spécialistes ont organisé une marche à l’intérieur du CHU pour dénoncer les conditions dans lesquelles ils sont réduits à exercer depuis le début de la grève des résidents. A Oran, les médecins internes ont tout simplement décidé de rentrer en grève, car estimant ne pas être en mesure de pratiquer la médecine sans les moyens humains nécessaires.
Les médecins spécialistes du CHU Lamine-Debaghine de Bab-el-Oued se sont réunis mercredi et ont adressé une lettre au président du Conseil scientifique dudit CHU dans laquelle ils expliquent avoir tenté de gérer «une situation de crise» mais que si aucune mesure n’est prise, ils ne seront plus en mesure de le faire. Les médecins spécialistes appellent à la mise en place de mesures «urgentes» pour désengorger les urgences, à savoir le renforcement des centres de tri afin que le spécialiste ne reçoive que les patients relevant de sa spécialité, ne recevoir à l’avenir que les patients des structures de santé avoisinantes munis d’une lettre d’orientation, l’arrêt des consultations et de toute activité de froid. Les spécialistes lancent un ultimatum de sept jours au directeur du CHU, au-delà desquelles, affirment-ils, ils déclinent toute responsabilité.
Au niveau du CHU de Douéra, même scénario. Les médecins spécialistes affirment, dans un communiqué, que suite à l’amputation des équipes d’une grande partie de leurs effectifs, les médecins spécialistes exercent dans des conditions «insoutenables» et «éprouvantes», entravant une prise en charge «de qualité» des patients. Ils ajoutent que les solutions trouvées jusque-là ne peuvent être que «temporaires».
Comme leurs collègues de Bab-el-Oued, ceux de Douéra affirment qu’au-delà du 6 mai, ils ne seront plus en mesure ni physiquement, ni humainement ni encore moins légalement de répondre aux besoins des patients et disent dégager toute responsabilité quant aux conséquences induites par cette situation.
De leur côté, les gestionnaires ne savent plus quelle solution inventer pour assurer la continuité des soins. Le CHU de Batna a décidé d’affecter des médecins généralistes du SAMU pour pallier le manque de résidents. Au niveau de Tolga, la Direction de la santé a envoyé aux médecins généralistes des engagements dans lesquels il leur est demandé de s’engager à ne jamais s’absenter durant leurs gardes au risque d’être sanctionnés.
Des tentatives qui risquent de s’avérer vaines et sans véritable effet sur la garantie des soins.
N. I.