Les médecins résidents en appellent à Bouteflika

Les médecins résidents en appellent à Bouteflika

par M. Aziza

Les médecins résidents en appellent à Bouteflika

Les médecins résidents qui poursuivent leur grève pour le sixième mois consécutif, en désertant carrément les hôpitaux, ont sollicité l’intervention du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, afin de désamorcer cette crise, qui selon eux risque de durer plus longtemps, vu l’attitude de la tutelle. Les représentants du collectif des médecins résidents algériens (CAMRA), ont dénoncé, ainsi, les sanctions décidées par les responsables du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière, et ce, au lieu de trouver des solutions à des «revendications légitimes».

Intervenant, hier, lors d’une conférence de presse tenue, au siège du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), à Alger, les membres du CAMRA ont voulu répondre aux «campagnes de désinformation» visant la division des rangs des résidents et les manoeuvres «malsaines» de certains organes de presse qui, parfois, déforment les propos des représentants du CAMRA. Pour les médecins protestataires, la décision prise par le ministère de la Santé, visant le recrutement, en urgence, de 600 médecins généralistes pour être, rapidement, versés dans les différentes structures hospitalières du pays «est une solution de bricolage» pour «des problèmes de dysfonctionnement sérieux de notre système de Santé». Ils regrettent que «la tutelle ait préféré passer son temps à trouver des solutions de bricolage au lieu de chercher à régler un conflit qui a atteint un niveau de pourrissement assez inquiétant ». Les médecins résidents se sont interrogés, «pourquoi la tutelle n’a pas pensé aux médecins généralistes, au chômage, depuis déjà plusieurs années ?» Et de s’interroger encore «pourquoi les pouvoirs publics ne sanctionnent pas et ne contrôlent pas les gestionnaires et administrateurs, qui sont les premiers responsables de la mauvaise gestion, dans les hôpitaux publics ?» Et de se poser la question «est-ce que la prise en charge des malades était, déjà, optimale avant que les résidents arrêtent d’assurer les gardes ?» Un des conférenciers, en l’occurrence le Dr Taileb Mohamed, a affirmé qu’en dépit des budgets colossaux attribués par les pouvoirs publics au secteur de la Santé, la gestion au sein des structures de santé publique est «catastrophique». Et d’enchaîner «donc ce n’est pas les médecins qui doivent être sanctionnés, mais c’est plutôt ceux qui sont responsables de la gestion». Il précise que le médecin résident est devenu le «bouche-trou». Il est à la fois, le coursier, l’agent de garde, l’infirmier «parfois, on se déplace d’un service à un autre à la recherche d’un médicament de base pour des malades mourants», a-t-il affirmé. «Je pense que ce n’est pas les résidents qui sont responsables des pénuries de médicaments, dans les hôpitaux, ou de la débandade qui prévaut, dans les structures de santé publique», dira-t-il encore. Il affirme avec amertume, quand les médecins résidents sollicitent les administrateurs pour régler un problème, ils ne se déplacent même pas, et parfois ne répondent même pas au téléphone et aujourd’hui « ils nous ont sanctionné, alors qu’eux, ils sont dans l’impunité la plus totale».

Contrairement à ce qui se dit, les médecins résidents affirment qu’ils attendent une invitation officielle de la part de la tutelle pour un dialogue constructif autour de leurs revendications. Des revendications qui demeurent inchangées «contrairement à ce qui se dit, et qui n’ont pas changé depuis le début du mouvement». Si, pour la tutelle, les revendications portant sur le logement, le regroupement familial, les œuvres sociales ou encore les moyens techniques dans les hôpitaux ont été satisfaites, les résidents ont estimé que les modalités d’application de «ces engagements» restent floues ou inefficaces. Pour ce qui est du service civil, les résidents déplorent que sa durée soit maintenue à quatre ans à Oran et Alger et à trois ans dans dix wilayas. Une décision contradictoire avec l’argument clé des autorités qui veut que le maintien du service civil ait vocation à lutter contre les déserts médicaux, estiment-ils. En ce qui concerne la formation, les médecins résidents s’interrogent «où est passé le ministre de l’Enseignement supérieur pendant tout ce temps-là ?» Les médecins résidents affirment que «cette grève n’est pas contre les malades» mais pour «la dignité des médecins et pour une meilleure prise en charge du malade».