Elus de wilaya, agriculteurs ou simples citoyens s’accordent à dire, à juste titre, que la wilaya de Médéa pourrait figurer parmi les plus dynamiques en matière de développement agricole.
Mais la gestion inappropriée et volatile du foncier agricole freine quelque peu ce secteur stratégique, depuis les errements de la Révolution agraire en passant par les flots de réformes et contre-réformes.
Un état des lieux peu reluisant constaté et relevé par la commission de l’ APW chargée de l’ agriculture, lors de la dernière session ordinaire consacrée à ce dossier. Aujourd’hui, 40 ans après, sur un potentiel agricole de 733 541 hectares pour une superficie totale de 877 595, seuls 338 359 ha sont exploités, soit un manque à gagner de 145 495 ha, indique la même source. L’équation épineuse du foncier illustrée par la non régularisation des terres relevant aussi bien du domaine de l’Etat que du privé a donné un coup de frein à l’émergence optimale de l’agriculture , et déteint sur l’engouement des fellahs confrontés aux actes administratifs, aux contraintes liées au soutien agricole, à l’électrification rurale, à l’ouverture de pistes, les accrocs bancaires, l’irrigation, le renouvellement des équipements, les engrais, souligne le rapport élaboré par cette commission.
Facteurs, qui ont vidé pour une part la substance des programmes et projets, tandis que le schéma d’irrigation reste stationnaire depuis des lustres, avec une superficie en irrigué de 9 773 ha, soit à peine 2% de la SAU, et ceci malgré l’existence d’une capacité d’eau mobilisée de 31 794 000 m³ à travers 50retenues collinaires et 20 petits barrages, selon les données fournies par la Direction de la planification et de l’aménagement du territoire (Dpat).
Dans la wilaya de Médéa, l’agriculture emploie 86 000 travailleurs (50% de la population paysanne) pouvant gagner de nouvelles superficies, produire et donc accroitre les rendements dans toutes les filières, pour peu que les traverses du foncier et les doléances soient prises en compte, comme le stipule l’une des 19 recommandations de l’ APW.
Il y a une batterie de dispositifs de soutien en amont et en aval, des compétences avérées au sein de la Direction des services agricoles (DSA), d’immenses perspectives aussi pour relever le challenge. Autre point majeur omis lors des débats, les 200 000 hectares de superficie pastorale synonymes d’agroalimentaire, d’industries de transformation et donc vecteurs de richesses et d’emplois (lire nos précédentes éditions). Un » océan » steppique en stand by, alors que sa mise en valeur intégrée s’avère autrement plus durable et porteuse que ne le sera le radeau de chimères de la ville-nouvelle de Boughzoul…
Abderrahmane Missoumi