Bien qu’au fond de lui-même il le dise, la déception de rater le Mondial n’est pas digérée. Le gentil meneur de jeu de l’EN est passé, hier, par un point de presse où il exprima ses sentiments à la suite de son forfait pour le rendez-vous planétaire.
– Finalement, tous les efforts que vous avez consentis durant plusieurs mois sont partis en fumée, c’est frustrant…
– Afin de ne pas compromettre mes chances d’aller en Coupe du monde, j’ai tout fait pour éviter l’opération en optant pour les soins. Cela a été décidé, en concertation, avec différentes parties, c’est-à-dire le médecin qui me suivait (le docteur Hakim Chalabi d’Aspetar) et moi-même, vu que le temps qui restait avant le début de la compétition était court pour que je passe sur le billard et que je sois prêt après.
– Les soins, c’était l’unique solution ?
– Comme je l’ai dit, le temps ne jouait pas en ma faveur. Si j’avais subi une intervention chirurgicale, je n’aurais peut-être pas été opérationnel pour la Coupe du monde. Comme l’envie d’y prendre part était grande chez moi, je pensais que les soins demeuraient la seule solution, on a fait en quelque sorte un pari, mais à la fin, ça n’a pas marché.
– D’après vous, à quel moment l’opération était-elle possible ?
– Certainement au mois de février dernier, peut-être que si j’avais été opéré à cette époque, oui, j’aurais peut-être eu la chance de jouer le Mondial. Néanmoins, ce ne sont que des supputations, car avec une blessure comme la mienne, on n’est jamais sûr à l’avance de la date du retour. Malgré l’énorme déception que je ressens au fond de moi, je ne regrette absolument pas d’avoir opté pour les soins en évitant l’intervention chirurgicale.
– Dimanche, en participant au petit match d’entraînement, vous avez donné un brin d’espoir aux supporters qui vous adorent beaucoup, êtes-vous déçu pour eux ?
– (Il serre les dents !) Moi, le premier, je suis désolé, néanmoins, si vous vous souvenez, j’avais déclaré en marge de cette séance à Sion que je ressentais une petite gêne. En fin de compte, les tests subis ont révélé que je ne pouvais pas faire des efforts plus soutenus, car dès que je forçais un peu, mon genou me faisait mal. Après que le staff médical eut alerté le coach ainsi que le président de la FAF, on m’a informé que je n’irai pas au Mondial.
– C’est peut-être un mal pour un… bien ?
– (Il sourit enfin !) Je dois relativiser. Désormais, mon seul souci est de retrouver ma santé afin de pouvoir exercer mon métier et renouer avec le terrain qui me manque beaucoup.
– Avez-vous fixé la date de l’opération ?
– Le plus tôt serait le mieux, maintenant qu’elle est inéluctable, je vais voir avec mon médecin pour la programmer dans les plus brefs délais. Si je serai en mesure de faire le déplacement après jusqu’en Afrique du Sud pour encourager mes coéquipiers, je n’hésiterai pas à le faire.
– Enfin, quelle a été la réaction des responsables de la Lazio de Rome après l’annonce de votre forfait ?
– Je ne le sais pas, je n’ai eu aucun responsable de mon club au téléphone jusqu’à l’heure où je vous parle (hier en fin de matinée). Néanmoins, ils ne tarderont certainement pas à se manifester.
M. S.
Quand Mourad émeut tout le monde
Hier, un point de presse a été tenu au niveau de l’hôtel du Golf & Palace par l’entraîneur national Rabah Saâdane et trois joueurs, en l’occurrence, Yazid Mansouri, Rafik Saïfi et Mourad Meghni. Toutefois, comme on pouvait l’imaginer, c’est la présence à cette conférence du meneur de jeu de la Lazio Rome qui rendit cette dernière encore plus intéressante. Le forfait de Meghni pour la Coupe du monde suscita de nombreuses réactions dans le monde du football algérien.
Ayant rejoint avec quelques minutes de retard le point de presse, la première remarque qui a été relevée par les journalistes présents était le sourire forcé de Mourad. Lequel, en homme digne, tenta de dissimuler une énorme déception que ses yeux rougis (signe de pleurs) indiquait. Pourtant, tout le contraire des sentiments qu’il ressentait au fond de lui.
D’ailleurs, lorsque la triste nouvelle était tombée, lundi en milieu d’après-midi, tout le monde avait eu une pensée pour ce garçon qui s’est battu tel un lion pour combattre le mal qui rongeait son genou, en vain. Même les dures semaines passées à Doha n’ont pu lui éviter le scénario que lui et tous les Algériens redoutaient, c’est-à-dire l’intervention chirurgicale qui le priverait d’une compétition à laquelle il rêvait jour et nuit. Hélas, dimanche soir, le médecin Hakim Chalabi, qui fit le lointain déplacement de Qatar afin de juger s’il sera apte à jouer la Coupe du monde, constatera que les soins qui lui ont été prodigués par son staff n’ont pas abouti au résultat souhaité.
