Medelci, entre la vente de nos réformes et le sauvetage d’Al-Assad

Medelci, entre la vente de nos réformes et le sauvetage d’Al-Assad
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En cette période préélectorale, la présidence algérienne du “groupe des 77” est bien tombée pour le régime. Le voyage de New York aura permis à Medelci de faire son marché de soutien à Washington. Il nous revient avec une promesse de visite et de bons mots d’Hillary Clinton sur les réformes qui pourront se revendre, ici, comme une appréciation américaine de notre révolution démocratique par le haut. Il restera à avoir l’assentiment “fraternel” du Qatar, gendarme délégué au financement et à la gestion des “révolutions arabes” et dont l’émir n’est jamais loin de nos initiatives diplomatiques dans la région.

En contrepartie de l’homologation américaine, et donc qatarie, des réformes, notre ministre a émis la garantie que personne n’interviendra pour empêcher les islamistes de prendre le pouvoir, rappelant, à juste titre, que cela “ne constituerait pas un événement” et que l’islamisme y est déjà. Honni soit qui mal y pense : “La main de l’étranger” ne manipule pas les pouvoirs ; elle ne peut manœuvrer que les masses qui se révoltent.



L’Algérie est rompue à cet exercice qui consiste à faire voir le changement là où rien ne bouge. Et même là où le régime s’arc-boute, balle au canon. C’est bardé de cette expertise que Medelci profitait de ce déplacement américano-onusien pour voler au secours de Bachar al-Assad. Juste avant que Bouteflika ne s’envole vers Tunis pour participer aux festivités de commémoration de la chute de Ben Ali. Celui-ci, qui fut un “modèle”, n’est plus défendable ; il est tombé. Pendant que nous fêtons la révolution avec les Tunisiens, notre ministre des Affaires étrangères accable la révolution syrienne : “Le sentiment est que le gouvernement syrien est en train de faire un effort, mais la Ligue arabe a surtout des problèmes avec l’opposition armée qui a carrément empêché les observateurs de se rendre dans les quartiers qu’elle contrôle.” Medelci a même vu “une ouverture aux médias” du régime Al-Assad !

Pour les besoins de la cause, notre ministre des Affaires étrangères a adapté le “qui-tue-qui” national au contexte syrien : “Si l’opposition continue de s’armer, il y aura un risque qui pourrait nous placer dans une situation de violence accrue”, a-t-il déclaré. Autrement dit, le surplus de violence ne peut venir que du renforcement en armes de l’opposition. Dans l’argumentation de Medelci, les effets prennent la place des causes, et vice-versa : ce n’est plus la violence contre les civils qui a poussé des militaires à déserter ; ce sont les déserteurs qui ont poussé l’armée loyale à la violence !

Mais au-delà de l’argument, se pose la question de savoir au nom de quelle logique de politique internationale l’Algérie se donne cette mission de défense diplomatique du régime syrien. Medelci, qui est allé vendre nos “réformes”, a fait les courses pour Al-Assad. À l’évidence, la Ligue arabe, à qui échoit actuellement le rôle d’agir en Syrie, souffre de divergences politiques sur le sujet.

Il est pourtant clair que l’unique moyen d’éviter une guerre civile, qui sera longue et meurtrière, à la Syrie, c’est de débarquer le clan Al-Assad.

M. H.

musthammouche@yahoo.fr