Considéré comme la grande révélation de ce long regroupement des Verts, Carl Medjani, qui aura été, de l’avis de tous, le plus régulier dans ses prestations, préfère mettre en avant les performances collectives de l’Equipe nationale. Humble, le défenseur central d’Ajaccio, nous parle de manière plus longue et précise sur cette campagne africaine vécue avec la sélection depuis l’entame du stage de Sidi Moussa. Carl estime qu’il est inutile de trop focaliser sur le nom de notre futur adversaire pour ce match barrage pour la qualification à la prochaine CAN.
Tout d’abord, soulagés après ce succès qui vient clôturer un mois de stage avec l’EN ?
C’est sûr, on avait tous envie de bien finir cette campagne africaine du mois de juin sur une belle note et, Dieu merci, on a réussi à qualifier l’Algérie au prochain tour de la CAN 2013 avec au bout une belle victoire arrachée contre la Gambie.
Avant cette victoire, il y avait ce match perdu contre le Mali, comment avez-vous vécu ce revers ?
On était déçus et malheureux après cette mésaventure vécue à Ouagadougou. Franchement, on s’était bien préparés pour ce rendez-vous qui se présentait comme un test pour nous. Je ne vous cache pas, après ce revers, on avait une grosse envie de nous nous ressaisir et nous racheter aux yeux de notre public. Tout le monde était déterminé à prouver au peuple algérien que cette défaite du Mali était un accident de parcours et grâce aux efforts de tous, on a réussi à le faire.
Cette gifle vous a vraiment secoués, qu’est-ce qui vous a manqué pour revenir avec au moins un nul de Ouagadougou contre le Mali ?
On savait que ça allait être très difficile face au troisième de la dernière CAN mais je dirai qu’on a un peu manqué d’expérience pour bien gérer notre belle première période. Mais bon, c’est le football, on a laissé filer ce match, mais il reste tout un parcours dans ces éliminatoires CM 2014 qu’il faudra bien négocier, inch’Allah.
On sent que ce match perdu à Ouagadougou vous a vraiment marqué…
Oui, on était très déçus parce qu’on était sur une série de victoires positives. On avait vraiment envie de finir sur un sans-faute mais on a beaucoup appris de ce match, il nous a servi de leçon pour aller chercher une victoire contre la Gambie.
Seriez-vous capables de rivaliser avec cet adversaire puissant et fort physiquement ?
Vous savez, on est une équipe en voie de guérison. On est en train de réaliser de meilleurs résultats comparativement au passé. Je sais que dans un an ou huit mois, lorsqu’on affrontera des équipes comme le Mali, on sera nettement plus armés.
Parlez-nous de ce mois de stage passé ensemble, après une fin de saison difficile presque pour tout le monde ?
Franchement, tous ensemble, on a passé un mois extraordinaire. Bien sûr, c’était dur parce que ce n’est jamais facile de rester en compétition en cette période de l’année, après une saison très difficile avec nos clubs respectifs. Je pense que chacun de nous a fait le travail sur le double plan individuel et collectif en se comportant de manière professionnelle.
Et sur le plan relationnel, cela s’est passé comment ?
Très bien, on a lu et entendu beaucoup de choses dans la presse et les différents médias sur cette prétendue cassure qui existe au sein de l’EN entre les locaux et les joueurs évoluant à l’étranger, mais à vrai dire ce n’est qu’une rumeur. On vivait vraiment dans un esprit de famille. Franchement, j’ai été marqué par cette formidable ambiance qui a régné pendant tout ce stage.
Trois victoires si on compte le Niger et une défaite contre le Mali, vous partez en vacances avec le sentiment du devoir accompli, non ?
Je préfère parler de mission quasi accomplie parce qu’on avait convenu de ramener au moins un match nul de notre déplacement à Ouagadougou face au Mali. Donc, sur ce mois de stage, un quand même un petit regret, celui de n’avoir pas pu faire mieux contre le Mali. Mais comme je l’ai dit, on est une équipe en devenir. On a beaucoup à apprendre de nos expériences et je pense que ce revers du Mali va nous faire grandir.
Vous avez été l’une des grandes satisfactions du coach de ce mois et demi de stage, et d’aucuns pensent que vous êtes le seul à avoir bien fonctionné derrière, ces louanges vous font quoi ?
Honnêtement, je ne prête pas trop attention à ce qui se dit à droite à gauche, surtout pas lorsque je suis en plein stage. Mon discours ne changera pas, j’ai toujours dit que je suis là à la disposition de l’entraîneur. J’ai accepté la concurrence parce que comme tout le monde le sait, il s’agit d’une concurrence saine et qui fait avancer. Depuis que je suis en sélection, j’ai joué quelques matchs et j’ai été remplaçant, mais je n’ai jamais perdu confiance en moi.
Oui, mais c’est la première fois que vous êtes reconduit quatre matchs de suite ?
C’est exact. Je suis un compétiteur. A chaque fois que je suis convoqué, je viens avec la même fierté et la même détermination de bien honorer ma sélection. Donc voilà, je ne changerai jamais ma façon de voir les choses. Je vais continuer à travailler pour avancer et faire progresser l’Equipe nationale. Maintenant, c’est clair, c’est une grosse fierté de représenter son pays quatre fois de suite.
