Tout d’abord Mourad, comment passez-vous vos journées pendant ce mois de Ramadhan ?
Normal, je n’ai pas de problème. Certes, la journée est un peu longue mais je fais le carême le plus normalement du monde.
Difficile de passer ce mois au Qatar ?
Non, je ne dis pas ça, mais on trouve parfois des difficultés. Vous savez on commence le jeûne à 6h 20 et on le rompt vers 21h 15. Vous voyez, la journée est un peu longue.
Hormis le jour qui est long, y a-t-il d’autres problèmes ?
Oui, il y a celui du climat. Ici, à Doha, le climat est un inconvénient. Il y a une très forte chaleur qui nous handicape beaucoup, surtout le matin. C’est vraiment difficile.
Vous sortez le matin ?
Non, généralement je ne sors pas. Avec un tel climat, je préfère ne pas sortir dans la rue afin de bien me reposer et être dispos durant les entraînements.
Même pas pour les achats ?
Oui, même pas pour ça. C’est mon épouse qui s’occupe de tout. C’est elle qui va au supermarché etc., pour faire les emplettes
Et vous vous entraînez quand ?
On s’entraîne le soir, généralement, un moment après la rupture du jeûne.
Justement, on sait tous qu’au Qatar, le climat est très difficile…
Effectivement, le climat est très difficile. Il règne une très forte chaleur ici à Doha. D’ailleurs, beaucoup de gens ne sortent pas la matinée. Moi, personnellement, je préfère rester à la maison la matinée que de sortir dehors.
Pourquoi ?
Pour la simple raison que si je sors, je vais mourir de soif (rire), j’aurai besoin de boire une certaine quantité d’eau.
Pendant la journée, est-ce que vous ressentez la faim ?
Non, pas du tout. Seulement, parfois j’ai soif et je veux boire de l’eau, mais je ne peux pas.
Après l’entraînement, vous veillez ?
Oui, un peu, mais selon les circonstances aussi. Parfois, on reste jusqu’à 3h 30 du matin avec les intimes, on fait par la suite la prière avant de dormir.
Tout le monde connaît un Mourad Meghni tout le temps calme pendant onze mois, vous le confirmez pendant le Ramadhan ?
Oui, je suis très calme que se soit pendant le mois de ramadan ou même en dehors de ce mois de piété.
Et vos enfants, ils vous énervent parfois ?
Parfois, mais un petit peu. Ils sont calmes (rire).
Est-ce qu’il vous est arrivé de vous bagarrer pendant ce mois?
Non jamais, je suis calme.
Votre plat préféré pendant ce mois sacré ?
Incontestablement, c’est la chorba.
Est- ce que votre épouse sait la préparer ?
Oui, effectivement. Elle sait la préparer et j’ai beaucoup apprécié.
A l’Algérienne ?
Oui, bien sûr. Elle a appris. Seulement, il y a une différence entre la chorba d’Algérie et celle d’ici.
Laquelle ?
En Algérie, il y a tous les ingrédients pour réaliser une bonne chorba, contrairement au Qatar. Ici, il n’y pas ce type d’épices.
Hormis la chorba…
Sincèrement, je n’ai pas une grande préférence. Ma femme est habituée à me préparer divers plats que j’apprécie beaucoups. Elle a bien appris la cuisine algérienne
Sentez-vous une différence entre le Ramadhan en Algérie et au Qatar ?
Oui, évidemment. En Algérie, il existe une ambiance particulière et spéciale par rapport à Doha. Ce n’est pas du tout pareil.
Vous avez déjà passé le Ramadhan en Algérie ?
Oui, celui de 2009. On était en stage avec la sélection algérienne lors de l’époque des qualifications de la Coupe du monde 2010. Si je n’ai pas la mémoire courte, c’était à l’occasion du match qu’on avait livré au stade Tchaker de Blida face à la Zambie. Après la rencontre, j’étais allé à Réghaïa chez moi et j’ai beaucoup apprécié.
On imagine que vous avez goûté ce jour au qalb ellouz et à la zlabya…
Oui, bien sûr. Je me souviens que j’ai mangé des gâteaux traditionnels et j’avais beaucoup apprécié.
Vous en avez trouvé à Doha ?
Oui, on peut en trouver, mais moi depuis que je suis venu ici, je n’ai jamais cherché. Comme je vous l’ai dit, c’est ma femme qui fait tous les achats.
Vous connaissez le bourek qui ressemble beaucoup à des briks…
Ah, oui ! Je me souviens l’avoir mangé à Réghaïa, c’était très bon aussi.
Votre épouse sait le préparer ?
Oui, très bien même. Elle le fait avec du fromage, d’autres fois avec du poulet, des poivrons et même de la viande hachée. Je connais presque tous les plats traditionnels en Algérie.
Sans doute alors, vous avez goûté au M’theouem ?
Oui, bien sûr. La première fois, c’était en 2009 lorsque j’étais à Réghaïa. J’avais été même été impressionné par ce plat. Il était très délicieux.
En plein Ramadhan, la limonade est indispensable, est-ce le cas chez vous ?
Oui, un peu. Pour être honnête avec vous, j’aime la limonade, seulement je ne bois pas beaucoup actuellement dans le but de garder la forme. En France, je buvais de la limonade, je ne vous le cache pas. Mais ici à Doha, je bois un peu lors du week-end.
Ça vous est arrivé de manger en plein Ramadhan ?
Malheureusement oui. Lorsque j’étais jeune, je mangeais le jour du match afin d’être en très bonne forme sur le terrain et aussi pour montrer un très beau visage à mes entraîneurs.
Aujourd’hui, vous le regrettez ?
Oui bien sûr que je le regrette. Aujourd’hui, Dieu merci, je suis dans un pays musulman qui peut me permettre de faire le carême, sachant surtout qu’ici, par exemple, on s’entraîne le soir et nos matchs, on les joue le soir, soit après la rupture du jeûne. Ça me permet ainsi d’accomplir mon devoir envers Dieu dans de très bonnes conditions.
Et si par hasard vous vous trouvez dans la même situation, est-ce que vous allez le refaire ?
Non, jamais. Je ne le ferai plus. Aujourd’hui, je regrette d’avoir mangé en plein Ramadhan, mais j’étais obligé. Mais pour répondre à votre question, si je suis encore une fois dans la même situation, je ferai carême même en plein match.
En Europe, c’est un peu difficile pour un joueur…
Oui, c’est vrai. C’est un peu difficile.
Un dernier mot aux Algériens ?
Tout d’abord je vous dis saha ftourkoum à vous puis aussi à tous les Algériens. J’espère qu’ils passent tous un très bon Ramadhan. Je sais qu’au bled l’ambiance est conviviale, j’espère que ça va durer le plus longtemps possible.
Entretien réalisé par Hamza Rahmouni