Les partis à faire salle comble ne sont pas très nombreux durant cette campagne
Cahin-caha la campagne législative, qui ne réussit pas à mobiliser l’attention des Algériennes et des Algériens, est marquée par des tribulations parfois assez cocasses.
Les fausses notes s’accumulent dans une campagne déjà assez morose. La toute dernière est signalée par le parti El Djil El Djadid de Sofiane Djillali, contraint d’annuler sa tournée de proximité programmée pour la journée d’hier dans la wilaya de Jijel. Selon le communiqué de cette formation, dont une copie a été envoyée à notre rédaction, un officier de police a bloqué la délégation du parti à l’entrée de la salle d’embarquement au seul motif d’avoir accusé quelque 5 minutes de retard. Le groupe de militants est arrivé à 6h35 au lieu de 6h30, est-il noté. Toutefois, cette mauvaise surprise a suscité le doute et un «grand étonnement parmi les membres de la délégation», est-il également mentionné. Après de vaines tentatives de dépasser ce contre-temps, la délégation a dû renoncer à son voyage pour Jijel.
Un autre couac a été subi par Mme Louisa Hanoune à Tizi Ouzou. Des jeunes qui se sont introduits parmi les militants du PT à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou ont tenté de perturber le meeting. Se réclamant du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), ces jeunes ont lancé à l’adresse de la pasionaria du PT «Ulac le vote». Courroucée, la responsable du PT a donné ses répliques «anti-impérialistes»: «Pas de Mak», «pas d’autonomie» et «pas d’agents de l’Union européenne», a-t-elle riposté vivement, selon les comptes-rendus de la presse nationale. L’échange d’hostilités est survenu au début et à l’issue du speech de Mme Hanoune. En fait, selon certains observateurs, une espèce de contentieux entre la secrétaire générale du PT et les jeunes font que ce genre d’inimitiés est ravivé à chaque échéance électorale. D’un autre côté, à l’est du pays plus exactement à Annaba, on déplore la présence condamnable, si cela est, certes, avéré, de prostituées et de voleurs sur les listes de candidatures de certains partis en lice. Un autre incident a affecté la formation de Saâd Abdallah Djaballah. Il a annulé le meeting de campagne pour les législatives du 10 mai, qu’il devait animer samedi à Laghouat. Alors qu’ils l’attendaient à l’entrée de la ville, ses hôtes ont reçu un appel téléphonique du président du FJD qui les a informés de l’annulation du meeting initialement prévu, et ce pour «une raison urgente d’ordre personnel», avant de faire demi-tour vers Djelfa. Outre la multiplication des sigles donnant le tournis aux électeurs, ceux-ci regrettent les nombreux déficits que cumulent ces formations ayant moins de 3 mois d’existence, en animateurs et d’hommes politiques capables d’affronter la réalité du terrain marqué par une insatisfaction générale.
Les lignes mouvantes entre abstentionnistes et votants sont insaisissables. Ceci-dit, il faut relever qu’il ressort des discours distillés sur la scène politique que derrière le rideau, des mains invisibles, malveillantes, tirent les ficelles. Ces trouble-fête sèment dans leur agitation de graves perturbations, fortement «dangereuses» au point que le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales menace de sérvir.
S’ils sont pointés du doigt, ils ne sont guère, en revanche, identifiés ni cités dans la dénonciation vigoureuse des autorités publiques. L’augmentation du prix de la pomme de terre et la dernière vraie-fausse pénurie des carburants ne seraient en fait que des manoeuvres dilatoires. Aux yeux des accusateurs et plaignants, les auteurs de ces agissements sont des partisans d’un fort taux d’abstention. Encore une fois, ce genre d’équivoque exacerbe la tension déjà perceptible auprès de l’opinion publique.
La Cnsel a ajouté son grain de sel à cette situation marécageuse. Elle a cru utile de rappeler aux partis politiques et autres indépendants qu’ils se doivent de ne pas utiliser des moyens de l’Etat et les lieux de culte lors de la campagne électorale. Cela, alors que, parallèlement, il est estimé normal que des imams s’impliquent dans la campagne pour une participation massive en prévision des prochaines législatives. Par ailleurs, déjà apparu durant les scrutins précédents, ce phénomène lié à l’immixtion de l’argent dans la politique, a redoublé lors de la pré-campagne pour les législatives du 10 mai. Enfin, c’est au moment où la campagne électorale boucle sa première semaine que la rue gronde.
La rue est «massivement» investie après une relative accalmie. Plus d’une dizaine de syndicats et pas des moindre tels ceux des praticiens médicaux, des fonctionnaires de la justice sont déjà entrés en débrayage tandis que les autres l’ont annoncé pour la veille des élections. Un message clair est ainsi lancé à l’adresse des autorités publiques concernées. Notre participation au scrutin, tant sollicitée, passe par la satisfaction de nos revendications d’abord. C’est un peu la réponse du berger à la bergère ou rendre la monnaie de sa pièce entre les deux parties. Et pour cause, les priorités diffèrent.