La compétence algérienne en France se confronte à la difficulté de changer de statut d’étudiant à celui de salarié. Une raison qui les encourage à revenir au pays et profiter de l’opportunité d’embauche qui se présente à eux. Mehrez Mecheti, responsable formation et recrutement chez ITN, a évoqué cette nouvelle donne avec plus de détails, dans cet entretien, paru dans les colonnes de L’Éco (N°102 / du 16 au 31 décembre 2014).
L’Eco : Pour être plus productif et opérationnel, la formation des cadres est indispensable pour les entreprises. Quel est votre formule ?
Mehrez Mecheti : L’accompagnement est très important pour les cadres et les étudiants pour devenir plus opérationnels sur le terrain et productifs. En tant que responsable de la formation au sein du cabinet ITN, et chargé du recrutement au profit de ce cabinet en Algérie et en France, Je m’occupe de préparer le programme des formations et leur mise en œuvre. D’ailleurs, nous disposons de plusieurs formations que nous proposons en interne au sein des entreprises et dans les locaux d’ITN, que ce soit en Algérie ou en France, en fonction de la demande. Nos cadres formés bénéficient de formations de qualité, réalisées en collaboration avec des écoles de management de Paris, de Toulouse et de Lyon. La prochaine édition du forum d’ITN emploi sera organisée à Lyon, vu l’importance de la diaspora algérienne dans cette zone. La première journée sera consacrée à la formation et la deuxième au recrutement. Deux volets que ne nous pouvons pas dissocier. Le cabinet ITN organise des formations à la demande des entreprises, notamment, dans le métier de management. La durée des formations varient selon la demande et le type de la formation souhaité. Nous nous chargeons de former, uniquement, les cadres des entreprises pour renforcer leur capital du savoir au sein de l’entreprise.
Qui finance les formations-entreprises que parraine le cabinet ITN?

L’aspect organisationnel est assuré par le cabinet ITN et ce, avec l’entreprise partenaire et celle-ci se charge de l’aspect financier, en entier. Récemment, nous avons organisé au profit d’une entreprise la formation de 80 cadres dans le domaine de management. Notre cible au recrutement sont les étudiants, mais qui sont déjà formés et n’attendent que leur initiation à la vie professionnelle. Quant à la formation, nous la proposons uniquement aux cadres des entreprises. Notre objectif est de récupérer les compétences algériennes en France pour les injecter sur le marché de l’emploi algérien.
L’équivalence des diplômes pose-t-elle problème pour accéder à l’emploi que ce soit en Algérie ou en France ?
La question des équivalences se pose auprès des entreprises publiques qui réclament un diplôme équivalent à la formation, contrairement à l’entreprise privée qui ne demande que la compétence et la qualification. La raison de la demande des équivalences est liée à l’absence de l’accréditation des écoles françaises en Algérie et pour avoir cette attestation, il faut passer par le ministère de l’enseignement supérieur pour régler le problème. Cela peut être contraignant des fois. D’ailleurs, d’après notre première expérience lors de l’édition de Paris, nous avons constaté que 80% des candidats cherchent des postes de travail auprès des entreprises privées, car celles-ci n’exigent pas d’équivalence. Par ailleurs, la véritable problématique se pose pour les étudiants algériens en force qui n’arrivent pas à passer du statut d’étudiant au statut de salarié. Une procédure très difficile. Il ne faut pas oublier l’impact de la crise économique sur le marché de l’emploi en France.
Quelles sont les raisons de cette indifférence et discréditation faites aux étudiants algériens en France ?
Le combat du statut professionnel en France est éternel pour les jeunes étudiants algériens. Pour que l’étudiant puisse changer de statut, il doit, au préalable, décrocher un poste au sein d’une entreprise et il faudrait par la suite que l’entreprise dépose auprès de l’ANPE (équivalent de l’ANEM en Algérie) pendant 5 semaines, l’offre du poste que l’étudiant a ciblé. Et pendant cette période, il faudrait justifier la proposition par des entretiens qui justifieront le choix de l’entreprise. Et ce qui complique la procédure, c’est la justification salariale qui doit être plus importante, ce qui n’arrange pas les entreprises françaises qui préfèrent engager les Français que les Algériens. Ces derniers temps avec la crise, les étudiants algériens souhaitent rentrer au pays pour profiter de l’opportunité qui se présente en Algérie. Les entreprises algériennes orientent leur intérêt sur les étudiants ayant fait leurs études en France car, en Algérie, il y a un problème dans l’approche pratique.
Samira Bourbia