«Saâdane est une personne que j’apprécie. Je n’oublierai pas que c’est lui qui m’a ouvert les portes de la sélection et permis de jouer un Mondial.»
Solide, intraitable dans les duels et rassurant aux côtés de Bougherra dans l’axe, Carl Medjani, a, encore une fois, prouvé qu’il n’a pas usurpé sa place en sélection.
Dans cet entretien accordé à notre journal, le sociétaire d’AC Ajaccio revient sur la déception de vendredi dernier contre la Tanzanie et évoque l’avenir des Verts dans cette campagne de qualification pour la prochaine CAN 2012.
Invité à donner son avis sur la démission de Rabah Saâdane, Medjani estime qu’il ne pouvait se prononcer sur cette décision personnelle du coach, mais il ne s’est pas abstenu de louer le mérite du cheikh dans tout ce qu’il a réalisé pour l’Equipe nationale.
Tout d’abord, déçu de cet échec au goût d’une défaite concédée contre la Tanzanie à la maison, vendredi passé ?
D’abord, je précise que ce n’est pas une défaite, même s’il apparaît clairement que ce résultat nul ne fait pas nos affaires sur le plan comptable. Seulement, on doit retenir de ce match notre énorme débauche d’énergie pendant les 90 minutes et cette envie sans faille de faire le break durant la seconde période. Je crois qu’on a manqué d’efficacité pour pouvoir prétendre à mieux.
Je trouve qu’avec un petit brin de réussite, on aurait pu facilement battre cette équipe de la Tanzanie qui s’est contentée de défendre.
Comment expliquez-vous ce résultat nul alors ?
Comme je viens de le dire, contrairement à notre adversaire du jour qui a eu cent pour cent de réussite sur l’unique occasion de but qu’il s’est procurée, on a manqué de chance et de réalisme. Il faut ajouter à ces deux facteurs importants dans un match, le fait d’avoir joué cette rencontre en plein mois de Ramadhan.
Physiquement, ce n’est pas évident de récupérer d’une journée de jeûne. Regardez les Tunisiens, les Marocains, Egyptiens ou bien les Maliens qui ont été aussi accrochés chez eux.
Donc à la lecture des résultats des sélections que je viens de vous citer, je dirai qu’on n’a pas échappé à la règle, car j’estime qu’on n’a pas été médiocres, vendredi. On a eu une bonne possession de la balle avec des occasions nettes de scorer. Au risque de me répéter, on n’a pas eu l’efficacité voulue pour gagner cette rencontre.
Cette contre-performance ne risque-t-elle pas de saper le moral des troupes ?
Non, franchement, on doit se montrer costauds et vite oublier cette rencontre. Il ne sert à rien de vivre avec ce mauvais souvenir. Il faut se mettre dans la tête que l’avenir nous appartient.
On doit réagir en professionnels. À nous de bien digérer cet échec et d’analyser nos erreurs commises lors des deux précédentes sorties contre le Gabon et la Tanzanie pour repartir du bon pied lors des prochaines sorties de l’Equipe nationale.
Vous ne croyez pas que ce nul subi par le Maroc à Rabat vient relancer l’Equipe nationale ?
C’est certain, ce résultat nous arrange à plus d’un titre, du moment qu’il nous permet de compter le même nombre de points que les autres concurrents du groupe.
C’est vrai que le mieux aurait été de commencer ces éliminatoires par une victoire pour gagner en confiance. Maintenant, ce qui est fait est fait, il faudra désormais penser à refaire notre retard en allant chercher des points à l’extérieur.
Ça ne s’annonce pas aisé contre nos voisins marocains, vous en conviendrez…
Avec le faux pas qu’ils ont concédé chez eux, il semble bien évident que ce résultat va relancer les débats entre les deux sélections. Ce résultat vient aussi diminuer un tant soi peu cette pression engendrée par notre mauvais résultat subi contre la Tanzanie.
Comment trouvez-vous cette équipe marocaine ?
Franchement, je ne les ai pas vus évoluer, mais il est clair que le Maroc est une bonne équipe qu’on doit respecter. Seulement, pour le moment je ne veux trop penser à ce derby, car nous avons un match très important à préparer qui est prévu au mois d’octobre prochain.
