« Même travail, moitié moins de salaire »: ces médecins étrangers qui font tourner l’hôpital français

« Même travail, moitié moins de salaire »: ces médecins étrangers qui font tourner l’hôpital français
Médecins étrangers en France

En France, des milliers de médecins, titulaires de diplômes obtenus hors Union européenne, vivent dans une situation de précarité, méconnue du grand public. Malgré des missions et des emplois du temps similaires à ceux de leurs collègues, ces praticiens sont payés deux à trois fois moins.

Ces disparités salariales soulèvent des questions sur l’équité de traitement dans le système de santé français. D’ailleurs, rappelons, ces médecins, connus sous l’acronyme Padhue, ont, à de nombreuses reprises, dénoncé cette précarité, notamment via une grève de la faim qui a duré plusieurs semaines au printemps dernier.

Pour tenter de régler la situation, le gouvernement français, par conséquent, a annoncé l’allégement des procédures de régularisation des médecins étrangers, diplômés hors Union européenne. Mais cela reste-t-il suffisant pour ces médecins étrangers qui font tourner l’hôpital français ?

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Ces Padhue sous-payés, mais indispensables dans les hôpitaux en France

Lors de ces semaines de grève de la faim, le docteur Abdelhalim Bensaidi, médecin diabétologue originaire d’Algérie, a mis en lumière les inégalités salariales auxquelles sont confrontés de nombreux praticiens étrangers en France. D’ailleurs, il a dénoncé sa propre situation qui reflète celles de nombreux de ses confrères.

Malgré un temps plein et des responsabilités identiques à celles de ses collègues français, ce médecin perçoit un salaire de 2 000 euros par mois. Ce montant est plus de deux fois inférieur à celui de ses homologues français, qui touchent environ 5 000 euros pour le même travail.

Un rapport parlementaire, datant de novembre dernier, a pointé du doigt les conditions précaires et difficiles dans lesquelles exercent ces praticiens. Il y était notamment souligné que plusieurs de ces praticiens, bien que désignés sur le papier comme internes ou stagiaires associés, assurent fréquemment la gestion complète d’un service hospitalier. Leur rémunération pour un travail conséquent et des statuts souvent ambigus est dérisoire, se situant entre 1 400 et 1 600 euros par mois.

Un allègement des conditions de régularisation des médecins hors Union européenne

La précarité de ces médecins à diplômes hors Union européenne est censée être temporaire. Ces praticiens sont, en principe, destinés à passer des épreuves de Vérification des Connaissances, première étape d’un processus visant à valider leurs compétences pour, à terme, obtenir le statut de praticien hospitalier.

Cependant, des EVC fonctionnent comme des concours avec un nombre de places limité selon les spécialités. Le niveau d’exigence est élevé et il n’est pas rare que des médecins échouent même avec une bonne moyenne, souvent supérieure à 13 sur 20.

Fin mai dernier, le ministère français de la Santé a publié au Journal Officiel deux décrets qui allègent les conditions de régularisation des médecins à diplômes hors Union européenne. En effet, ces nouvelles mesures incluent une voie d’accès interne qui valide l’expérience des médecins déjà en exercice. Dans le détail, le processus de consolidation des compétences, requis pour la régularisation, pourra être adapté afin d’accélérer l’autorisation d’exercice pour les praticiens ayant prouvé leurs compétences sur le terrain.

De plus, les deux décrets prévoient des ajustements pour les autorisations d’exercice provisoires et les dispositifs dérogatoires spécifiques aux territoires d’outre-mer.

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