Médéa : une filière en or abandonnée

Médéa : une filière en or abandonnée

Des financements à hauteur de 1 000 milliards DA sont alloués à l’agriculture pour la période 2010-2014.

Un montant faramineux qui donne plus de visibilité sur ces cinq années, les incitations à l’amélioration de la production nationale, au développement et à la diversification des filières du secteur Au niveau de la wilaya de Médéa, la culture de la figue de Barbarie est totalement délaissée, et aucun projet n’a été semé sur une superficie pastorale de 200 000 ha au moment où chez nos voisins, Tunisie en tête, la superficie dédiée à cette filière agricole baptisée « reine » des récoltes, avoisine les 500 000 ha, et plus rentable que la viticulture.

Les spécialistes de la région s’accordent à dire que les localités de Sebt Aziz, Ksar El Boukhari, Aïn-Boucif, Chellalat Ladhaoura, Boughzoul, Chahbounia et Bouaïche, sont le terrain propice au développement et à l’exportation de ce fruit qui n’a pas encore trouvé place dans le schéma directeur des services agricoles. Dans l’argumentation scientifique, la culture du cactus en général et du figuier de Barbarie en particulier (appelé l’Opuntia ficus-indica ou nopal); pousse spontanément en zones arides et semi-arides. Le climat et les conditions des localités précitées s’y prêtent, pourtant, à merveille. Ne nécessitant ni irrigation, ni entretien. La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) a créé, durant les années 1990, tout un réseau international libellé « FAO.Cactus Net ».

Et tous nos interlocuteurs soutiennent qu’il est maintenant impératif d’exploiter ce 200 000 ha. En agriculture, la figue de Barbarie sert de cloture végétale et surtout d’aliments « gratuit » pour le cheptel ovin dans ces contrées à vocation agropastorales où le fourrage y est très rare. Les tiges de cactus (cladodes) peuvent même assurer 80% des besoins du bétail en eau d’abreuvement, contribuer à la fixation des dunes, à l’enrichissement du sol en matière organique, à la lutte contre la désertification et l’érosion. Au plan de la santé humaine, ses propriétés thérapeutiques font listing. Elle régule le diabète et le transit intestinal, réduit le taux de cholestérol et est bénéfique pour les hypertendus et les ulcéreux.

En termes de revenus, l’huile qui est extraite des pépins de la figue de Barbarie se négocie actuellement autour de 1 000 euros le litre en Europe. Elle est exportée à prix d’or de la Tunisie et du Maroc, qui collaborent avec un institut américain de la santé, afin de promouvoir, dans le domaine médicinal, ses vertus. Chez nous, les participants à un forum national tenu il y a quelques jours à Souk Ahras, sur le thème « Figue de Barbarie, moyens et voies pour un développement », a vu la participation d’experts de 11 pays arabes et maghrébins, le Mexique, l’Argentine et le Brésil, à l’effet de consolider davantage cette filière à forte plus-value. Actuellement, seule la région de Souk Ahras porte l’étendard, en attendant Médéa. Un jour peut-être…

Abderrahmane Missoumi