Il était 14h30, hier, quand Mourad Meghni, accompagné de son frère Saïd, a fait son apparition dans la salle de réception de la clinique privée Paris V située sur le boulevard Saint Marcel en plein centre de la capitale française. Comme nous l’avions annoncé il y a trois jours, Meghni sera opéré demain matin du genou.
Une fois arrivé à la clinique, Compétition était à sa rencontre. Mourad, avec sa gentillesse coutumière, a ouvert son cœur pour nos lecteurs. Une Algérienne qui travaille dans la salle de réception de la clinique a tout de suite reconnu Meghni, ce dernier est resté quelques instants dans la salle de réception pour connaître son programme avec détails pendant son séjour dans cette clinique, réputée en France, spécialisée en orthopédie.
Après 10 minutes, il a été orienté vers une salle pour subir des contrôles d’anesthésie. Pendant ce temps, je suis resté avec Saïd et on a discuté football et d’autres sujets de façon générale. Soudain, le portable de Saïd sonna, c’était Mourad, il lui a demandé de le rejoindre dans une autre salle. Saïd, m’a demandé de venir également, car Mourad tenait à ce que je sois présent pour être un témoin privilégié. C’est dans la clinique que j’ai confirmé pourquoi Meghni est aimé et respecté par tout le monde, car il le mérite amplement. C’est un joueur très éduqué avec des qualités morales et humaines extraordinaires.
Prise de sang et analyses préopératoires
Les analyses se sont poursuivies et Mourad a dû subir une prise de sang ainsi que d’autres analyses préopératoires, et ce, en perspective de l’intervention chirurgicale de ce matin. Après avoir effectué toutes ces analyses, il a été conduit vers sa chambre, bien équipée et avec tout ce qu’il faut pour se reposer. Il sera opéré par le professeur Graveleau Mourad Meghni sera opéré, ce matin, par le professeur Nicolas Graveleau. C’est un éminent professeur, connu en France, il a déjà opéré avec succès beaucoup de sportifs. D’ailleurs, Meghni est apparu très serein, car il était déjà rassuré par les compétences de ce grand chirurgien. C’est le professeur Saillant en personne qui a recommandé Graveleau pour assurer l’opération de Meghni, pour vous dire le rang occupé par ce chirurgien de renommée mondiale.
Saillant avait opéré Ronaldo
Pour la petite histoire, le professeur Saillant, qui travaille dans cette clinique privée, avait opéré avec succès il y a de cela plusieurs années la star du football brésilien de l’époque, Ronaldo. Le succès de cette opération avait été repris par toute la presse mondiale. Par ailleurs, ce qui nous a frappés dans cette clinique, c’est le calme absolu qui y règne, ce qui met le patient dans des conditions idéales. Meghni, et malgré ses engagements, nous a touchés par sa disponibilité et sa grande gentillesse.
A. I.
«C’est le Dr Chalabi qui m’a conseillé cette clinique»
Dans l’entretien qui suit, Mourad Meghni nous parle avec une grande franchise. Il explique son choix pour cette clinique. Il nous fait part de ses sentiments et comment il va gérer cette période, et au final, le meneur de jeu de la Lazio de Rome nous parle de la sélection et des chances des Verts de passer au deuxième tour. Meghni est optimiste, il fait confiance à Ziani et ses coéquipiers. Il est sûr que les Fennecs sauront, comme d’habitude, faire honneur aux couleurs nationales. Entretien.
– Voilà, vous allez passer sur le billard, une décision qui a été prise juste après être déclaré forfait pour le Mondial, vous voulez vous en débarrasser au plus vite ?
– C’était prévu que je me fasse opérer avant ou après le Mondial, et comme je n’étais pas retenu pour le Mondial, on a décidé de m’opérer aussitôt que possible.
– Pourquoi cette clinique ici à Paris et non pas dans un autre endroit, Aspetar par exemple, où vous avez passé du temps à vous soigner ?
– Cette clinique m’a été conseillée par le Dr Chalabi, parce que j’avais le choix de partir au Qatar, mais j’ai préféré rester sur Paris. Mon club, la Lazio de Rome, m’avait aussi proposé de me faire opérer en Italie, mais j’ai préféré être avec ceux qui m’ont suivi dès le début de ma blessure. En plus, ici à Paris, je serai près de ma famille. Cette intervention sera faite tout de même par des médecins qui m’ont suivi à Aspitar. Une équipe avec un médecin qui sera ici à Paris et l’autre qui va l’assister et qui vient, lui, du Qatar.
– On croit savoir que vous étiez, hier, (Ndlr, entretien réalisé hier) en Italie pour voir vos dirigeants de la Lazio ?
