Auteur d’une demi-saison très correcte avec son club, le défenseur polyvalent de l’AC Ajaccio, Mehdi Mostefa Sbaâ, nous parle de ses débuts en Ligue 1 cette année pour la première fois de sa carrière de footballeur. Désigné un des meilleurs Ajacciens de la phase aller par le site internet du club, l’ancien joueur de Nîmes Olympiques, qui ne s’est plus exprimé dans les journaux depuis le match amical gagné contre la Tunisie à Blida, livre aux lecteurs du Buteur ses sensations de jouer face aux ténors du championnat français. Mehdi nous parle aussi de ses retrouvailles avec les joueurs algériens évoluant en France, à l’instar de Ryad Boudebouz qu’il a croisé récemment à Sochaux.
Mehdi quelles sont vos nouvelles ?
Ça se passe très bien, je suis en vacances avec ma famille à Marseille, je profite un peu de cette période de repos avant la reprise pour me ressourcer auprès de mes parents.
Pour vos débuts, quel bilan tirez-vous de votre première saison en Ligue 1 ?
Sur le plan personnel, je dirais que ça s’est plutôt bien passé du moment que j’ai pris part à presque toutes les rencontres de mon club, après c’est sûr qu’il y a toujours des choses à améliorer. Maintenant, l’objectif est de faire mieux lors de la seconde partie de saison pour confirmer mes débuts en Ligue 1.
Pour Ajaccio, en dépit de cette belle fin de décembre, vous restez dernier, comment analysez vous votre parcours jusque-là ?
Je dirais que l’apprentissage en Ligue 1 aura été très difficile pour notre équipe. Au début on avait ce complexe d’infériorité car le club venait juste de retrouver l’élite, alors, on donnait l’impression de faire des matchs galas qu’autre chose, cela nous a coûté plusieurs points, mais à un moment donné, on a compris qu’on avait notre mot à dire dans la course au maintien.
Justement, le fait d’avoir réalisé des matchs pleins contre les ténors du championnat, à l’instar de Marseille, Paris et Bordeaux, ne vous a-t-il pas poussé à y croire davantage ?
C’est sûr. Lorsqu’on a affronté ces équipes et qu’on est parvenus à rivaliser avec eux, ça nous a fait gagner en confiance. Il y a aussi le match face à Lille où on les a vraiment bousculés. On a certes perdu ce jour-là, mais on s’est rendu compte qu’on avait le potentiel pour faire mieux.
Pour un garçon comme vous, qui a grandi à Marseille, jouer l’OM au Vélodrome, c’était un peu spécial, non ?
Absolument, il y a quelques années ça me faisait rêver, lorsque j’étais petit, je me déplaçais au stade Vélodrome pour voir à l’œuvre les grands joueurs qui sont passés par Marseille et j’avoue que lorsque j’ai eu l’occasion de jouer sur cette pelouse, j’ai ressenti une énorme émotion surtout qu’il y avait ma famille dans les tribunes.
Etait-ce pour vous une motivation supplémentaire ?
Oui, et j’ai bien pu tirer mon épingle du jeu d’ailleurs, après, lorsqu’on joue dans une arène pareille et face à une aussi grande équipe, c’est sûr qu’on ne peut rester insensible.
Vous évoluez au milieu de terrain, vous croisez de très bons joueurs en Ligue 1, un commentaire sur le niveau du championnat français ?
Franchement, c’est impressionnant. Chaque semaine, vous avez affaire à des joueurs de qualité. Les voir à la télé et les affronter sur un terrain, ce n’est pas pareil ! Cependant, c’est quand on affronte des joueurs de ce calibre qu’on apprend et qu’on progresse.
Et si on parlait de votre match gagné à l’extérieur contre le Sochaux de Ryad Boudebouz ?
C’était un match extrêmement important pour les deux équipes qui sont dans la même situation. Pour nous, cette victoire arrachée juste avant les vacances est synonyme d’espoir pour la suite de notre lutte pour le maintien.
Vous avez eu en face votre ami Ryad Boudebouz, comment l’avez-vous trouvé ce jour-là ?
Comme d’habitude, égal à lui-même, Ryad a sorti son match. Il a touché beaucoup de ballons, il a été très dangereux en adressant notamment plusieurs bons ballons à ses coéquipiers, mais ces derniers ont manqué de réalisme.
Sur une action en fin de match, vous l’avez sèchement descendu…
(Rires.) Oui, oui, c’est vrai, vous savez, pour arrêter Ryad c’est toujours difficile, il va trop vite balle au pied, donc j’étais obligé de l’accrocher et de commettre la faute et ça m’a coûté un carton jaune.
Vos retrouvailles se sont passées comment ?
C’est toujours un plaisir de retrouver mon pote Boudebouz. On s’est vu avant le match et on a bien discuté après la rencontre. Il y a quelques jours, on s’est échangé des SMS. Il m’a même envoyé une photo dans laquelle je l’avais accroché pour l’arrêter. (Rires). C’était pour me chambrer, donc, voilà, Ryad est quelqu’un que j’apprécie énormément. Sur le terrain, il est talentueux et en dehors, c’est un mec bien
Vous vous êtes échangé vos maillots en fin de match ?
En fait, pour ce match-là, il l’avait promis à Carl Medjani, donc moi je dois attendre le match retour, inch’Allah.
Qu’avez-vous à dire de sa consécration au Ballon d’Or algérien 2011 ?