On va se rendre en République centrafricaine et vous ne serez pas étonné si je vous disais que nous avons l’intention de tout faire pour nous racheter là-bas et effacer le semi-échec concédé face à la Tanzanie.
Pour ce faire, il faut éviter de parler du match contre le Maroc, au risque d’oublier de rester concentrés sur ce déplacement non moins important qui nous attend dans un mois.
Revenons à vous, après une belle production sortie contre le Gabon en amical, comment jugez-vous votre prestation face à la Tanzanie ?
Je crois, en toute humilité, avoir bien rempli la mission que le coach m’a assignée. J’avais de bonnes jambes et je voulais tant contribuer au succès de l’Equipe nationale. Malheureusement, je n’ai pas eu cette opportunité durant toute cette deuxième mi-temps que j’ai jouée vendredi.
Au vu de ce que vous avez démontré au niveau de la complémentarité avec vos camarades défenseurs, on peut dire que l’intégration dans l’équipe-type s’est faite rapidement pour vous…
On peut dire ça, oui. Je vis, depuis plusieurs semaines, avec ce groupe et je m’y sens vraiment très à l’aise. C’est vrai que c’est ma deuxième participation avec les Verts dans un match officiel et je crois qu’après une bonne entrée en matière contre le Gabon et une seconde période pleine face à la Tanzanie, je commence à bien retrouver mes repères avec mes camarades. Comme je l’ai toujours dit, je reste à la disposition de l’entraîneur et de la sélection algérienne, pour l’intérêt de l’Algérie et rien d’autre.
Passons à autre chose, l’événement est la démission de l’entraîneur Saâdane ; un petit commentaire sur ce départ ?
Tout d’abord, je dois dire que c’est une décision personnelle qui ne regarde que le coach Saâdane, mais on ne peut rester insensible au travail accompli par notre ancien sélectionneur.
Personnellement, je l’apprécie beaucoup. Je garderai toujours de lui l’image de celui qui m’a offert l’honneur de défendre les couleurs de l’Algérie et de disputer pour la première fois une phase finale de Coupe du monde avec la sélection de mon pays d’origine.
Le groupe pourrait-il être affecté par le départ de Saâdane ?
Je crois en toute franchise que c’est une décision difficile et regrettable qu’il a prise, mais nous en tant que professionnels, on est habitués aux départs des entraîneurs.
Moi par exemple, j’ai connu une fois le départ de trois entraîneurs en une saison. Donc, vous comprendrez que cela fait partie de la vie d’un joueur. Une chose est sûre, nous nous mettrons tous à la disposition du futur entraîneur pour lui faciliter la tâche.
C’est le coach Abdelhak Benchikha, l’entraîneur de l’Equipe nationale A’, qui devrait le remplacer ; votre avis ?
Vous savez, Benchikha est quelqu’un que je connais de réputation. Lui ou un autre, cela ne devrait causer aucun problème pour les joueurs. Après, je sais que les critères d’une sélection resteront les mêmes, à savoir qu’il faudra rester compétitif et performant avec son club pour mériter la confiance du coach.
Cela dit, en tant que joueurs internationaux, notre mission se limitera à honorer nos engagements envers la sélection de notre pays. On doit tous s’adapter à sa méthode de travail et matérialiser sa conception de jeu sur le terrain pour le bien de la sélection et de l’Algérie.
Êtes-vous en mesure de vite surmonter cette mauvaise passe ?
C’est normal, on est bien capables de relever le défi. Quel que soit l’entraîneur désigné, on fera tout pour remonter la pente et préserver nos chances de qualification. On veut aussi redonner le sourire à nos supporteurs, comme on l’a fait par le passé
Justement, un mot sur cette présence en force du public à Blida ?
Ils ont été magnifiques. Franchement, on est vraiment déçus pour eux, car ils auraient mérité d’être récompensés par une belle victoire. Ils étaient nombreux à venir nous encourager et cela nous a fait chaud au cœur. Dommage, on n’a pas été chanceux pour pouvoir les remercier.
Un dernier mot pour le public qui s’inquiète vraiment pour l’avenir de cette sélection ?
Je leur demande de ne rien craindre. L’Algérie relèvera la tête. On saura comment revenir et assurer notre qualification qui reste notre unique est seule motivation. C’est notre objectif et on fera l’impossible pour l’atteindre.