Pour le personnel médical et paramédical, victime des agressions, il devient urgent de “renforcer la sécurité des hôpitaux”.
Le phénomène des agressions des personnels médical et paramédical prend des proportions alarmantes. Il ne se passe pratiquement pas une semaine sans qu’on entende parler d’un médecin ou autre infirmier, en poste, agressé physiquement dans tel ou tel hôpital du pays. Si le phénomène n’est pas propre à l’Algérie, il a atteint, chez nous, des proportions alarmantes. Ces actes sont devenus “complètement banalisés”, déplorent des médecins et des paramédicaux, plus que jamais exposés au risque d’agression dans les différentes structures de santé. “Certes, l’agression contre des médecins ou autres personnels médicaux n’est pas propre à l’Algérie, preuve en est ce cas signalé dernièrement en France, mais le problème chez nous, c’est que ça s’est banalisé. Aujourd’hui, c’est toute notre société qui est violente. Mais cette violence s’explique aussi par les problèmes sociaux auxquels font face quotidiennement les citoyens. L’acte d’agresser un médecin, condamnable certes, mais dans certaines conditions, je ne peux que comprendre le désarroi du malade. Je m’explique : l’exemple de la pénurie de médicaments est un sérieux problème qui peut pousser le citoyen à réagir d’une manière violente. Il y a de quoi (…)”, regrette le professeur N. Djidjeli, président du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu). S’il condamne naturellement l’acte de l’agression, le professeur Djidjeli n’est pas moins outré par la mauvaise gestion du secteur et ne se prive pas de “blâmer les autorités” et de dénoncer “les mensonges de la tutelle”. “L’incurie de nos pouvoirs publics nous ont réduit à gérer l’ingérable », a commenté le professeur pour qui la mesure d’urgence à prendre pour limiter les actes de violence et sécuriser les personnels de la santé est de “renforcer la sécurité des pavillons par les éléments de la police « . Même son de cloche chez le professeur Y. Youssefi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), qui, lui, n’hésite pas à montrer du doigt “la responsabilité” du ministère de la Santé. Pour le professeur Youssefi, “le laisser-aller total des autorités a fait qu’aujourd’hui, les médecins du secteur public soient livrés à eux-mêmes ». De manière plus large, M. Youssefi déplore la violence qui gagne de plus en plus notre société, devant “l’absence de l’État”. D’où son appel d’urgence, pour d’abord sécuriser les structures de santé, puis penser à régler progressivement les multiples problèmes que vit notre système de santé. Le professeur Youssefi relève, à ce titre, le nombre insuffisant et la désorganisation des agents de sécurité, mais surtout l’absence de la police dans certains centres de santé, ou encore la “passivité” des quelques policiers existant dans d’autres structures. Les responsables de la DGSN ne semblent pas moins conscients de cette situation désolante et comptent désormais remédier à cette crise d’insécurité au sein des structures de santé. “Suite aux plaintes enregistrées ces derniers temps, relatives aux agressions de plusieurs éléments des personnels médical et paramédical, la DGSN vient de décider officiellement de renforcer la présence des policiers et mettre en place des postes permanents, notamment au sein des centres hospitalo-universitaires (CHU) et autres structures implantées dans des quartiers populaires, ou ce qui est désigné comme zones chaudes”, apprend-t-on d’une source proche de la DGSN. Parmi la série d’agressions signalées depuis le début du mois courant, on rappellera notamment, l’agression par un policier et ses proches du docteur Bachir Guerbas, au service des urgences de l’hôpital Mustapha-Pacha, ou encore ce médecin radiologue agressé à l’hôpital de Khenchela. Hélas, des cas similaires sont encore légion…
F A