Médéa : habitat précaire, une équation épineuse

Médéa : habitat précaire, une équation épineuse
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Officiellement, 17 000 habitations précaires sont recensées à travers les 64 communes que compte la wilaya de Médéa, mais à y voir de près, ce chiffre est loin de refléter la réalité. C’est le cas de Ksar El Boukhari, seconde commune par le poids démographique, avec plus de 80 000 habitants, regroupant à elle-seule, plus de 4 000 masures partagées entre le Vieux-Ksar et les deux Zaouias. Une donne dont on mesure, aujourd’hui, les dramatiques conséquences, malgré plusieurs cas dont celui de « Adjlana » où 1 028 familles ont été relogées il y a quelques années.

A un moindre degré, Berrouaghia et son vieux bâti localisé à Draâ Essouk et Draâ Sbaytar peuplés par plus de 500 familles. En plus des localités de Zoubairia, Chellalat El Adhaoura, El Hamdania et Tablat. Un mitage en règle des villes par l’installation de quantités de bidonvilles et d’habitations datant de l’époque coloniale, voire turque, ayant rendu complexes les opérations destinées à atténuer le phénomène.

Le constat est sans appel, depuis 2005, un programme global de 9 500 logements réservés au RHP n’a pu remédier à la problématique exacerbée par un lourd déficit estimé à 11 000 unités, et les capacités de réalisation jugées faibles. Les différentes formules initiées par les pouvoirs publics n’ont pas donné la preuve de leur efficacité, et d’aucuns pensent qu’elles ne font qu’alimenter la spéculation.

Face à cette situation d’ingérabilité aggravée par l’exode rural massif des années 1990, des centaines de citoyens ont été contraints de recourir à tous les expédients pour se procurer un toit. Pour d’autres, le choix est restreint: construire un gourbi dans un lit d’oued, dans une EAC ou EAI, sur des terres domaniales, voire à l’intérieur des forêts limitrophes. Les exemples de ce genre sont légion. Une conséquence aussi d’une gestion approximative de la crise du logement, et du foncier.

Depuis les années 1990, quelque 1 00 000 personnes ont fui les campagnes vers les villes, peut-être davantage. Selon des données fiables, 72% d’habitants vivent dans les villes alors qu’elles n’étaient que 30% dans les années 1970. Une vingtaine de communes ont vu leurs populations diminuer pendant la période intercensitaire dans des proportions qui ont atteint jusqu’à 50% à l’instar des communes d’El Hamdania, Ouled Bouachra, Ouled Antar, M’ Fateha, Derrag, Ouled Hellal, Sebt Aziz. Et il est difficile, aujourd’hui, d’opérer le flux inverse.

On s’attend même à de nouveaux mouvements d’exode dans les années à venir, en dépit des projets de proximité (Ppdri) lancés pour repeupler villages et douars. Assurément, c’est une véritable bombe à retardement difficile à manipuler. S’y greffe le phénomène de la sous-location: « les gens revendiquent le logement, mais dès qu’ ils obtiennent les clés, c’ est le train régulier de la sous-location », affirment des citoyens. Une pratique par ailleurs identifiée, même si l’accès à ce type de logement est verrouillé aux catégories qui ne sont pas dans le besoin. Et les gens s’interrogent sur l’absence de contrôle à l’effet de faire cesser ces pratiques frauduleuses causant d’énormes préjudices à la société entière.

Abderrahmane Missoumi