Le Dr Chalabi informa d’abord le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, et Rabah Saâdane, qu’il était vraiment risqué de le prendre à la Coupe du monde. Sa blessure au tendon rotulien du genou gauche n’est pas guérie, par conséquent, l’opération est inévitable. Une fois alertés, les deux responsables du football national ont dû longuement hésiter pour lui annoncer la triste nouvelle.
Il paraît que l’ambiance était lourde et l’émotion encore plus forte lundi à l’intérieur de l’hôtel du Golf & Palace d’autant que la nouvelle s’était vite répandue même à l’extérieur de l’établissement où on attendait une confirmation. Elle est enfin donnée par le site officiel de la FAF et dans la foulée, il y a une déclaration de Meghni en exclusivité sur la chaîne Aljazeera Sport où l’envoyé spécial, Mohamed Ouaddahi, est présent en permanence avec l’EN.
Ainsi, les dernières incertitudes qui planaient sur l’authenticité de l’information liée au forfait du génial meneur de jeu des Verts devinrent officielles au grand dam de tous ses admirateurs.
Mansouri : «Ça a été un moment pénible»
D’ailleurs présent au point de presse, hier matin, le capitaine de l’EN décrira l’ambiance qui régnait au sein de l’équipe quand la triste nouvelle tomba. «Ça a été vraiment un moment terrible, on a essayé, à travers des mots réconfortants, de le consoler», témoigne Yazid Mansouri qui reconnaît que «c’est dur de faire tous ces efforts pour rien, mais son genou ne tient pas, il est difficile pour lui de jouer.
Pour sa carrière, il doit se résoudre à l’idée de bien se soigner pour revenir après très fort», espère-t-il. Toujours est-il, le capitaine des Verts, qui s’exprimait au nom de ses coéquipiers, souhaita : «Une fois qu’il aura fait l’opération, nous serons heureux qu’il nous rejoigne après en Afrique du Sud pour vivre avec l’EN son aventure même si on aurait aimé qu’il soit sur le terrain et nulle part ailleurs, car avec son talent fou, il nous aurait rendu d’énormes services.» Le milieu de terrain de Lorient est visiblement gêné de partir en Afrique du Sud, lui et ses camarades sans leur pote Mourad qui est estimé par tous.
M. S.
Il accompagnera l’EN à Dublin
En dépit d’un moral à plat, le stratège de l’EN ne refuse pas les sollicitations de ses admirateurs, comme ce fut le cas, hier après-midi. Profitant de l’occasion, nous nous sommes rapprochés de lui pour lui demander quand est-ce qu’ il allait quitter la sélection. «En principe, j’accompagnerai l’équipe pour le match de Dublin», nous a révélé Meghni qui fera ses valises après le match de vendredi.
Y. G.
Ce qu’il faut savoir sur la gestion du cas Meghni
La question que se pose tout un chacun après la décision de Saâdane de ne pas convoquer Mourad Meghni pour le Mondial, est de savoir s’il était possible de lui éviter ce triste sort ? Pourquoi lui avoir fait perdre 5 mois pour rien, alors qu’il pouvait subir l’opération juste après son retour de l’Angola ? Est-ce que la décision de le faire participer à la Coupe d’Afrique était judicieuse sachant qu’il souffrait d’une blessure?
Pour comprendre le cas de Meghni, il faut remonter à ses premiers jours avec la sélection algérienne. Sa première convocation en équipe nationale, c’était à l’occasion du match amical face à l’Uruguay, disputé au 5-Juillet, le 12 août 2009.
Ne s’étant pas habitué au tartan, le pensionnaire de la Lazio de Rome a contracté une blessure sur le terrain de Beni Messous où les Verts préparaient leur joute face à l’équipe uruguayenne. La blessure n’était pas méchante, mais elle s’est aggravée par la suite, la preuve, il a raté quelques matches des éliminatoires jumelées de la CAN et du Mondial.
Il a rechuté avec la Lazio de Rome avant la CAN
Après avoir retrouvé les terrains lors du match barrage qualificatif pour la Coupe du monde face à l’Egypte, disputé au Soudan le 18 novembre, le meneur des Fennecs ne tardera pas à rechuter. Il s’est blessé, en effet, à son retour en Italie, avec la Lazio de Rome, ce qui lui a valu d’être éloigné des terrains pendant plusieurs semaines.
Fallait-il le prendre en Angola ?