– C’est vrai, je me suis entretenu avec les dirigeants de mon club italien. Ils ont tenu à me voir avant que je ne passe sur le billard. C’est ce que j’ai fait lundi, je leur ai demandé l’accord tout en expliquant comment ça va se passer, ils ont accepté sans souci et c’est ainsi que je suis là.
– Revenons un peu en arrière, comment avez-vous vécu la décision de ne pas jouer le Mondial sud-africain ?
– Le docteur a dû en parler avec le sélectionneur pour faire le point par rapport à ma situation, ils ont pesé le pour et le contre. Le lendemain, j’ai appris la nouvelle lors d’une réunion avec l’entraîneur et le docteur. C’est là qu’ils m’ont annoncé que je n’irai pas en Afrique du Sud, et que c’était préférable pour moi de ne pas jouer ce Mondial.
– Vous avez justement déclaré juste après, sur le journal français L’Equipe, que vous étiez prêt à faire un sacrifice par rapport à votre blessure et jouer le Mondial…
– Je l’ai dit parce que c’est moi qui pense comme ça. Je ne connaissais pas vraiment les risques que j’allais encourir si je jouais. C’est une façon aussi de dire que pour le Mondial, j’étais capable de tout faire pour y être. Mais je crois, et avec du recul, je dirais que les médecins connaissent bien ce que j’encourais si je prenais part à cette aventure.
– Ils vous ont donc convaincu à accepter la décision ?
– En même temps, je crois que je n’avais pas trop le choix. C’est sur qu’ils m’ont convaincu que ce n’était pas bon pour moi si je jouais avec la blessure, et que je mettais en jeu toute ma carrière.
– La nouvelle était une surprise très émouvante, au point où le coach pleurait en l’annonçant à la presse…
– Quand on voit l’émotion qui était derrière cet événement, c’est sûr ça m’a beaucoup touché. C’était une preuve pour moi que j’étais vraiment au sein d’une vraie famille en équipe nationale. Moi j’étais préparé à une éventuelle non-participation au Mondial. C’était un peu préparé, même si cela m’a fait mal lorsqu’on me l’a annoncé. Mais tout de suite après, je me suis dit que voilà, c’est fait, il faut accepter les choses telles qu’elles sont. Je me suis focalisé après sur mon avenir proche, qui était l’opération.
– Donc, tout en luttant pour être prêt au Mondial, avec tout ce que vous avez fait comme soins et rééducation, vous vous êtes mis quand même dans la tête que c’est possible de ne pas être présent en Afrique du Sud ?
– Au début, je me disais que ça allait passer. Après la CAN, je n’avais aucune info sur l’état de ma santé, je croyais qu’au bout d’un mois ou un mois et demi de soins, ça rentrerait dans l’ordre, et je jouerai même avec la Lazio.
– Vous ne vous attendiez pas alors à une telle évolution de votre blessure, n’est-ce pas ?
– J’ai passé des examens après près d’un mois et on a vu que ça ne guérissait pas. Mais je n’ai pas perdu espoir et je me suis dit que le Mondial était quand même un peu loin à cette période là, et que ça allait passer. Un certain moment, quand j’étais au Qatar, j’avais senti, à nouveau, des douleurs, on a été obligé de refaire les soins de base jusqu’à en arriver à une étape où ça n’avançait plus. Donc, on a pris la décision de faire l’impasse sur le Mondial.
«Le jour J, mes coéquipiers seront au top»
– Parlez-nous de cette méchante blessure que vous traînez depuis des mois…
– J’ai commencé à sentir des douleurs depuis l’été dernier, mais ce n’était pas du tout méchant. Ensuite je me rappelle, lors des premiers stages de l’EN, je sentais aussi des douleurs. Lorsqu’on a joué le match amical face à l’Uruguay, j’avais un tout petit mal, puis il y a eu la Zambie et le Rwanda que j’ai joués avec des douleurs. Mais c’était au mois de décembre que je commençais vraiment à avoir mal, parce que avec ou sans les échauffements, j’avais mal. Ensuite, il y a eu la CAN où j’ai essayé d’aller au delà de la douleur et m’arrêter ensuite pour me mettre aux soins et faire face au Mondial. La suite est que ce n’était pas possible d’aller plus loin encore.
– Si on remonte dans le temps, auriez-vous accepté de faire l’impasse sur la CAN pour jouer la Coupe du monde ?
– Si j’avais su que les choses en arriveraient là, je dirais sans hésitation que je préfère jouer la Coupe du monde et rater la CAN. On a la possibilité de jouer la Coupe d’Afrique tous les deux ans alors que la CM, c’est tous les quatre ans. Mais avant, je ne pouvais pas savoir que cela arriverait.
