Médiation algérienne entre le Mali et le Mouvement Azawad,Conflit armé et afflux de réfugiés à nos frontières

Médiation algérienne entre le Mali et le Mouvement Azawad,Conflit armé et afflux de réfugiés à nos frontières

Les ministres des Affaires étrangères des pays du Sahel se sont rencontrés avant-hier à Alger pour tenter de trouver une nouvelle issue au conflit armé qui met aux prises l’armée malienne et les rebelles du Mouvement national pour la libération de l’Azawad.

Un conflit qui a poussé près de 130 000 civils à fuir le Mali et à se réfugier dans les pays voisins, dont plus de 10 000 en Algérie. Face à cette situation explosive, l’Algérie a vu juste en appelant les pays voisins à se réunir autour d’une même table.

En effet, l’Algérie a engagé une nouvelle initiative pour tenter de désamorcer la crise au Mali, là où le conflit armé fait rage depuis des semaines. Des représentants du MNLA, les ministres des Affaires étrangères du Mali, Niger, Mauritanie, Burkina Faso et l’Algérie se sont réunis pour entamer des négociations en vue de trouver une solution. Lors de cette rencontre, l’Algérie a réitéré sa disponibilité pour une médiation dans le conflit au nord du Mali, a indiqué avant-hier à Alger le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Dans ce contexte, l’Algérie a décidé de fournir des aides humanitaires aux réfugiés maliens qui ont fui leur pays vers le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie, a annoncé le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Il a également affirmé, lors de cette rencontre, qu’il y une «convergence totale» de vues entre l’Algérie et le Burkina Faso sur les préoccupations «majeures» liées à la sécurité dans la région du Sahel et la situation au nord du Mali. De son côté, son homologue burkinabé, Djibril Bassole, a expliqué que son pays «soutenait» l’initiative algérienne de règlement du conflit dans le nord du Mali, laquelle consiste en la préservation de l’intégrité territoriale et la souveraineté de ce pays, malgré quelques convergences de vues. Pour sa part, le Niger a reconnu la difficulté de la situation au Mali, d’autant que ce pays voisin a, à lui seul, reçu plus de 45 000 réfugiés maliens. Le Niger connaît une situation analogue à celle du Mali. Au Burkina Faso, plus de 30 000 réfugiés se sont installés dans le pays de Blaise Compaoré. Ils ont dû abandonner tous leurs biens et surtout leurs troupeaux.

Les enjeux géopolitiques et la présence d’Al Qaïda

La crise sécuritaire qui sévit actuellement au nord du Mali voire aux frontières algériennes, a un aspect géopolitique qui consiste à régionaliser le conflit malien. Il est d’ordre sécuritaire. D’ailleurs, l’ensemble des experts remarquent que la longue marginalisation du Ténéré des Kel Tamasheq est remise en cause par l’apparition d’enjeux géopolitiques nouveaux, à savoir la présence d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et des tentatives de déploiement des troupes étrangères dans le Sahel, de l’armée américaine et de l’armée française à titre d’exemple. Avant la rébellion des Azawadis au nord du Mali, les responsables de l’Alliance démocratique du 23 mai 2006 pour le changement avaient nié toute participation avec le groupe terroriste de l’ex-GSPC et avaient tenu à dénoncer «ceux qui ont tenté en vain de porter atteinte à leur intégrité morale en prétendant que les combattants touareg collaboraient avec des éléments de l’ex-GSPC et ceux qui ont essayé d’utiliser la résistance armée touareg pour combattre les salafistes». Une manière, selon le mouvement, de se «débarrasser des uns et des autres». Aujourd’hui, on assiste toutefois à un nouvel enjeu géopolitique. Tout d’abord, des pays étrangers tentent de créer une poudrière dans la région du Sahel, en utilisant la rébellion touareg tout en faisaient entrer sur la scène du conflit les terroristes d’Al Qaida. Du coup, sur le terrain, des attaques armées ont été menées par les sbires d’Abou Zeid ciblant les troupes maliennes, dont le but est de «soutenir» les Azawadis. De leur côtés les rebelles du MNLA ont nié ces actions et toute connexion avec Al Qaida. Face à cette situation, des pays comme la France tentent de soutenir la rébellion en affirmant que le temps est venu pour que le peuple de l’Azawad choisisse son destin. Un sort qui indique le droit à l’indépendance des Azawadis. Les autorités françaises visent, avant tout, à créer une nouvelle carte géopolitique dans la région, car en accordant le droit à l’indépendance des peuples de l’Azawad cela risquera de créer des régions «fédérales» dans le Sahel. Donc, le projet si cher à feu Mouammar Kadhafi sera réalisé mais cette fois par des pays puissants. En créant une telle carte géopolitique, les richesses naturelles des pays du Sahel seront «pompées» par les pays étrangers. On parle ici de l’uranium, du pétrole, du gaz, de l’or et bien d’autres richesses importantes. Conscients de ces tentatives, les pays du champ tentent à leur tour de panser les blessures des peuples de la région, en concevant de grands projets économiques et surtout de trouver des solutions aux conflits qui se succèdent ces derniers temps.

Par Sofiane Abi