Même si les quelques chanceux présents à Marcoussis l’avaient aperçu furtivement éclabousser le terrain de son talent, tout le monde a en tête les saisons 2009 et 2010 de Mourad Meghni en équipe nationale.
Zidanien, Belloumien, tous les superlatifs ne sont pas assez forts pour décrire cet « extraterrestre » du ballon rond qui restera dans les annales comme étant l’un des joueurs les plus techniques de l’ère moderne à avoir porté le maillot de l’EN. La seule chose qui a failli vaincre Meghni, c’est cette cascade de blessures, qui l’a fait plier, mais pas rompre, puisqu’il revient en force en ce début de saison 2012/ 2013 pour le plus grand plaisir de ses fans.
La résurrection de Mourad Meghni et de son n°20
Nous l’avions laissé au plus bas, tiraillé par un genou qui refusait de guérir, avec une équipe d’Umm Salal qui voulait se débarrasser de lui. Plus personne ne croyait à son retour, mis à part lui-même, tant cette vilaine blessure semblait s’acharner sur lui. Heureusement les grands champions ont du caractère et Mourad Meghni est assurément un grand champion, puisque sa foi en lui-même et en ses capacités lui a fait déplacer des montagnes. Nous avons presque peur de vous l’annoncer de peur de lui porter l’œil, mais Mourad Meghni a connu la résurrection de l’oiseau de feu mythique appelé phénix. Mais Mourad Meghni a bel et bien retrouvé son niveau et ses pépins de santé, au vu de sa séance d’entraînement de vendredi, ses blessures semblent vraiment être de l’histoire ancienne tant il était à l’aise sur le terrain.
Il était le plus affûté
De toute son équipe, il semblait être le plus affûté, tant il mettait de l’engagement dans les exercices et les ateliers. Il n’a pas un gramme de graisse et semble être au top musculairement. Son travail de consolidation de son genou de la saison passée semble vraiment porter ses fruits aujourd’hui.
Il a effectué tous les exercices sans sourciller
Alors que nous étions inquiets sur la main courante, à chaque fois qu’il effectuait quelques foulées appuyées ou qu’il faisait un saut qui sollicitait son genou, Mourad Meghni effectuait tous les exercices sans sourciller comme s’il n’avait jamais été blessé auparavant. Il sautait à pieds joints, mettait son pied en opposition lors du match d’application et était en tête du cortège à l’échauffement. Meghni a, enfin, récupéré le physique qui lui faisait défaut ces dernières années. Et cela, il ne le doit qu’à son travail, sa foi en lui et son abnégation.
Il est toujours aussi envoûtant techniquement
Il y a une chose qu’aucune blessure du monde ne fera jamais perdre à Mourad Meghni, c’est sa technique hors norme. Chez Mourad Meghni, le football devient envoûtant, car ils sont très peu dans le monde à caresser le ballon de la sorte. Lorsque Meghni contrôle la balle, effectue un contrôle simple ou jongle, cela n’est plus du football, c’est de l’art. Lors de cette petite séance d’entraînement de Chantilly, nous avons pu revoir des gestes de classe infinis et en même temps de simplicité que nous pensions ne plus jamais revoir.
Il a tiré tous les corners venant de la droite
Lors de l’exercice de coups de pied arrêtés, Mourad Meghni a été énormément sollicité, puisqu’il a tiré tous les corners venant de la droite inlassablement et à la manière que lui demandait son coach Djamel Belmadi, tantôt tendu, tantôt flottant, toute la palette du tireur de coups francs y est passée. Il semble qu’entre lui et le Coréen Nam Tae Hee, très bon tireur aussi de balles arrêtées, Belmadi ait fait son choix.
Il a même fait du rab en centrant pour les gardiens en fin d’entraînement
Alors que les autres joueurs rejoignaient le car ou faisaient des étirements, Mourad Meghni a fait du rab en participant à l’entraînement des gardiens de but. Mourad Meghni balançant de longues transversales dans la surface de réparation que les gardiens devaient intercepter en l’air. On a senti par cet exercice supplémentaire que l’Algérien avait vraiment faim de ballon.
Vahid Halilhodzic, Meghni is back
Personne n’a jamais nié sa supériorité technique, avec Djamel Belmadi à Lekhwiya, il va récupérer les deux autres facteurs nécessaires à une place en équipe nationale, à savoir le temps de jeu et le physique affûté. Si Vahid Halilhodzic vient faire un tour à Chantilly, il s’apercevra vite qu’en plus de la technique, Meghni a retrouvé son physique, mais aussi une équipe stable et costaud, avec un coach algérien, et patriote, qui fera tout pour le remettre en selle pour l’équipe nationale. Mister Halilhodzic, Mourad Meghni is back !
Des fans irréductibles étaient présents
Malgré le secret absolu qui entoure cette équipe, il y avait quand même quelques fans irréductibles qui ont bravé la pluie pour assister à la séance d’entraînement. Parmi ces jeunes, il y avait le Fan Club de Karim Boudiaf et de Mohamed Abdelkebir, un jeune supporter des Verts, qui n’auraient pas raté Meghni et Bougherra, les stars d’Oumdourman, et l’étoile montante Boudiaf, pour rien au monde.