En dépit de sa blessure, l’international algérien de la Lazio de Rome a été convoqué pour la Coupe d’Afrique. Il n’était pas en possession de tous ses moyens et c’est la raison pour laquelle il a raté les premiers matches de la CAN. Certes, il était décisif face à la Côte d’Ivoire, mais il faut reconnaître qu’il n’était pas à 100% de ses capacités.
Le match face à l’Egypte lui a été fatal, puisque depuis, il ne s’est pas remis de sa blessure. 4 mois plus tard, certains s’interrogent : fallait-il le prendre ou pas en Angola ? Si on excepte le match face à la Côte d’Ivoire où il a fourni une excellente prestation, lors des autres matches, il n’a pas fourni le rendement escompté à cause de sa blessure.
La plupart des spécialistes estiment qu’il était plus judicieux de le soigner ou de le faire opérer pour lui permettre de se débarrasser définitivement de sa blessure. Mais ça n’a pas été le cas puisque le staff technique, sous conseil du staff médical, l’a retenu pour la compétition continentale avant qu’il ne rechute fin janvier en Angola.
A Saint Raphaël, on lui a recommandé une intervention chirurgicale
La tendinite rotulienne du genou gauche, dont est victime Meghni, n’est pas une blessure facile à soigner, elle cause des débris (des calcifications considérées comme des mini-arrachements ostéo-tendineux) qui feront mal au patient, et dans 95% des cas, le joueur ne peut pas éviter l’intervention chirurgicale. C’est d’ailleurs le cas du milieu de terrain de l’EN qui devait opter, dès la fin du mois de janvier dernier, pour l’intervention chirurgicale, «qui lui aurait évité toute cette longue période gâchée et sans résultats», nous avait déclaré un spécialiste en la matière. C’est d’ailleurs ce que lui ont recommandé les médecins de Saint Raphaël lors de son transfert à cette clinique où il a passé un mois et demi. A son retour d’Angola, le meneur des Verts a rejoint le sud de la France pour se soigner à Saint Raphaël où exercent d’éminents professeurs en médecine sportive. Le diagnostic de ces derniers ne souffrait aucune ambiguïté : Meghni n’avait pas d’autres solutions que de passer sur le billard avant d’espérer retrouver les terrains. Mais les responsables de l’EN n’ont pas tenu compte de l’avis des médecins. C’est pour cela qu’ils l’ont envoyé au centre hospitalier d’Aspetar à Doha pour se faire soigner.
Plus d’un mois au Qatar pour rien
Transféré à Doha vers la fin de mois de mars, Meghni n’a quitté Aspetar que le 4 mai dernier. Il a passé plus d’un mois dans ce centre hospitalier où les stars du football mondial se sont fait soigner, à l’image de Drogba. Depuis son transfert au Qatar, les gens ne cessaient de spéculer sur son état de santé, d’autant que les responsables d’Aspetar se sont abstenus de fournir le moindre détail concernant l’évolution de sa guérison. Meghni, que nous avons rencontré à Doha, nous avait déclaré qu’il se sentait bien et qu’il ferait tout pour participer au Mondial. Cependant, malgré sa volonté, il s’est avéré qu’il ne peut rejouer sans avoir subi au préalable une intervention chirurgicale. Le cas de Meghni n’a donc pas été géré comme il se doit. Si les responsables concernés avaient écouté les médecins de Saint Raphaël, ils auraient évité au pensionnaire de la Lazio toute cette perte de temps. Même dans le cas où il rate le Mondial, il pourrait faire son retour au début du championnat italien. Mais avec le retardement de son opération, il risque d’attendre encore plusieurs mois avant de retrouver les terrains.
N. B.
Quelle solution ? Les Techniciens en parlent :
Khalef :«C’est à Saâdane de trouver la clef»
«Le forfait de Meghni est un coup dur pour l’Algérie. C’est une pièce maîtresse qui vous fait défaut. Le coach est certainement touché par cette dure vérité. Car, ce n’est pas évident de perdre un pilier comme lui à quelques jours seulement du Mondial africain. Le groupe aussi va être affecté par la nouvelle, car les joueurs sont habitués à Meghni et ce n’est pas facile de ne pas le voir avec eux. Il faut surmonter cela. Il faut prendre en considération ce côté psychologique pour le régler une fois pour toutes. Cela dit, ce sont les aléas de la vie. Vous avez Ballack qui ratera le Mondial avec l’équipe d’Allemagne pour blessure aussi. C’est très dur, mais la loi du foot est ainsi faite. En plus, il faut s’attendre à des blessures, et cela même quand le Mondial débutera. Je ne souhaite pas qu’il y ait d’autres pertes en route, car on n’a pas envie de perdre l’ossature de l’équipe pour faire le max en AFS. Cela dit, pour ce qui est des joueurs qui peuvent combler l’absence de Meghni, je pense qu’il y a un sélectionneur en place qui sait ce qu’il fait. Il connaît ses joueurs. Donc, le seul apte à décider qui pourra remplacer Meghni lors de la Coupe du monde.»
