Pas de négociations avec Al Qaîda et le Mujao. C’est le message qu’a voulu faire passer hier le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci.
En quelques phrases, le ministre des Affaires étrangères a résumé la vision de l’Algérie à propos du terrorisme au Sahel. Mourad Medelci a redit hier que la lutte contre le terrorisme au Sahel passe par la lutte contre Aqmi et le Mujao, actifs au nord du Mali. C’était dans un discours prononcé hier à Alger à l’occasion du 50e anniversaire de l’adhésion de l’Algérie aux Nations unies, le 8 octobre 1962.
Cet énième rappel de la position de l’Algérie a été effectué en présence de membres du gouvernement et du corps diplomatique accrédité à Alger y compris des ambassadeurs de la France et des Etats-Unis ainsi que des pays africains. Le ministre Medelci a aussi parlé du rôle de l’Algérie au Sahel en incluant l’action en faveur du développement. Le rattachement au dialogue entre les parties en conflit au Mali est aussi rappelé par le ministre. Les propos de ce dernier laissent penser que le dialogue se limite aux factions qui rejettent l’usage de la violence comme Ansar Eddine et le Mnla.
Des diplomates algériens ont souligné, en marge de la cérémonie, qu’il est hors de question de faire la guerre aux Maliens. Dans son discours, le ministre se réfère aussi à la résolution 2071 de l’ONU qui a insisté sur ce dialogue sans jamais écarter une intervention militaire sous l’égide de la Cédéao. Des diplomates ont aussi répondu aux interrogations de la presse à propos des divergences entre l’Algérie et la France sur le traitement à réserver à Ansar Eddine en disant que chaque pays a sa propre vision sur le sujet.
Le ministre des Affaires étrangères a insisté dans son discours sur le fait qu’il n’est jamais trop tard pour recouvrer l’intégrité territoriale du Mali. Medelci fait aussi de la lutte contre les réseaux de trafic de drogue, une préoccupation qui fait partie des dossiers d’actualité. Des diplomates algériens ont ajouté que la lutte contre le terrorisme et ses connexions n’est pas seulement une exigence algérienne, mais un combat à dimension internationale. Il est ajouté que cette approche globale est prônée par l’Algérie depuis plusieurs années.
Les diplomates rappellent aussi que l’approche de la lutte contre le terrorisme n’est pas purement militaire, mais qu’elle renferme un volet politique. L’Algérie n’a pas cessé de s’attaquer aux problématiques politiques qui font que des groupes poussent des jeunes vers une doctrine djihadiste salafiste violente.
L’Algérie s’est toujours rapprochée des militants touareg pour se pencher sur la problématique du développement. L’Algérie est loin d’être dérangée, du moins officiellement, par les groupes islamistes qui s’appuient sur une approche religieuse pour influer sur la situation politique et le mode de gouvernance au sein des frontières de leurs pays respectifs.
Le danger et l’erreur, c’est quand l’extrémisme est utilisé pour promouvoir une doctrine dans laquelle la violence et le djihad sont les seuls moyens d’accéder au pouvoir, ont indiqué des sources diplomatiques.
Cette manière de voir les choses n’est pas nouvelle. Elle a déjà été déclinée par Rezag Bara, conseiller à la Présidence. Elle vient d’être rappelée à propos des actions d’Ansar Eddine et du Mnla. Ces derniers ont, depuis, renoncé à l’instauration de la charia dans certaines parties du Mali.
L’approche algérienne n’est pas religieuse au sens stricto sensu dans la mesure où elle accorde à la religion sa juste mesure dans une société musulmane avec la précision que les ennemis de l’Algérie ne sont pas les juifs ou les chrétiens.Mais au-delà de ces constantes, d’autres problèmes se posent lorsqu’il s’agit de coordonner la lutte internationale contre le terrorisme.
La difficulté est qu’il n’existe pas à l’échelle internationale de définition communément admise du phénomène du terrorisme. Les concepts diffèrent dans les Etats.
Il y a même un amalgame entre la lutte légitime contre l’occupation et la colonisation et l’exercice par certains Etats d’un terrorisme d’Etat contre des peuples occupés.