M. B.
«La confiance des Algériens m’a aidé à revenir»
C’est un Mourad Meghni serein, heureux et au top de sa forme qui a accepté de nous accorder un long entretien, dimanche, en début d’après-midi. Dans l’un des salons de l’hôtel dans lequel son équipe, Lekhwiya, effectue sa préparation d’avant-saison. Un Meghni fou de joie d’avoir retrouvé toutes ses sensations sur le terrain et d’être totalement rétabli de sa vilaine blessure. Un joueur qui n’a plus qu’un rêve aujourd’hui, retrouver son maillot blanc, vert et rouge de l’équipe nationale, floqué de son numéro 20 fétiche, que le public algérien n’a pas oublié.
– Mourad, on vous avait laissé en mauvaise posture avec le club d’Umm Salal, on vous retrouve cette saison chez le champion sortant et le club le plus structuré du Qatar, Lekhwiya. Peut-on dire que vous avez réussi votre mercato ?
– C’est vrai qu’après la saison dernière et mon désaccord avec Umm Salal, j’ai eu cette très bonne opportunité de rejoindre Lekhwiya, le champion sortant. Djamel Belmadi m’a appelé, il avait besoin d’un joueur correspondant à mon profil, c’est-à-dire un numéro 10 capable de faire marquer les attaquants et de garder le pied sur le ballon quand il fallait. Lekhwiya m’a proposé un contrat de six mois que j’ai accepté. J’ai accepté, car ça me permettait de rejouer, d’enchaîner les matchs dans un bon club avec des joueurs de bon niveau et de retrouver mon rythme.
– Nous avons eu l’occasion de suivre votre entraînement avec Lekhwiya. Et ça nous a fait vraiment plaisir de vous voir vous entraîner normalement. Les plus optimistes d’entre nous ne croyaient plus à votre rétablissement. Quel est le médecin qui a, enfin, trouvé le remède miracle ?
– En fait, dès la saison dernière, je ne ressentais plus aucune douleur, mais dans le cadre du litige qui m’opposait à mon ancien club, je n’avais plus le droit de jouer. Concernant ma blessure, je suis parti en début de saison à Saint-Raphaël, dans le sud de la France, qui est l’endroit numéro un de la rééducation des blessures sportives. J’y ai beaucoup travaillé physiquement et surtout musculairement, et aujourd’hui El-Hamdoullah, je me sens bien, je ne ressens plus aucune douleur. Comme vous l’avez remarqué, je m’entraîne tout à fait normalement.
– Vous vous préparez justement normalement avec votre club ?
– La préparation avec Lekhwiya, qui s’achèvera avec ce stage en France, s’est bien passée. J’ai retrouvé toutes mes sensations sur le terrain. De plus, il y a un formidable staff médical à Lekhwiya qui me suit de très près et j’en suis très heureux.
– Concernant Lekhwiya, votre club, après deux titres de champion du Qatar consécutifs, l’objectif numéro un semble l’AFC Champions League. Pensez-vous que c’est possible ?
– Honnêtement, je n’ai jamais joué la Ligue des champions asiatique, puisque les clubs qataris dans lesquels j’ai évolué ne la jouaient pas. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’avec les clubs japonais, coréens, chinois, iraniens,… le niveau y est très haut et très dense. Même les médias qataris qualifiaient la victoire du club d’Al-Sadd en Ligue des champions d’exploit, alors que c’est une grosse équipe quand même. Madjid Bougherra, qui l’avait jouée, vous en parlera mieux que moi. Mais bon, nous ferons tout notre possible pour la ramener à la maison Incha Allah, malgré la difficulté.
– Votre dernière rencontre avec l’équipe nationale, c’est ce fameux match pour la troisième place de la CAN-2010 face au Nigeria, il y a deux ans. Pourtant, votre popularité dans la rue algérienne et les médias reste intacte. Comment l’expliquez-vous ?
– Honnêtement, je ne me l’explique pas. C’est merveilleux, je ne trouve même pas les mots pour exprimer ce que je ressens. Dans le football moderne, dès que vous ne jouez pas deux matchs de suite, on vous oublie. Moi cela fait deux ans et les gens se souviennent de moi, viennent me parler dans la rue et souhaitent me revoir en équipe nationale. J’ai vraiment de la chance d’avoir ce lien avec les Algériens. Dans la douleur, c’est leur confiance en moi qui m’a aidé à revenir.
– On sent qu’une relation très spéciale vous lie au public algérien…
– Moi, ça me touche vraiment, c’est de recevoir autant d’amour. Lors de ma première venue en Algérie pour jouer en équipe nationale, je ne m’attendais vraiment pas à un tel phénomène et j’ai envie de revenir en équipe nationale pour à nouveau ressentir cela.
– Justement, votre dernière apparition en équipe nationale, c’était il y a un an lors du stage de Marcoussis, le premier stage de Vahid Halilhodzic. Un an après, ce premier stage, vous qui êtes à la fois à l’intérieur, puisque vous êtes international et extérieur, puisque des problèmes de santé vous ont éloigné des terrains, comment jugez-vous cette première année du Coach Vahid en EN ?
