Le phénomène de spéculation qui n’épargne aucun secteur est à l’origine de plusieurs pénuries récurrentes.
Pénuries des produits de large consommation (pomme de terre, pain, lait, médicaments…), les Algériens en ont assez. Cette situation qui a tendance à se répéter pénalise lourdement les consommateurs qui, ne sachant plus à qui se plaindre, prennent leur mal en patience. De pénurie en pénurie, après le lait et la pomme de terre, de nombreux malades sont pris en otages par la spéculation qui sévit dans le marché du médicament. Malgré les assurances du ministre de la Santé qui a menacé de sévir contre les lobbys de l’importation, le problème persiste toujours vu que les mécanismes de régulation et contrôle ont montré, jusque-là, leurs limites et tardent à agir. Hier encore, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, a expliqué lors de son intervention à l’APN que la pénurie constatée de certains médicaments est imputée au circuit d’importation et distribution qu’il accuse d’être à l’origine de cette situation. «Sur 220 importateurs des wilayas du centre, seulement 53 sont réguliers. Les importateurs sont mis devant leurs responsabilités à propos de la pénurie de certains médicaments qui sont censés être disponibles», a-t-il averti. La pénurie de certains médicaments, notamment les produits anesthésiants, perdure toujours.
Les responsables du secteur ne parviennent toujours pas à localiser et identifier le chaînon manquant du circuit des médicaments. Pour rappel, il y a quelques jours le ministre de la Santé a décidé de retirer l’agrément à 200 distributeurs de médicaments.
Une décision motivée par les inspections menées par son département pour tenter d’assainir un tant soit peu le secteur et instaurer une nouvelle organisation.

Djamel Ould Abbès estime qu’il n’y a pas de pénurie de médicaments en Algérie, mais plutôt une rupture de distribution. Le ministre a annoncé qu’un nouveau cahier des charges sera prochainement mis au point, précisant que les distributeurs doivent le respecter sous peine de se voir retirer leurs agréments. De son côté, le porte-parole du Syndicat national des pharmaciens d’officines juge que le problème réside dans le circuit de distribution.
Pour cela, des visites ont été effectuées au sein de certains sites de production et on a remarqué qu’il y avait des produits fabriqués localement de qualité essentielle. «Les stocks sont disponibles mais on ne trouve pas de médicament au niveau des distributeurs», a-t-il constaté, interpellant le ministère de la Santé pour y remédier. Ce n’est pas tout. Le secteur de l’agriculture, lui aussi, n’est pas épargné par la spéculation. Les lobbys de spéculateurs imposent leur diktat sur le marché des légumes et fruits. Ces pénuries se répercutent par conséquent sur les prix qui obéissent à la règle de l’offre et de la demande. Moins il y a de de produits, plus les prix augmentent. Ainsi fonctionne le marché des produits agricoles qui demeure sous l’emprise des spéculateurs. Puisqu’on est à quelques jours de la célébration de l’Aïd El adha, le marché du bétail n’échappe pas, comme à l’accoutumée, à la règle. Au fur et à mesure que la fête approche, la mafia s’installe et les prix du mouton grimpent. Une appréhension qui est justifiée par le risque de voir le nombre de spéculateurs se multiplier et s’approprier le contrôle du marché qui n’obéit qu’à une règle : se remplir les poches.
Par Yazid M.