Médicament, Le mal et son remède

Médicament, Le mal et son remède

Pénurie de médicaments. Le sujet a pris l’allure d’un véritable feuilleton. Le premier responsable en charge du secteur, Djamel Ould Abbas, a, à maintes reprises, affirmé qu’il n’y a nullement pénurie, mais le terrain aussi bien que les producteurs nationaux le contredisent à chaque fois.

Ça continue encore par à-coups, mais Djamel Ould Abbas impute ce problème à des dysfonctionnements dans le circuit de distribution, menaçant à chacune de ses nombreuses sorties sur le terrain, programmées ou inopinées, de sévir et promettant dans le même sillage «l’édification d’une industrie nationale du médicament, en partenariat avec des laboratoires étrangers».

Bien que la production nationale de médicament ait effectivement évolué grâce notamment à la politique nationale de la promotion du générique mise en vigueur le 15 mars 2008, l’ayant relevée à hauteur de 38% des besoins locaux, le marché algérien du médicament reste tributaire de l’importation. Premier importateur de médicaments en Afrique,

l’Algérie a déboursé près de 2 milliards DA en factures d’importation. Les importations qui fluctuaient selon les années ont causé un sérieux coup au trésor public. Que comptent alors faire les pouvoirs publics pour parvenir, comme l’a affirmé Ould Abbas, à couvrir près de 70% des besoins du pays en médicaments à l’horizon 2014, lorsqu’on sait que des sommes colossales ont été injectées dans le créneau sans que le marché du médicament, «objet de convoitises» assurément, ne parvienne à se stabiliser réellement ?

Une enquête approfondie

Relancer à tout prix la production nationale, cela ne doit sous aucun prétexte rester un vain mot pour le ministre de la santé, lequel a convoqué une énième rencontre pour la semaine prochaine avec tous les fabricants de médicaments et les importateurs locaux et étrangers «pour l’examen de la politique de distribution des médicaments par les producteurs».

L’Etat est, selon le ministre, décidé à «soutenir ceux qui fabriquent le médicament» pour «diminuer progressivement les importations» et atteindre l’objectif tracé de «70% au moins de couverture des besoins par la production nationale».

Mais, et c’est un secret de polichinelle, le juteux créneau de l’importation «est sous le monopole de 5 ou 6 importateurs», dixit Amar Ziad, président de l’Union nationale des opérateurs pharmaceutiques (Unop) qui déplore l’inexistence de coordination entre les ministères intervenant dans le processus d’importation, soutenus dans leur «vile» besogne par quelques laboratoires attirés par le gain facile.

«Certains ont profité de la situation de l’Algérie durant les années 90 pour accaparer ce gros marché», avait déclaré Ould Abbas comme pour confirmer le constat. Il promettra pour ce faire des enquêtes «approfondies» dans le milieu.

Autre obstacle qui risque sérieusement de freiner l’essor de la production nationale promis par les pouvoirs publics à travers une politique de relance obligatoire d’un produit (le médicament) qui «relève de la sécurité nationale», les lenteurs bureaucratiques. Les opérateurs qui déplorent avant tout l’absence de débats tout en réclamant des crédits bonifiés pour réaliser de nouveaux investissements regrettent

que pour un simple certificat de libre vente (CLV), indispensable pour l’enregistrement de nouveaux médicaments, il faut attendre au moins 6 mois, ce qui est selon eux aberrant. Quelle stratégie adopter pour atteindre l’objectif de couvrir 70% des besoins dans de telles conditions ? La politique prônée par Ould Abbas qui s’est engagé à associer «tout le monde sans exception» dans la relance de son secteur va-t-elle pour autant changer la donne ? Les jours à venir nous renseigneront davantage.

Par S. Mekla