– Vous traînez cette blessure depuis des mois, est-ce qu’on peut comprendre par là que vous ignoriez la nature de votre blessure ?
– Si, on savait qu’il s’agissait d’une tendinite. Pour les spécialistes, on ne sait pas comment évoluent les tendinites. Malheureusement pour moi, ça a mal évolué.
– Il était donc préférable de faire l’impasse sur la CAN et vous consacrer aux soins, n’est-ce pas ?
– J’avoue que c’était moi qui ai voulu jouer cette CAN, parce que j’ai joué des matchs avec la Lazio avec des douleurs au genou. Je pensais donc que ça allait être possible aussi lors des matchs de la CAN. Je me suis dit que je vais faire quelques matchs même avec la douleur et je me soignerai après. Puisqu’on s’arrêtait fin décembre ou fin janvier, pour moi, c’était pareil, sauf que les choses ont mal évolué.
– Vous ne vous sentez donc pas responsable ?
– Non, personne n’est responsable, c’est moi qui avais insisté pour jouer la CAN. Je me rappelle bien Cheikh Saâdane et Hadj Raouraoua m’avaient dit que c’était préférable de me soigner au lieu de jouer la CAN, mais j’étais avec le groupe en Angola, j’avais confiance en cette équipe et je me suis dit pourquoi pas faire quelques matchs avec eux. J’ai joué avec la Lazio avec les douleurs, pourquoi pas avec l’équipe nationale.
– La veille de la malheureuse décision de ne pas jouer le Mondial, vous aviez joué un match d’application à Crans-Montana. Pour tout le monde, c’était un espoir de renouer avec la compétition. Etait-ce le cas pour vous aussi ?
– Oui, pour moi aussi. C’était mon premier match d’entraînement que je faisais depuis des mois. Certes, j’ai joué à l’économie. J’ai évité les gros efforts, mais le soir, la décision était prise comme je vous l’ai dit tout à l’heure. Certes, j’avais mal, car j’avais l’espoir de rebondir. Au fond de moi, j’étais persuadé de faire l’effort, mais avec du recul, cela fait quand même plus de 5 mois que je n’ai pas joué. Cela n’aurait pas été évident de réussir une Coupe du monde avec un tel manque de compétition. Je n’avais pas la forme qu’il faut, même sans douleur.
– Le fait de voir votre coach pleurer en pleine conférence de presse, en annonçant votre forfait, cela vous a-t-il touché également ?
– Personnellement, je n’ai pas vu mon coach à ce moment-là. Je ne l’ai appris que par la suite et cela m’a vraiment ému. Saâdane est comme ça. Il était aussi affecté lorsqu’il a été obligé d’écarter Bouazza, Zaoui et Raho. Je ne pense pas qu’il a fait ça sans état d’âme. Il a dû avoir du mal de s’en séparer parce que l’on a quand même vécu des moments forts en équipe nationale, surtout après la qualification à Khartoum. Certes, certains n’ont pas apprécié la façon dont il a écarté ces joueurs, mais il y avait une pression, surtout après la défaite contre la Serbie. Notre public était en colère. Pour revenir au coach, je sais que c’est un homme très sensible.
– Vous avez certainement suivi le match amical contre l’Irlande qui a fait l’objet de critiques par rapport au résultat et au rendement. Comment l’avez-vous perçu ?
– C’est sûr que ce match n’a pas rassuré les Algériens. Il y avait eu déjà des critiques après le match contre la Serbie et maintenant celui contre l’Irlande, on peut comprendre que cela n’est pas de nature à rassurer les Algériens. Mais ces matchs-là nous serviront de leçon.
– Comment évaluez-vous la prestation de vos coéquipiers face à l’Irlande ?
– Déjà en défense, nous avons souffert des longs ballons, car les Irlandais jouaient souvent à la déviation où il y avait ce Roby Kean. Cela peut s’expliquer par le fait que pratiquement toute la composante de la défense était nouvelle, à l’exception de Halliche. Il y a des détails à mettre au point et je pense que le coach a tout noté.
– Le résultat ne vous a-t-il pas inquiété ?
– C’est sûr qu’il y a des choses à revoir. Dans le cas contraire, nous serions champions du monde. Mais il faut savoir une chose, l’équipe nationale bouge avec le cœur. Le jour du match contre la Slovénie, ce sera complètement différent.
– Vous qui connaissez bien ce groupe, pensez-vous qu’il a les moyens de se remettre d’ici le coup d’envoi du Mondial ?
– Tout à fait. Lors du premier match, tout le monde sera motivé et prêt pour relever le défi.
