Le projet de liaison électrique entre l’Algérie et l’Europe progresse à grands pas, porté par une vision algérienne ambitieuse et un partenariat stratégique avec les pays de la rive nord de la Méditerranée, notamment l’Italie.
Ce projet est un pilier majeur de la transition énergétique que l’Algérie s’efforce de réaliser, en tirant parti de son potentiel en énergies renouvelables et de sa position géographique stratégique.
Il constitue un élément essentiel des efforts algériens pour renforcer sa position en tant que fournisseur fiable d’énergie propre dans la région méditerranéenne, à un moment où le monde est confronté à des changements géopolitiques rapides et à des pressions croissantes pour adopter des systèmes énergétiques plus durables.
Selon les données du projet relayées par la plateforme spécialisée, Attaqa, basée à Washington, l’initiative repose sur le transfert de 2 000 mégawatts d’électricité verte vers l’Italie via un câble sous-marin direct. Un projet qualifié de « colossal » en raison de son ampleur et de son impact stratégique.
La liaison électrique Algérie-Europe est également une composante clé de la nouvelle feuille de route de la coopération euro-méditerranéenne, qui recoupe le plan Mattei italien visant à renforcer le partenariat entre l’Afrique et l’Europe.
Algérie fournisseur d’électricité verte : 2000 MW vers l’Italie
Dans ce contexte, l’Algérie entend mobiliser son infrastructure énergétique et son expertise technique pour dynamiser l’intégration régionale dans le domaine de l’électricité, en particulier vers les pays du sud de la Méditerranée et l’Afrique.
Ces orientations ont été réaffirmées lors de la participation du ministre d’État, ministre de l’Énergie et des Mines et des Énergies Renouvelables, Mohamed Arkab, au forum international « Vers le Sud » à Sorrente, en Italie, ce vendredi 16 mai 2025.
De hauts responsables algériens du secteur de l’énergie, dont les PDG des groupes Sonatrach et Sonelgaz, étaient également présents.
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En marge du forum, le ministre Mohamed Arkab s’est entretenu en tête-à-tête avec le PDG de la compagnie italienne, Edison, Nicolas Monti. Les discussions ont porté sur les moyens de renforcer le partenariat énergétique entre les deux pays, notamment dans les domaines des hydrocarbures, de la commercialisation du gaz, du développement de l’hydrogène vert et de l’industrie des équipements électriques.
Le projet de liaison électrique entre l’Algérie et l’Europe a été au centre de ces échanges. Les deux parties ont discuté des étapes pratiques pour la mise en œuvre de la ligne de connexion directe entre l’Algérie et l’Italie, permettant le transport d’électricité produite à partir de sources renouvelables vers l’Europe et renforçant la sécurité énergétique de la région.
Lors de cette rencontre, le ministre Arkab a souligné l’importance de tirer parti des capacités considérables de l’Algérie dans le domaine des énergies renouvelables, notamment l’énergie solaire, afin de diversifier les sources d’exportation et de faire de l’Algérie un pôle régional pour l’électricité propre.
Les deux parties ont également exprimé leur satisfaction quant au niveau de confiance et de compréhension mutuelle existant entre le groupe Sonatrach et la société Edison. Elles ont affirmé leur volonté commune d’élargir la base du partenariat énergétique et de développer des projets stratégiques à dimension régionale, en particulier dans le domaine de la liaison électrique entre l’Algérie et l’Europe.
Dans son allocution lors du forum, le ministre Mohamed Arkab a présenté la vision stratégique de l’Algérie en matière de transition énergétique, articulée autour de trois axes principaux :
- Le renforcement de la production de gaz tout en réduisant l’empreinte carbone.
- L’expansion de l’utilisation des énergies renouvelables.
- L’amélioration de l’efficacité énergétique dans les secteurs vitaux.
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Le ministre a affirmé que l’Algérie met en œuvre un programme ambitieux visant à atteindre une capacité de 15 000 mégawatts d’énergie solaire d’ici 2035, dont 3 200 mégawatts sont en cours de réalisation. Cette base de production durable soutiendra le projet de liaison électrique entre l’Algérie et l’Europe et garantira la continuité des approvisionnements.
Projet Medlink : L’Algérie, futur hub de l’électricité propre en Méditerranée
Il a également mis en lumière le projet Medlink, l’un des projets de liaison électrique transfrontalière les plus importants, avec une capacité d’exportation atteignant 2 gigawatts, destiné à alimenter le marché italien en électricité propre. Une initiative inédite dans la région du Maghreb.
M. Arkab a souligné que l’Algérie se prépare à devenir un acteur majeur sur le marché africain de l’électricité grâce à d’autres projets de connexion avec la Libye, l’Égypte et la Mauritanie, renforçant ainsi son rôle de pont énergétique entre l’Europe et l’Afrique.
Outre la liaison électrique avec l’Europe, le ministre a évoqué le projet de Corridor d’Hydrogène Sud (SoutH2 Corridor), reliant l’Algérie aux réseaux européens via l’Italie. Soutenu par une déclaration d’intention signée à Rome au début de l’année 2025, ce projet confère une dimension supplémentaire à la transition énergétique mondiale.
Dans le cadre des efforts visant à soutenir simultanément la sécurité énergétique et hydrique, M. Arkab a souligné les progrès réalisés dans les projets de dessalement d’eau de mer, qui ont porté la capacité de production à 3,7 millions de mètres cubes par jour, avec des prévisions d’atteindre 5,2 millions de mètres cubes d’ici 2030.
Il a précisé que l’intégration entre les projets énergétiques, hydriques et d’infrastructure constitue un pilier essentiel de l’approche de développement de l’Algérie, dans le cadre de sa vision pour une sécurité globale et durable dans le sud de la Méditerranée.
Plan Mattei et coopération énergétique euro-méditerranéenne : Le rôle clé de l’Algérie
À travers sa participation au forum international « Vers le Sud », l’Algérie réaffirme son plein soutien au plan Mattei italien, en tant que nouvelle plateforme pour renforcer le partenariat entre l’Europe et l’Afrique, sur la base d’une coopération équilibrée et d’un échange d’intérêts mutuels.
Dans ce contexte, M. Arkab a insisté sur la nécessité de construire une coopération énergétique régionale équitable et durable, appelant à un partenariat euro-méditerranéen fondé sur le partage des bénéfices et des responsabilités, ainsi que sur l’exploitation des ressources considérables dont regorge la région méditerranéenne.
Le ministre a conclu en soulignant que l’avenir de la liaison électrique entre l’Algérie et l’Europe dépend de la capacité des partenaires régionaux à traduire les visions en projets concrets, servant la sécurité énergétique et ouvrant de nouvelles perspectives pour le développement durable et l’intégration entre les continents.