Yahi : «Ziani fera l’affaire»
«Tout d’abord, on est déçus pour le joueur, déçus pour l’équipe nationale et déçus pour tous les Algériens qui voulaient voir à l’œuvre ce joueur en AFS. On vient de perdre l’un des piliers de l’EN et ce n’est pas rien. Ça va compliquer la stratégie. Dommage pour Saâdane, dommage pour l’Algérie et dommage pour Meghni. On tient à lui montrer notre soutien. On a envie de lui dire qu’il est encore jeune et qu’il y aura incha Allah d’autres Coupes du monde. On est derrière lui et on le restera. Cela dit, pour ce qui est du ou des joueurs qui peuvent le remplacer, je dirais que son remplacement sera très difficile. Néanmoins, je pense à Ziani. C’est un joueur polyvalent.
Ziani fera l’affaire. C’est important de faire le bon choix. Pour ce qui est des autres joueurs, en l’occurrence, Kadir et Boudebouz, je ne vous cache pas que je ne peux m’avancer, car je ne connais pas les deux joueurs en question. Pour ce qui est de Matmour ou Yebda, je pense que si on veut jouer sur la polyvalence, les deux joueurs peuvent faire l’affaire, mais logiquement et techniquement parlant, Ziani est mieux placé. Cela dit, je dirais que je préfère voir Matmour et Yebda à leurs places, car ils sont à l’aise dans leurs postes respectifs. Ils sont costauds où ils sont. Donc, à mon avis, Ziani est le plus apte à remplir ce rôle.
Kouici :«L’Algérie, c’est un groupe et pas des individualités»
«Pour ce qui est de la blessure de Meghni, je peux dire que personnellement, je m’y attendais un peu. Car cela fait 4 mois que le joueur tente par tous les moyens de revenir à temps pour le Mondial.Dès le départ, son cas était délicat. J’étais pessimiste. Ceci dit, les responsables de la FAF, du staff technique, du staff médical ou les autres, chacun d’eux a fait le maximum pour remettre sur pied Meghni.
Le diagnostic est tombé. Désormais, les spécialistes ont donné leur verdict qui n’est autre que la non-participation de Meghni à la Coupe du monde. C’est dommage pour lui et pour nous. J’aurais aimé qu’il jouât, car c’est un élément qui a son poids chez les Verts. Son absence va laisser des traces. Car rares sont les joueurs qui savent garder le ballon.
On a besoin d’un joueur comme lui. Malheureusement, il ne sera pas apte. C’est dur à avaler ce genre de vérité. Je souhaite qu’il retrouve les terrains le plus tôt possible. On lui demande d’être patient et cela même si c’est dur. Il est encore jeune. Il faut qu’il croie pour se reprendre en main très vite. En ce qui concerne son absence, je pense que ses camarades seront peinés, mais ils devront faire avec. Je lui souhaite sincèrement beaucoup de courage.
Par contre, au sujet des joueurs qui peuvent le remplacer, je dirais que c’est difficile de trouver un remplaçant à Meghni, car rares sont les joueurs comme lui. Cela dit, je pense qu’on trouvera celui qui le remplacera, mais un cran en-dessous. Il faut savoir que l’Algérie, c’est un groupe et ne pas des individualités. Pour donner des noms, je pense que tout dépendra de la stratégie et aussi de la forme du joueur.
Mais je pense qu’on a des joueurs capables de relever ce défi. Il y a aussi les nouveaux, tels que Kadir, Guedioura et Boudebouz qui peuvent remplir ce rôle. En fait, j’espère que les Fennecs ne trouveront pas de mal pour combler le vide que laissera Meghni au Mondial.»
Belloumi : «Ziani est le mieux placé»
«C’est dommage que Meghni ne participe pas au Mondial, car son absence pèsera lourd. Meghni est un excellent joueur. Je l’ai toujours défendu. C’est un technicien qui a une bonne vision de jeu. Je suis persuadé que son absence influera négativement sur l’équipe. Il apporte un plus au groupe et ne pas l’avoir est une déception. Pour ce qui est du joueur qui peut le remplacer, je pense à Ziani. Espérons que Ziani ne souffrira pas de son absence et qu’il sera compétitif lors du Mondial, car on sait qu’il manque de compétition. C’est vraiment dommage de ne pas voir Meghni en Afrique du Sud.»