Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a déclaré hier soir à New York que la mission des observateurs de la Ligue arabe en Syrie était loin d’être terminée et qu’elle était » compliquée » et même » dangereuse « .
Le chef de la diplomatie algérienne a tenu ces propos lors d’une conférence de presse internationale organisée au siège de l’ONU à l’issue de la cérémonie de la passation de la présidence du G77 de l’Argentine à l’Algérie
Répondant à la question d’un journaliste sur la démission d’Anouar Malek, un membre algérien de la mission d’observateurs de la Ligue arabe en Syrie, M. Medelci a souligné que la constitution d’une mission d’observateurs exige, en général, que cette dernière soit formée à la fois de représentants des Etats et de la société civile
Outre les dix observateurs algériens qui représentent l’Etat algérien, a précisé le ministre, la Ligue arabe a également mobilisé des membres d’organisations non gouvernementales dont Anouar Malek
Dans sa réponse, M. medelci a aussi tenu à expliquer les tenants et les aboutissants de cette mission d’observateurs. Dans ce sens, il a souligné qu’en conséquence des informations contradictoires sur la situation en Syrie, il était alors important pour la Ligue arabe de mobiliser une équipe d’observateurs afin d’avoir une » évaluation objective » des événements dans ce pays arabe. Cette mission, a-t-il ajouté, est, non seulement, » loin d’être terminée » mais elle est » compliquée » et » dangereuse « .
La mission de ces observateurs, a-t-il rappelé, entre dans le cadre d’un plan devant aboutir à l’arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l’armée des villes et la libre circulation pour les observateurs arabes et la presse. Selon M. Medelci, si le gouvernement syrien a, certes, commencé à réaliser une partie de ces engagements, il n’en demeure pas moins que cela reste insuffisant.
En outre, le ministre a indiqué que ce qu’il faudrait retenir de la première évaluation de cette mission est que l’équipe composée actuellement de 163 observateurs doit être renforcée non seulement en effectifs, en doublant leur nombre actuel, mais aussi sur le plan logistique.
En outre, a-t-il poursuivi, cette mission d’observateurs a constaté que sur le terrain, la violence armée provient à la fois des forces armées du gouvernement syrien et de l’opposition dont une partie est également armée.
En conséquence, a-t-il noté, les observateurs arabes ont des difficultés aussi bien avec le gouvernement qu’avec l’opposition armée au point où les observateurs n’ont pas pu accéder à certains quartiers contrôlés par l’opposition et que certains ont, même, été blessés.
Sur ce dernier point, il est à rappeler que la Ligue arabe a dénoncé mercredi l’attaque qui a légèrement blessé onze membres de sa mission, et a attribué la responsabilité de cette attaque à des manifestants tout en reprochant aux autorités syriennes de n’avoir pas assuré la sécurité des observateurs sur le terrain.
Par ailleurs, M. Medelci a fait savoir qu’une deuxième évaluation de la mission des observateurs aura lieu le 20 janvier en cours, avançant que certaines initiatives pourraient être prises pour améliorer le processus de médiation de la Ligue arabe.
Interrogé par un autre journaliste sur de prétendues oppositions de l’Algérie à toute forme de sanction contre la Syrie lors des délibérations des réunions des ministres des Affaires étrangères arabes, M. Medelci a réfuté ces allégations. Selon lui, il s’agit plutôt de modération de certaines sanctions sévères suggérées, afin de ne pas porter préjudice à la population. En effet, a-t-il expliqué, » lorsqu’il faut punir un régime, faut-il aussi punir le peuple ? « .
A ce propos, il a donné l’exemple de l’atténuation de la sanction de transport aérien des voyageurs, dont la version initiale proposait d’annuler tous les vols aériens entre la Syrie et les autres pays, pour proposer finalement la réduction de moitié les vols aériens en direction et à partir de ce pays.
(APS)