Ce trophée est mérité d’autant plus qu’il l’a remporté devant de sérieux concurrents. Ryad a prouvé en Ligue 1 qu’il était un grand joueur. C’est l’avenir de la sélection parce qu’il est encore jeune, donc capable de servir l’EN durant des années. Maintenant s’il l’a gagné c’est parce qu’il l’a mérité, il n’y a aucun problème.
Et ça se passe comment avec Carl Medjani ?
On habite dans le même immeuble. On s’entend très bien sur et en dehors du terrain. On est souvent alignés ensemble à Ajaccio et l’entente est parfaite entre nous deux. On espère seulement que la fin de saison va nous sourire avec un maintien au bout, inch’Allah.
On imagine que vous parlez entre vous de l’EN…
C’est normal, on ne rate aucune occasion d’en parler. On se motive pour rester compétitifs afin justement d’être prêt à cent pour cent pour l’Equipe nationale.
On aimerait savoir si vous pensez déjà au match de la Gambie ?
Bien sûr, dans un petit coin de ma tête je pense à cette rencontre qui sera capitale et importante pour une qualification à la CAN 2013, surtout que ça va arriver très vite. Après, je sais qu’il faudra que je reste performant avec mon club pour espérer figurer parmi le groupe pour la Gambie.
Votre ami Lacen réalise de très belles prestations avec notamment une production de haute facture contre le Barça, un commentaire ?
Ça ne m’étonne pas franchement de voir Medhi Lacen réaliser de grosses performances avec Getafe. C’est un guerrier doublé d’un joueur qui n’abdique jamais, je lui souhaite d’autres succès à l’avenir.
Vous réalisez des matchs étonnants au milieu de terrain, ne pensez-vous pas que vous pouvez être utile en sélection à ce poste-là ?
Ecoutez, moi je suis à la disposition du sélectionneur, là où il me demandera de jouer je le ferai. Comme il nous l’a dit, je sais qu’il suit tous nos matchs. Seulement, il faut dire que dans ce registre, il y a trop de concurrents en sélection. Le jour où il décidera de m’aligner au milieu, ça sera à moi de prouver ma valeur.
Le fait de jouer tout le temps au milieu ne diminue pas vos chances de préserver votre place d’arrière droit en sélection ?
Non, je ne pense pas, de toutes les manières, je suis assez à l’aise dans les deux rôles. Il n’y a pas de soucis. Comme je viens de le dire, Halilhodzic connaît bien mes qualités.
Certains persistent à dire que le poste d’arrière droit est le maillon faible de l’équipe nationale, cela ne vous agace pas?
Pas du tout, chacun est libre de penser comme il veut. Les gens veulent toujours la perfection. Moi, je sais que mis à part le match de Marrakech où c’est toute l’équipe qui a sombré, mes prestations n’ont pas été aussi mauvaises que ça. Je dirais que ça s’est plutôt bien passé. Je voudrais ajouter une chose.
Oui, allez-y…
Je voudrais que tout le monde sache que lorsque je rentre sur un terrain, je pense à ma famille. Que ce soit à Ajaccio ou en sélection, je mouille le maillot pour faire honneur à l’Algérie, et franchement, les gens qui ne comprennent pas ça, je les trouve bizarres.
Pour le Ballon d’Or FIFA, vous votez pour Ronaldo ou Messi ?
Sans hésiter, Messi
Vous êtes fan ?
Franchement oui, mais je dois dire qu’il le mérite aussi vu ses performances en 2011 !
Quel est le joueur avec qui vous avez rêvé, ou eu envie, de jouer ?
Zinedine Zidane, bien sûr.
Parce qu’il est de Marseille comme vous ?
Pas uniquement pour ça, mais parce que c’est un Algérien qui revendique ses origines. Il a certes joué pour l’équipe de France, mais comme tout le monde le sait, il est fier d’être algérien. Et comme tout Algérien de Marseille, je suis fier de Zizou.
Vous êtes OM ou plutôt PSG ?
J’ai toujours aimé l’OM, et je l’aimerai toujours, c’est mon club de cœur.
Cette année, d’aucuns avancent que le PSG sera champion, comment voyez-vous cela en tant que joueur de Ligue 1 ?
C’est vrai que le PSG est bien parti pour remporter le titre, j’entends aussi dans la presse que des joueurs de valeur vont venir renforcer l’équipe. Je voyais bien Kombouaré aller au bout eu égard aux résultats réalisés. Donc, s’ils arrivent à digérer ce limogeage, un peu étonnant on va dire, je vois bien les Parisiens finir champions même s’il y a des équipes derrière comme Marseille, Lyon ou Lille, capables de leur mener la vie dure.
Le Mondial 2014, vous y pensez ?
C’est clair, j’ai envie de participer à la qualification de l’Algérie au prochain mondial et vivre les sensations de ces éliminatoires. C’est plus qu’un objectif, c’est un rêve.
Quel est votre plus beau souvenir de l’année 2011 ?
Le match gagné à Annaba face au Maroc, et l’enthousiasme du public, je n’ai jamais vécu cela de ma vie.
Et le plus mauvais ?
La relégation avec Nîmes et la défaite de Marrakech face au Maroc.
Vos vœux pour la nouvelle année ?
Assurer le maintien avec Ajaccio et réussir les éliminatoires CAN 2013 et CM 2014.
On sait que vous êtes en vacances et on vous remercie pour ce moment que vous nous avez accordé, on vous laisse le soin de conclure…
J’aimerais souhaiter une bonne et heureuse année à tout le peuple algérien. J’espère qu’elle apportera beaucoup de bonheur, de santé et de prospérité à tout le monde. Merci à vous et à bientôt inch’Allah.