Médicaments : Les acteurs du secteur en parlent

Médicaments : Les acteurs du secteur en parlent

medicament.JPGLa disponibilité des médicaments continuent à être l’objet de polémique. Du problème de gestion à celui de distribution, les acteurs intervenant d’une manière directe ou indirecte dans le secteur du médicament convergent vers un constat : Il y a bel et bien dysfonctionnement.

Des pharmaciens parlent de l’indisponibilité ces derniers jours de certains médicaments dans les hôpitaux et les pharmacies, comme ceux nécessaires dans des services comme la cardiologie et la gynécologie. « Nous manquons de certains médicaments nécessaires aux malades, tels que l’isorythme, pour assurer le rythme cardiaque, et le colpotrophine destiné à arrêter les saignements après l’accouchement », a indiqué un pharmacien privé.

D’autres parlent d’une pénurie qui touche dans les établissements hospitaliers le sérum nécessaire aux séances d’aérosol dont ont besoin les asthmatiques et les bébés souffrant de bronchiolite.

« Un changement profond dans la gestion est une nécessité absolue »

Le président du Syndicat national des pharmaciens d’officine (SNAPO) Messaoud Belambri, le problème du médicament vient de la gestion. « Un changement profond dans la manière de gérer le secteur est une nécessité absolue », saluant, sans tomber dans l’enthousiasme outrancier, la création de l’Agence nationale du médicament susceptible, selon lui, « de mettre fin à beaucoup de dysfonctionnements.

Il pointe cependant du doigt certains opérateurs (des importateurs ?) qui prennent la question du médicament avec beaucoup de légèreté, soupçonnant même une « motivation unique du gain ».

« La production locale n’arrive pas à couvrir entièrement les besoins en matière de médicaments, notamment en ce qui concerne les médicaments prescrits en oncologie et en pédiatrie » affirme de son côté un délégué médical en parlant de la décision de l’État d’interdire l’importation de médicaments fabriqués en Algérie, comme l’une des causes de dysfonctionnement. Il accusera d’un autre côté, certains grossistes qui font dans le stockage pour créer la pénurie.

« Où sont ces médicaments distribués par la Pharmacie centrale des hôpitaux ? »

« Il y a un sérieux problème de gestion, se traduisant par des pénuries et des ruptures de stocks récurrentes, au grand dam des malades » estime pour sa part, le président du SNPSSP, le Dr Mohamed Yousfi, en s’interrogeant : « Où sont ces médicaments distribués par la Pharmacie centrale des hôpitaux ? »

De son côté, le SNPSP demande une enquête indépendante pour expliquer toutes ces pénuries à répétition. Selon son président, le Dr Lyes Merabet, sa formation syndicale a mené une enquête dans plus de 170 établissements hospitaliers, qui a révélé « des ruptures de stock de médicaments, dont ceux utilisés pour les pathologies lourdes, notamment la digoxine (cardiologie) et la métomycine injectable (cancérologie) »

« La situation des cancéreux s’est nettement améliorée au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC). Néanmoins certains médicaments, comme le métotrixate sont indisponibles. De plus, pour la chirurgie, les malades manquent de tout » a déclaré d’autre part Hamida Kettab de l’association El Amel d’aide aux cancéreux qui n’a cependant pas manqué de relever « une nette amélioration de la prise en charge des malades, notamment les cancéreux du CPMC.

« Une nette amélioration de la prise en charge des cancéreux, mais… »

Pour le directeur des produits pharmaceutiques au ministère de la Santé, Hafidh Hamou, « ce ne sont pas tous les médicaments qui sont en rupture de stock ». « Il est possible qu’il y ait un problème de distribution », a-t-il cependant admis.

M. Hamou a insisté sur l’établissement de prévisions précises. « Sinon il y aura des tensions sur les médicaments (…) quand il y a de mauvaises prévisions, il y a des dysfonctionnements », a-t-il dit.

Le directeur général de la pharmacie au niveau du ministère de la Santé, Yacine Khaldi, a indiqué, à ce propos, que des mesures conservatoires sont prises à l’encontre des directeurs d’hôpitaux qui n’ont pas fait de prévisions à temps.

« Il y a des problèmes dans les approvisionnements et les prévisions, mais dire qu’il y a des médicaments en rupture, non. Il y a plutôt des dysfonctionnements », a-t-il soutenu. M. Khaldi a mis en exergue, dans le même temps, la difficulté à établir des prévisions fiables à 100%.