«Après 3 ans de galère, Azzedine Rahim a fini par rejouer au foot normalement. Je l’ai rencontré dernièrement et il m’a redonné espoir»
Dans une interview accordée au Buteur ainsi que pour notre nouvelle chaîne, El Heddaf TV, l’ex-meneur de jeu des Verts, Mourad Meghni, très discret dans les médias depuis plusieurs mois, nous donne de ses nouvelles et revient avec nous sur ses blessures à répétition, qui ont freiné considérablement sa carrière. À cinq jours de l’entrée en lice de la sélection nationale au Mondial, on a, bien entendu, demandé l’avis de l’ancien pensionnaire de la Lazio de Rome quant aux chances de l’Algérie dans cette compétition planétaire. Entretien.
Quelles sont les nouvelles, Mourad ?
Je vais bien, El Hamdoulilah. Comme vous le savez, je suis libre de tout engagement après avoir résilié mon contrat qui me liait à un club qatari. En octobre dernier, je me suis fait opérer des deux genoux et là, je continue ma rééducation en attendant de reprendre très prochainement.
Une date de prévue pour cette reprise ?
Je ne sais pas encore. Les douleurs sont moins intenses à présent, mais il me faut du temps pour bien revenir et à 100 %. J’espère retrouver les terrains très bientôt.
Ressentez-vous toujours des douleurs ?
J’en ai quelques-unes, je ne peux pas le nier ; mais rien de très méchant. Ça va beaucoup mieux.
Ces trois dernières années, vous avez beaucoup galéré avec ces blessures à répétition. Cela ne vous agace-t-il pas et ne vous pousse-t-il pas à arrêter votre carrière de footballeur ?
C’est sûr que là, ça fait longtemps que je suis frappé par ces blessures. Cela dit, j’aime trop le foot pour arrêter ce métier et lâcher aussi facilement. Je n’ai que 30 ans, et il me reste encore quelques années devant moi. Le fait d’avoir été loin des terrains me pousse à redoubler d’efforts pour revenir le plus tôt possible.
On imagine que votre famille vous a aidé à surmonter cette période difficile…
La famille, c’est ce qui compte le plus pour moi. C’est normal qu’elle soit là quand ça ne va pas trop. Ce n’est pas évident tout ça, surtout quand c’est ton métier. Mais bon, j’apprends à vivre avec, et espérons que ça ira mieux prochainement.
Vous comptez donc rebondir la saison prochaine avec un club ?
Inch’Allah. C’est encore un peu tôt pour en parler, mais je travaille pour.
Selon nos informations, vous avez envisagé de faire le déplacement jusqu’aux États-Unis pour trouver une solution à vos problèmes récurrents du genou…
J’y suis allé. J’ai vu là-bas un spécialiste, mais il m’a proposé une autre opération, qui ressemblait fortement à celle que j’ai déjà effectuée. Ce n’est donc pas trop ce qu’il me fallait. J’ai fini par refuser son idée.
Azzedine Rahim, un ancien joueur que vous connaissez, a longtemps souffert d’un problème au genou, mais il a fini par revenir au plus haut niveau, avant d’achever sa carrière…
Oui, je sais cela. Lui aussi il a galéré près de trois ans à cause de son genou. On a dîné ensemble et il m’a raconté un peu son histoire. Elle ressemble beaucoup à la mienne. Le fait de lui avoir parlé m’a redonné espoir.
Beaucoup disent que n’étaient ces blessures, vous auriez eu une grande carrière. Vous dites quoi ?
C’est sûr que si je n’avais pas eu toutes ces blessures, j’aurais eu une autre carrière. Après, chacun suit son chemin et c’est ça le mektoub. Des fois, je me dis que j’aurais pu éviter certains trucs…
Comme le fait d’avoir quitté très jeune la France pour l’Italie et ne pas avoir terminé votre processus de formation à Clairefontaine ?
Je ne pense pas que cela a eu un impact sur mon état de santé. Je suis parti jeune de France, car j’y étais presque obligé. Au départ, je devais signer à Cannes ; mais, en trois ans, le club ne cessait de chuter, et son centre de formation était menacé et pas sûr d’être maintenu. J’ai opté donc pour Bologne, avec lequel j’ai vécu mes plus belles années de foot.
Le fait d’avoir joué cette CAN-2010, le regrettez-vous à présent ?
C’est moi qui ai voulu la faire. J’avais joué quelques matchs auparavant avec la Lazio et j’avais donc à cœur d’y participer. Je ne pensais pas que cela allait me coûter aussi cher.
Si on revenait en arrière ; en décembre 2009, vous disiez toujours : «Oui, je veux jouer cette CAN»…
Si je savais ce que j’allais endurer, c’est clair que je n’aurais pas fait cette CAN-2010. J’ai pu quand même jouer des matchs et faire avec la sélection un très bon tournoi.
Êtes-vous un peu nostalgique quand vous voyez jouer l’équipe nationale ?
Oui, c’est clair. Surtout lorsque je vois des joueurs avec qui j’ai évolué, comme Bougherra, Yebda et d’autres encore. Je me dis que j’aurais pu y être. Ça me manque beaucoup l’ambiance de la sélection. Hélas !
En Algérie, on a parlé de vous un temps du côté du MCA, l’ESS et même l’USMA. Qu’en est-il au juste ?
C’est faux, puisqu’aucun club algérien ne m’a officiellement contacté.
L’idée de venir jouer dans le championnat algérien vous intéresse-t-elle ?
Oui, bien sûr ! Je ne ferme les portes à aucun club. Si je dois aller jouer en Bulgarie, je le ferai sans hésitation.