On sait que vous êtes très attaché à vos parents, ont-ils suivi vos différentes productions ?
Oui, cette fois comme tous les matchs ont été retransmis en direct sur la télévision algérienne, ils ont suivi ça avec un grand intérêt.
Et on imagine qu’ils étaient fiers de vous…
Je ne vous le fais pas dire. Mon père, qui était déjà content de ma saison à Ajaccio, m’a dit qu’il était très fier de mes prestations avec les Verts. Il était d’autant plus content de m’avoir vu aussi longtemps sur le terrain avec le maillot algérien.
Lors du prochain tour des éliminatoires de la CAN, vous aurez peut-être un gros morceau, tel que le Maroc ou le Sénégal, des appréhensions ?
Pour être franc, ça ne sert à rien de faire des suppositions ou parler de préférence pour un tel ou tel adversaire. De toute façon, on sait que pour aller en Afrique du Sud, il faudra gagner ce match barrage qui se jouera en aller et retour. On en parlera lorsqu’on saura le tirage au sort.
Oui, mais on voudrait savoir, si par exemple, l’Algérie saura relever le défi contre un ténor africain…
Ecoutez, à présent, notre équipe est capable de rivaliser avec n’importe quelle sélection en Afrique. On a quand même failli de peu contre une équipe du Mali qui a fini troisième de la dernière CAN. On a des objectifs en tête. Le premier, c’est de se qualifier à la CAN 2013 et le second, c’est la qualification pour le Mondial.
Pour le Mondial 2014, le Bénin, qui est le premier de son groupe, a été sorti de la CAN 2013, par l’Ethiopie. Un commentaire ?
Bah voilà, ça démontre qu’en Afrique les surprises sont toujours de mise surtout lorsqu’on joue à l’extérieur où ce n’est jamais facile de revenir avec un bon résultat. Lorsqu’on regarde la RCA battre l’Egypte chez elle, cela vous incite à ne jamais sous-estimer aucune équipe. Ceci dit, lorsqu’on est prêts sur tous les plans, on n’a peur de personne.
Le peuple veut une confrontation contre le Maroc et vous comprendrez qu’on veut une revanche ; une réaction ?
Nous, on n’a rien à dire là-dessus. Laissons au peuple demander ce qu’il veut. Après, c’est vrai qu’on a été tous marqués par ce lourd revers concédé à Marrakech. En tant qu’Algériens, on a tous ce sentiment de honte et je reste persuadé que si un jour on croise le fer contre cette équipe, tous les joueurs seraient très motivés justement effacer ce revers et donner au peuple algérien la victoire qu’il souhaitera.
Un mot sur les performances de Slimani et Soudani ?
Il faut d’abord dire que Slimani tout comme Soudani ont réussi un stage exceptionnel. Avant d’être de très bons joueurs, ce sont deux supers mecs. J’ai découvert Islam durant ce regroupement et, sincèrement, on a bien approché. Je suis content pour eux, ils le méritent amplement.
D’aucuns estiment qu’un gars comme Slimani doit partir en Europe. Qu’en pensez-vous ?
Vous savez, Soudani a fait le choix de s’expatrier au Portugal pour progresser et je ne pense qu’il a regretté surtout après sa belle fin de saison réalisée avec Vitoria Guimarães. J’espère qu’Islam (Slimani) va faire le meilleur choix pour sa carrière et continuer à être performant et décisif en sélection. Au risque de me répéter, ce sont deux très bons garçons, sympas et ça a été un plaisir de pouvoir jouer avec eux.
Carl, honnêtement, et si on parlait un peu de cette défense, décriée de partout, vous vivez comment ces critiques entre vous ?
Vous savez, lorsqu’on a des objectifs avec la sélection on essaye de faire abstraction avec le monde extérieur donc tout ce qui se dit ne nous déstabilise pas. C’est vrai qu’on lit comme tout le monde ce qui se dit et ce qui s’écrit dans les journaux, mais après on est professionnels. On sait ce qu’on a affaire et ce qu’il faudra faire pour améliorer les automatismes au sein de notre défense.
Oui, mais il reste que l’entente n’est pas parfaite derrière, disent quelques techniciens interrogés. Quel est votre avis ?
N’oubliez pas, c’est la première fois que je joue avec Bouzid dans l’axe. Et c’est l’une des toutes premières fois que je suis aligné avec Bouggy, donc, comme je l’ai dit, une équipe ne se construit pas du jour au lendemain. Il faut du temps, et au fil des matchs, il y aura plus d’automatismes.
Merci beaucoup Carl, on aimerait savoir quel sera votre avenir avec Ajaccio cet été ?
Ecoutez, pour le moment, je vais savourer ces quelques jours de vacances qui me restent. Ensuite, mon agent et mes conseillers vont s’occuper de cette période de transfert. Il me reste une année de contrat avec Ajaccio, donc j’ai l’assurance de jouer une autre saison en Ligue 1. Il faut attendre les jours à venir. S’il y a une bonne offre qui se présente, on va l’étudier et on prendra la meilleure décision et pour le club et pour moi.
Entretien réalisé par
Moumen Aït Kaci Ali