– Vous voulez dire qu’ils ont les moyens de réussir une bonne Coupe du monde ?
– J’espère qu’on gagnera contre la Slovénie, puis même si possible, contre les Etats-Unis pour ramasser le plus de points. Pour moi, je préfère perdre contre l’Angleterre et gagner les deux matchs suivants plutôt que gagner contre l’Angleterre et perdre les deux autres matchs.
– Vous sentez-vous concerné par cette Coupe du monde ?
– Non, je ne le sens pas vraiment. Je ne suis pas avec eux en déplacement. Je me sens un peu loin du groupe même si je garde contact au téléphone avec mes coéquipiers. Cela paraît bizarre, mais c’est ce que je ressens. Le fait de les voir à la télé me donne une sensation différente. Je suis de tout cœur avec eux. Je ne me sens pas en dehors de cette équipe, mais plutôt de la compétition, qu’est la Coupe du monde parce que j’espère revenir le plus tôt possible. Je ne vis pas les mêmes sensations : eux préparent la Coupe du monde et moi, je suis dans mon lit d’hôpital.
– Vous étiez tout de même mondialiste auparavant, lorsque vous étiez plus jeune ?
– Moi, je ne considère pas ça comme une Coupe du monde. Je dirais qu’il s’agit plutôt d’une aventure que nous avons remportée. C’est complètement différent.
– Allez-vous faire le déplacement en Afrique du Sud ?
– Je l’espère bien, mais je ne sais pas encore si cela reste possible. Avec mon intervention, je ne sais pas comment les choses évolueront. De plus, prendre l’avion dans mon état m’est déconseillé. Je dois être au repos. Cependant, une chose est sûre : je serais de tout cœur avec les Verts !
A. I.
C’est comme ça qu’il a été orienté vers la clinique Paris-V
Mourad Meghni, qui est resté pendant plusieurs semaines au centre médical et sportif Aspetar au Qatar pour se faire soigner sous la direction du professeur Chalabi, ce dernier qui connaît très bien la nature de sa blessure l’a orienté vers cette clinique pour subir l’opération Chalabi s’est entretenu avec le professeur Saillant qui le connaît personnellement pour discuter avec lui sur le cas Meghni. Le professeur Saillant a bien situé le cas de Meghni pour ensuite recommandé le chirurgien Nicolas Graveleau pour faire cette opération. Le chirurgien Graveleau a l’habitude également de faire des interventions chirurgicales au profit du centre médical et sportif Aspetar.
Meghni en tenue de sport
Mourad Meghni était vêtu d’un survêtement noir et d’un maillot sport de couleur noire et des baskets, il avait à la main un sac.
Il a ramené ses béquilles
L’international algérien a ramené également avec lui ses béquilles, mais il ne les a pas utilisées préférant marcher normalement sans aucun problème.
Il subira une anesthésie locale
Le joueur subira ce matin une anesthésie locale, qui touchera sa jambe gauche, c’est ce qu’a décidé le chirurgien Graveleau qui va l’opérer ce vendredi.
Mourad : «Vous avez le wifi ?»
Une fois installé dans sa chambre, Mourad Meghni a demandé au personnel de la clinique s’il disposait d’un réseau wifi. Le personnel lui a répondu qu’il n’y avait pas le wifi, mais en contrepartie, ils l’ont rassuré qu’il bénéficiera de cartes pour la connexion.
A. I.
Il a rencontré les dirigeants de la Lazio mercredi
Mourad Meghni a fait une virée à Rome mercredi passé en réponse à la convocation qui lui a été envoyée par la direction de la Lazio de Rome. Meghni s’est présenté comme prévu où il a rencontré le directeur sportif de la formation italienne Igli-Tare. Le dirigeant italien a expliqué au joueur que la Lazio était prête pour le prendre en charge médicalement afin de subir son opération du genou et retourner après sur les terrains de football.
L’engagement de la Lazio a fait vraiment plaisir à Meghni qui a été, en quelque sorte, rassuré par les dirigeants romains. Mais Mourad qui avait préparé tout un dossier a expliqué au directeur sportif italien qu’il avait pris attache avec la clinique privée Paris V pour se faire opérer ce vendredi sur recommandation du professeur Saillant. Les arguments de Meghni ont convaincu le directeur sportif de la Lazio qui a souhaité bonne chance à Mourad pour son opération d’aujourd’hui. Cette rencontre a fait beaucoup de bien à Meghni sur le plan moral, lui qui a été beaucoup affecté après l’annonce de sa non-participation à la Coupe du monde avec la sélection algérienne pour cause de blessure.
A. I.