L’obligation faite aux importateurs de passer à la production au bout de deux années d’importation, toujours en vigueur, a «fait sensiblement avancer les choses».
Aujourd’hui «il n’y a pas d’importateur sans qu’il soit fabricant. Cette mesure a permis à de nombreux projets d’avancer et faire passer les molécules importées jusque là à la production», affirme le directeur général de la pharmacie et des équipement au ministère de la Santé.
Les cinq dernières années ont vu aussi une baisse sensible des médicaments conditionnés localement. Désormais, «on ne se contente plus de la mise en boite», les opérateurs au nombre de 48 sont tous passés à la production, selon le Dr Hamou Hafedh qui intervenait ce mardi matin sur les ondes de la Chaîne III. «Il y a une évolution et le respect de cette mesure», insiste t-il, précisant que 75 unités de fabrications privées sont opérationnelles, alors que 101 projets d’investissement sont en cours de réalisation. Il y a néanmoins «quelques améliorations à faire pour faire fructifier ces investissements dans la production de médicaments», reconnaît le Dr Hamou. «Nos besoins essentiels en matière de médicaments ont été identifiés. Les médicaments des classes thérapeutiques les plus importantes liées au profil épidémiologique des maladies cardiovasculaires, des maladies métaboliques, du diabète, de l’hématologie sont disponibles qu’ils soient locaux ou importés», assure-t-il. Il reste les maladies non transmissibles dont notamment le cancer ou des efforts doivent être consentis pour arriver à substituer les traitements qui demeurent importés à 100%. Une coopération étroite avec le secteur de la recherche scientifique pour acquérir le savoir-faire nécessaire en matière de biotechnologie a été vivement recommandée à cet effet lors du dernier conseil interministériel, selon le représentant du ministère de la Santé.
Cette recommandation a pour but «de préparer la masse critique en mesure de recevoir cette science d’une part et sa mise en œuvre au niveau local d’autre part».
Cet appui pourrait permettre à l’avenir au pays de satisfaire ses besoins nationaux et dans un deuxième temps prospecter le marché régional, a ajouté le Dr Hamou.
Améliorer l’enregistrement du médicament pour assurer sa disponibilité est l’autre mesure entérinée lors du conseil interministériel. Il est aussi question dans ce cadre d’«engager des actions de sensibilisation en direction du corps médical pour que les prises de décision thérapeutiques se fassent lors des réunions pluridisciplinaires», a indiqué le DG de la pharmacie et des équipements. Et pour cause, «les molécules importées sont chères. Il faudrait qu’elles soient prescrites de manière appropriée», a-t-il ajouté. Une action devrait d’ailleurs être entamée pour la mobilisation des praticiens et doyens de la faculté de médecine en vue de réviser le module lié à la pharmacologie, à l’étique et à la bonne pratique de prescription, apprend-on auprès de ce même responsable qui conclut : «Nous devons renforcer l’usage rationnel du médicament».
Assia Boucetta