– Franchement, il n’y a que du positif et les résultats en sont là pour le prouver. Il n’y a eu quasiment que des victoires, dont certaines avec un score large, alors qu’on sortait d’une période très difficile où l’équipe ne gagnait plus et avait des difficultés pour marquer des buts. Dans l’ensemble, en un an, tout le monde a pu voir qu’il y avait eu une nette amélioration dans l’efficacité et dans le jeu avec de nouveaux joueurs qui se sont révélés. Tout a l’air de bien aller.
– La prochaine échéance pour les Fennecs, c’est la double confrontation qualificative pour la CAN qui commencera le 9 septembre prochain à Casablanca. La Libye, une équipe qui ne sera pas facile à jouer. Comment voyez-vous ce match ?
– La Libye est une grande équipe qui s’est qualifiée à la dernière CAN en réussissant pas mal d’exploits, notamment face au Cameroun, mais nous, aussi, avons pas mal d’arguments à faire valoir. Il faudra absolument revenir avec quelque chose de Casablanca, un but à l’extérieur serait bien pour gérer le retour à Blida. La qualification se jouera lors du premier match.
– Pensez-vous que cette qualification est possible, car Halilhodzic s’est déclaré inquiet ?
– Evidemment que je la crois possible. L’Algérie est une grande nation de football et une grande nation africaine, elle se doit d’être présente à la CAN. Normalement, avec les grands joueurs qui forment l’équipe nationale, nous devrions participer à toutes les CAN. L’inquiétude de l’entraîneur est compréhensible, car il y a des blessés et des absents, notamment en défense, mais je suis persuadé que les joueurs qui seront présents et qui sont aussi de qualité feront le nécessaire Incha Allah. Je fais plus confiance à la dynamique du groupe qu’aux individualités.
– Lorsqu’on vous voit aux entraînements avec Lekhwiya au top physiquement et avec votre technique phénoménale, on ne peut pas s’empêcher de penser à un come-back de Meghni en équipe nationale…
– C’est mon vœu le plus cher et mon plus grand rêve est de revenir en équipe nationale. Moi, je l’ai toujours dit et je le répète encore une fois, je suis disponible pour l’équipe nationale, comme je l’ai toujours été. Aujourd’hui, je suis à Lekhwiya sous l’impulsion de Djamel Belmadi et de nos préparateurs physiques de très haut niveau, je travaille plus que les autres pour être au top physiquement. J’espère qu’avec l’enchaînement des matches, j’aurais l’opportunité de revenir en sélection si Vahid Halilhodzic aura besoin de moi bien sûr. Moi, je suis là.
– Etes-vous en contact avec Vahid Halilhodzic ou d’autres membres du staff technique de l’équipe nationale ?
– Non, au jour d’aujourd’hui, je ne suis en contact avec personne en équipe nationale.
– Vous avez raté à cause de votre blessure Afrique du Sud 2010, aimeriez-vous faire un pied de nez au destin et être présent en Afrique du Sud 2013 ?
– Bien sûr que oui, ça serait magnifique de rejouer une CAN. Mon plus beau souvenir en tant que footballeur professionnel, en plus du match du Soudan, c’est la participation à la CAN 2010. Nous avions fait un stage bloqué d’un mois avant la CAN, en plus de notre très bonne participation lors de la phase finale. C’était magnifique, nous étions tous animés d’une envie et d’une solidarité que je n’avais jamais vue ailleurs. Le stage aurait pu durer un an tant nous nous entendions bien. Une superbe aventure humaine que j’aimerais bien revivre à nouveau avec les sensations de l’Angola.
– Que pensez-vous de Djamel Belmadi et de Madjid Bougherra ?
– Djamel Belmadi, je l’ai connu au Qatar. C’est un excellent entraîneur, soucieux du détail, qui ne laisse rien au hasard et qui s’entoure de tout ce qu’il a besoin pour réussir. Ses résultats plaident pour lui, puisqu’en deux ans, il a gagné deux titres, alors que d’autres clubs au Qatar disposent du même budget. Djamel est un manager général qui sait entraîner, faire progresser ses joueurs, dépenser pour professionnaliser le club, pas pour prendre des noms pompeux et bien sûr recruter. Madjid Bougherra, je ne vous ferai pas l’offense de vous le présenter. C’est le capitaine de l’équipe nationale, un très grand joueur, un grand combattant, un défenseur que les attaquants adverses n’aiment pas avoir en face d’eux. Nous le connaissons tous.
– Un dernier mot pour vos fans ?
– Je voudrais leur dire Saha Aïdkoum et leur dire que l’un de mes plus beaux rêves serait d’être appelé en sélection à nouveau pour les revoir aux séances d’entraînement et chanter dans les tribunes le jour du match. Notre force numéro un, c’est ce public en or. Il faut tout faire pour le satisfaire, car sans eux, il n’y a pas d’équipe nationale. Je remercie aussi tous ceux qui me témoignent leur sympathie lorsque je les rencontre dans la rue.
M. B.