Méditerranée : beaucoup d’obstacles à l’émergence d’une politique de sécurité commune

Méditerranée : beaucoup d’obstacles à l’émergence d’une politique de sécurité commune

La perception différenciée de la question de la sécurité empêche l’émergence d’une politique de sécurité commune en Méditerranée, a souligné, mercredi à Alger, Dr. Luis Martinez de l’Institut des études politiques de Paris.

Le docteur Martinez, qui animait une conférence-débat sur la problématique de la sécurité en Méditerranée au Centre des études stratégiques du quotidien Ech-Chaâb, a énuméré les obstacles à une politique de sécurité commune en Méditerranée, affirmant qu’il existe des perceptions différentes de la sécurité parmi les pays de la rive sud de la Méditerranée ainsi qu’au sein de la rive nord de cette région.

Il a cité, à titre illustratif, la tendance des pays maghrébins à rechercher des accords bilatéraux avec l’Union européenne (UE) sur la question de la sécurité.

Il a souligné, dans le même cadre, les approches différentes des pays des deux rives sur la question de l’immigration clandestine.

C’est ainsi qu’il a relevé que pour certains pays ayant accepté d’abriter les centres de transit financés par l’UE, à l’instar du Maroc et de la Tunisie, il s’agit de « négocier » d’autres intérêts à travers cette approche.

Affirmant que les pays des deux rives « ne parlent pas de la même sécurité », il a estimé que, du moins sur la question de la gestion de l’immigration clandestine, « les pays de la rive nord se déchargent sur les pays du Sud ».

L’autre obstacle cité par Dr. Martinez dans la construction d’une politique de sécurité commune en Méditerranée, est que la construction de l’Europe tire plutôt vers les pays de l’Est qui n’ont pas, a-t-il dit, la même perception des questions de sécurité.

Il a indiqué, à ce sujet, que des pays comme la Pologne ou la Bulgarie « sont très critiques, voire extrémistes quand il s’agit des pays maghrébins ».

« Il faut que les pays de la rive sud fassent du lobbying vers ces pays, au lieu de compter sur des pays acquis pour cette politique, à l’instar de l’Espagne, la France ou l’Italie », a-t-il estimé.

C’est dans ce contexte qu’il a souligné que le processus de Barcelone « a été littéralement liquidé », ajoutant que la construction de l’Union pour la Méditerranée (UPM) s’est trouvée face aux réserves de pays comme l’Allemagne.

Aux contraintes empêchant la cristallisation d’une politique de sécurité commune dans la région, il a ajouté le conflit israélo-palestinien, la question du Sahara occidental et les disparités au niveau de la performance économique entre les pays de la région.

Il a mis également l’accent sur le coût économique de la non-construction du Maghreb, causant une perte de croissance de 3 %, estimant, dans ce cadre, que la société civile peut jouer un rôle pour « percer ce rideau ».