Meeting de soutien à Bouteflika : Ouyahia le grand absent ?

Meeting de soutien à Bouteflika : Ouyahia le grand absent ?

La réunion du secrétariat technique de l’initiative politique nationale pour le progrès, la cohésion et la stabilité, réuni à hui-clos, hier à Alger, a été un rendez-vous des plus stéréotypés qu’il n’en ébauche des surprises.

En dépit qu’il y’ait présence de représentants de 37 partis politiques, de plus de 370 associations de la société civile, la rencontre a tout aussi connu une sorte de revers. En effet, l’absence avérée du RND parmi les rangs de ce groupe dénote du «jusqu’au-boutiste», pour ainsi dire, du parti d’Ahmed Ouyahia.

Ce n’est pas là un fait des moindres, la déficience notamment du RND, eu égard à son positionnement sur l’échiquier politique national. Même si, ce même fait ne constitue pas en soi une surprise générale, dès lors que le chef de la deuxième force politique a eu déjà à se prononcer sur une démarche dont il a émis des réserves sur son volet forme.

En revanche, quant à la teneur de l’initiative elle-même, tout le monde sait que les «intérêts stratégiques», savamment entretenus entre les deux partis au pouvoir et recentrés, de surcroît, autour d’un soutien adoubé et voué à Abdelaziz Bouteflika, est loin d’être un nœud gordien pour les deux rivaux. Cette rencontre, donc, techniquement consacrée à la préparation du meeting national fixé finalement à l’occasion, au 30 mars prochain, pose à nouveau la question de la participation ou non du RND au grand show politico-médiatique des partisans de Bouteflika. Prévu à la salle «La coupole» du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, ce meeting annoncé il y’a quelques jours déjà par le chef du FLN, Amar Saâdani, est comme une sorte d’ultime appel, adressé à l’actuel directeur de cabinet auprès de la présidence de la République, lequel responsable, au demeurant, est récalcitrant à l’idée de rejoindre les rangs de ce Front. Ceci, dans la mesure où, lui-même avait émis le vœu de relancer la sienne, l’ex-Alliance présidentielle notamment. Lors de cette réunion, les représentants des différentes composantes sociopolitiques et autres personnalités qui se sont agrégées à l’initiative de Saâdani, les participants ont décidé, en plus de se pencher sur les aspects organisationnels et logistiques du meeting en question, d’installer les différentes cellules de travail y afférentes.

Désigné à la tête de la commission préparatoire, Baâdji Abou El Fadel, non moins membre du bureau politique du FLN, s’est invité devant les journalistes pour faire part des premiers résultats de cette rencontre. Sollicité à s’exprimer sur une question qui ne cesse d’enfler la polémique et d’accentuer le doute, entendre savoir si le RND figure sur la liste des partisans de cette démarche, ou tout au moins connaître si Ouyahia a donné suite à l’invitation de Saâdani, le cadre du FLN a versé dans des faux-fuyants.

Cela étant dit, il est bon de rappeler qu’il était question dans cette réunion de dresser la liste de tous les participants ayant confirmé leur présence au prochain meeting. Or, au lieu d’éclairer les lanternes, le porte-parole du groupe réuni s’est contenté de rappeler que tous les partis, y compris donc le RND, ont été destinataires d’invitations à l’occasion de ce rendez-vous dont il est attendu la participation au moins de toutes les formations qui s’inscrivent en droite ligne avec la politique de l’actuel président de la République.

Des propos qui confirment, on ne peut plus clair, sur la position pour le moins coriace, notamment du SG par intérim du deuxième parti majoritaire. Ouyahia compte-t-il aller jusqu’au bout de sa logique au point de mettre en abime sa relation avec le chef du FLN ? Entend-il tout juste entretenir un suspense ambiant à même de tenir en haleine son adversaire et le faire morfondre, avant d’appeler ses troupes à venir en masse au rendez-vous de La coupole ? À dix jours qui nous séparent de ce meeting, le suspense, donc demeure entier quant au sort réservé à la position du RND. Participer dès lors qu’il s’agit de réaffirmer son soutien à Bouteflika, de par ce qu’impose ce principe de premier ordre, ou se restreindre aux calculs partisans en déclinant une offre qui risquerait de lui jouer des tours, Ouyahia est en face d’un dilemme, que seul lui-même en est en mesure de trouver la juste alchimie.

Mais, à quel prix ? Au-delà d’une démonstration de force et de mobilisation qui se présentent comme défis aux adeptes de la politique d’Abdelaziz Bouteflika, il s’agit par cette action de constituer un rempart et renforcer le Front intérieur du pays, à même de faire face à la situation sécuritaire prévalant sur les frontières, avec toutes les menaces qu’elle présente sur la sécurité du pays, comme l’a réaffirmé le collaborateur de Saâdani, à l’issue de la pausé observée par les participants à cette rencontre. Devant cette même situation d’incertitude sécuritaire, les initiateurs ont réaffirmé leur soutien à l’Armée nationale populaire (ANP), qui continue de se déployer tout au long de la bande frontalière de l’Algérie, à même de contrecarrer toute tentative d’intrusion ou d’attaque des groupes terroristes qui pullulent la région.

Farid Guellil