On est en pleine période de mercato estival. Rassurez-vous les clubs quant à votre état de santé ?
Je travaille dur pour cela. Je ne garantis rien, mais j’espère vraiment être prêt pour reprendre rapidement du service.
Ne regrettez-vous pas votre expérience au Qatar ?
Non, du tout. Je n’ai eu à cette époque que cette proposition et je l’ai acceptée. En plus, il y avait plusieurs Algériens qui avaient rejoint ce championnat à ce moment-là.
Parmi eux Nadir Belhadj et Ziani…
Voilà.
Justement, beaucoup estiment que Belhadj aurait mérité de revenir en sélection et prendre part à cette Coupe du monde eu égard à son excellente saison avec son équipe. Votre avis ?
Nadir est quelqu’un que j’aime beaucoup, et moi aussi je pense qu’il aurait mérité d’aller au Brésil. Après, il y a un sélectionneur en place qui a fait ses choix, et il a estimé qu’il avait déjà d’autres joueurs à ce poste. Personnellement, si j’avais été le sélectionneur, je l’aurais pris sans hésiter.
Avez-vous un peu suivi le parcours de l’EN durant ces derniers mois ?
Oui, un peu. Je suivais plus avant que maintenant.
Pourquoi ?
Cela me fait mal de voir l’EN jouer. J’aime être sur le terrain. Néanmoins, j’ai regardé le match face à la Roumanie.
Comment avez-vous trouvé le rendement de l’équipe face à la Roumanie, justement ?
On a vu un bon match de la part de la sélection. On sent qu’on a une bonne équipe. L’ambiance au sein du groupe paraît bien et c’est le plus important. Il y a de la qualité dans ce groupe et à partir de là, il faudra aborder ce Mondial sans se mettre de pression.
Pensez-vous que la sélection puisse réellement atteindre au Brésil cet objectif qui est d’accéder au 2e tour ?
Oui, je le pense. On a les qualités pour réaliser cet objectif. Certes, la Belgique est la favorite, mais les autres adversaires sont à notre portée.
Justement, concernant les adversaires. Vous en pensez quoi, de la Belgique tout d’abord ?
Elle a une très belle génération. Des joueurs excellents, qui évoluent pour la plupart dans de très grands clubs d’Europe. Ça ne va pas être facile de les affronter, mais dans le football tout reste possible.
La Russie ?
C’est une équipe athlétique. Tactiquement, elle est assez redoutable, avec un coach que tout le monde connaît, à savoir Capello.
Et, pour finir, la Corée du Sud…
C’est l’équipe qui me fait le plus peur. Elle a un jeu assez différent du nôtre, et c’est un adversaire qui risque vraiment de nous poser des problèmes et nous mettre grandement en difficulté. Elle a certes perdu lourdement face au Ghana (4-0), mais il ne faudra pas trop se référer aux matchs amicaux.
Selon vous, la meilleure option pour les Verts sera de jouer l’offensive ou bien rester derrière et se cantonner en défense ?
Je pense qu’il faudra jouer avec ses qualités. En 2010, on a joué avec un peu la peur au ventre, vu que c’était notre première participation. Là maintenant, il faut passer le cap. Il faut que l’équipe joue libérée et pratique son football qui lui a permis de se qualifier à cette compétition.
Halilhodzic critique souvent l’équipe de 2010, pointant du doigt son jeu ultra-défensif. Cela a fini par agacer certains joueurs à l’image de Ziani. Vous en pensez quoi ?
Je sais qu’il y a eu beaucoup de polémique à ce sujet. Vous savez, on ne peut pas comparer ces deux équipes. Ce ne sont pas les mêmes joueurs, ni les mêmes adversaires lors des éliminatoires. Après, revenir en arrière et parler à chaque fois de l’équipe de 2010, est-ce que cela sert à quelque chose ? Certainement non.
Pensez-vous que Halilhodzic a apporté sa touche à la sélection ?
Oui, c’est évident. Les résultats sont là d’ailleurs. Il a apporté un autre football à la sélection, mais aussi sa rigueur.
Etes-vous toujours en contact avec les joueurs actuels ?
Oui, avec Hassan Yebda et Guedioura notamment.
Justement, avez-vous parlé à Guedioura après sa mise à l’écart de ce Mondial ?
Je lui ai envoyé un message pour le soutenir et le consoler. Je sais que ce n’est pas facile de louper une Coupe du monde à quelques jours près.
Vous avez vécu pareille situation en 2010…
Ce n’est pas vraiment pareil. Moi, j’ai été blessé et j’ai essayé jusqu’au dernier moment de jouer cette compétition. Par contre, Adlène, lui, il était prêt à la disputer.
On ressent une énorme frustration, non ?
C’est clair. Au moins, Adlène a eu la chance de la jouer en 2010. C’est mieux que rien.
La décision du sélectionneur de sacrifier Guedioura, la trouvez-vous juste ?
Le coach a fait ses choix, et il a dû beaucoup y réfléchir. Il a ses raisons et je n’ai pas à commenter ses décisions.
Votre favori pour le Mondial ?
Le Brésil part favori à mon avis. Il y a aussi l’Argentine, l’Allemagne et l’Espagne, qui peuvent prétendre rafler le trophée.
La finale de rêve, selon vous ?
Un Brésil-France, ça serait pas mal.
Allez-vous faire le déplacement au Brésil ?
Non, je resterai sagement à la maison pour suivre les matchs avec ma famille et des amis.
Un dernier mot aux Verts pour conclure cette interview…
J’envoie aux joueurs tous mes encouragements pour cette Coupe du monde, en espérant qu’ils représenteront le plus dignement possible le pays.