L’Algérie qui tutoie les horizons méditerranéens a fort à faire avec les bouleversements politiques que connaît son environnement géographique. Le printemps arabe qui paralyse la région et la crise économique en Europe interpellent forcément la diplomatie algérienne.
C’est lors d’une rencontre conviviale avec les directeurs de journaux tenue jeudi au palais nouvellement construit qui abrite les services de notre diplomatie que le ministre des Affaires étrangeres, Mourad Medelci, est revenu sur les points chauds de l’actualité du moment. Medelci, entouré de ses proches collaborateurs, a d’abord fait visiter le nouveau siège du plateau des Annassers à ses invités venus nombreux à ce rendez-vous.
Le ministre s’arrêtera un bon moment sur une plaque commémorative dédiée aux martyrs algériens. Par la suite, le premier responsable de ce département a indiqué que le ministère comprend des bureaux d’études et de travail, des salles de conférence, de réception et de réunion ainsi qu’un bloc qui abrite temporairement l’IDRI,
en même temps centre de formation diplomatique et «think tank» des AE. Le palais a une vue imprenable sur la Mare Nostrum qui devra inspirer certainement nos diplomates. Par la suite, le ministre a voulu écouter les responsables de la presse algérienne et a accepté, malgré les réserves d’usage, à échanger des réflexions avec eux.
Reprendre langue
Il faut savoir que l’objet de la rencontre était de renouer les liens avec les médias. L’actualité politique du monde arabe y est pour beaucoup, mais pas seulement puisque le ministère des Affaires étrangères a décidé de relancer sa «Com».
Les journalistes algériens et les lecteurs se sont rapidement familiarisés avec le nom du porte-parole des AE, Amar Belani, qui est devenu rapidement une référence. Sans complaisance aucune, les journalistes ont vécu comme une aubaine l’arrivée de ce diplomate qui a rompu avec la tradition feutrée des diplomates et l’usage de rester dans l’ombre qui a été érigé même en modèle.
Disponible et créatif, M. Belani a permis aux journalistes d’avoir de la «matière», mais il a surtout permis à la diplomatie algérienne de retrouver une voix, et à son département de communiquer en lieu et place des autres.
La rencontre de jeudi a été d’ailleurs le lieu pour les nombreux professionnels de rendre hommage au porte-parole des AE et de saluer devant le ministre cette initiative. Un ministre qui, même s’il ne se considère pas diplomate, dans le sens où il n’a pas fait carrière dans le corps, a rendu un vibrant hommage aux diplomates algériens, et à la politique extérieure du pays, fondée, précisera-t-il,
sur une doctrine et des principes étalés sur plusieurs décennies. Parmi ces principes, le sacro-saint «non-ingérence dans les affaires des autres pays», et le fait de traiter avec «les Etats et non pas les régimes». Tout était dit, et dans la nuance, Mourad Medelci a essayé d’expliquer la position de l’Algérie sur les événements de Tunisie, de Libye et sur la Syrie.
Aux questions des directeurs des organes de presse sur ce point précis, le ministre qui répondait invariablement de la même manière, et en bon diplomate, dira vouloir d’abord écouter les professionnels des médias. Il dira quand même pour souligner la justesse de la position algérienne, à propos de la Tunisie, que l’Algérie a fourni une aide financière à ce pays voisin, notant que les nouveaux gouvernants ont réservé leur première visite à l’étranger à l’Algérie.
Malgré les relances des journalistes, Medelci n’a pas voulu se livrer, préférant, en bon diplomate encore une fois, leur donner la parole, et revenant à l’objet de la rencontre, c’est-à-dire rouvrir les passerelles avec les médias, dont il louera par ailleurs la liberté de ton.
«La liberté d’expression est un droit inviolable et s’inscrit dans la loi constitutionnelle, pour un avenir meilleur». Selon le ministre, les portes du ministère sont grandes ouvertes aux journalistes et il est prêt à recevoir la presse à tout moment et cela en vue d’améliorer les rapports avec les médias.
«Il faut que les Algériens soient acteurs de l’information et non pas consommateurs, d’où la nécessité d’ouvrir le débat aux citoyens, comme le font certains journaux», argua-t-il. Il a proposé par la même occasion aux médias de fidéliser le contact par le biais de journalistes accrédités auprès de ses services, pour une relation continue et permanente avec le ministère.
Par Cylia Lateb