Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a déclaré lundi 14 février sur Europe 1 que l’état d’urgence instauré en 1992 serait levé « dans les jours prochains ». Il a également jugé les mouvements de révoltes de « minoritaires ».
Après la chute des régimes Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte, des organisations de l’opposition algérienne appellent à manifester chaque samedi jusqu’à la démission du gouvernement. Le président Bouteflika a annoncé le 3 février que l’état d’urgence serait bientôt levé, sans plus de précisions. « Dans les jours prochains, on en parlera comme du passé », a déclaré Mourad Medelci aujourd’hui.
« C’est à dire en Algérie le retour à l’état de droit qui permet de manière totale l’expression des opinions mais toujours par référence à la loi. Les mesures exceptionnelles prévues par l’état d’urgence pourront être levées mais la lutte contre le terrorisme sera encadrée par des lois », a-t-il ajouté.
L’état d’urgence a été instauré en Algérie le 09 février 1992 au début de l’insurrection islamiste. En dépit des demandes récurrentes de l’opposition, les autorités algériennes ont toujours opposé une fin de non-recevoir.
Mis sous pression après les émeutes de janvier 2011 qui ont fait 5 mots, le président Bouteflika a tenté de desserrer l’étau autour de lui en concédant à abroger cette loi.
La marche pour le changement du système et pour la démocratie s’est heurtée samedi à un formidable dispositif de sécurité. Environ 2.000 personnes ont manifesté dans le centre d’Alger, mais elles ont été empêchées de défiler par les quelque 30.000 policiers déployés sur place.
Les révolutions en Tunisie et en Egypte « réveillent un certain nombre de voix, minoritaires de manière extrêmement claire pour tous se donnent un peu de la force » en Algérie, a expliqué le ministre algérien des Affaires étrangères.
« Les marchés organisées il y a quinze jours et samedi ont bien démontré que ces mouvements étaient des mouvements minoritaires. Je suppose, que de marche en marche, elles ne feront pas mieux », a ajouté Mourad Medelci.
Selon des chiffres officiels l’Algérie a connu plus de 10 000 émeutes et autres manifestations au cours de l’année 2010.
Interrogé sur les arrestations effectuées par la police lors de la marche du samedi 12 réprimée, le ministre a indiqué que toutes les personnes interpellées ont été relâchées.
« De toute façon les interpellations ont été faites chaque fois à la suite de provocation et je voudrais retenir pour vous et pour la communauté internationale le sens de la retenue de nos services qui ont reçu des coups qu’ils n’ont pas rendu », a-t-il ajouté.
Le propos du ministre algérien est une allusion à la déclaration du département d’Etat américain qui a appelé dimanche 13 février « à la retenue les forces de sécurité » en Algérie. « Nous prenons acte des manifestations actuelles en Algérie, et appelons à la retenue les forces de sécurité », écrit le porte-parole du département d’Etat Philip Crowley dans un communiqué.
« C’est une déclaration que je considère comme une déclaration prudentielle que comme un constat. Nous avons fait la démonstration cette année que le nombre de blessés se situe au niveau des services de sécurité beaucoup plus qu’au niveau des manifestants »
Mourad Medelci a écarté toute démission du gouvernement algérien, évoquant seulement des « ajustements ». « Le changement de gouvernement appartient au seul choix du président de la République qui évaluera la possibilité, comme il l’a fait dans le passé, d’apporter des ajustements », a fait valoir Mourad Medelci.
Agé de 68 ans, originaire de Tlemcen à l’instar de nombreux ministre de l’actuel gouvernement, Mourad Medelci qui n’a jamais brigué un mandat électoral a occupé plusieurs postes ministériels depuis 1988 avant d’être nommé chef de la diplomatie en juin 2007.