Médéa : 70 enfants victimes d’agressions multiples

Médéa : 70 enfants victimes d’agressions multiples
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Le coup d’envoi de la Journée d’information et de sensibilisation sur la violence contre les enfants, a été donné, hier, au Centre des loisirs scientifiques (CLS) de Médéa Organisée à l’initiative de l’Office des établissements de jeunes (Odej), cette manifestation, inaugurée en présence des représentants du Groupement de la Gendarmerie nationale, de la Sûreté, de l’éducation, des Affaires religieuses et sociales, d’élèves des paliers primaire et moyen, des parents-d’ élèves, et du mouvement associatif et scouts, s’inscrit dans le cadre du plan de communication et d’échanges entre institutions.

Cinq interventions ont été données sur  » la violence sous toutes ses formes contre L’enfant », particulièrement les enlèvements et meurtres.

Le capitaine Khaled Medhoura, du Groupement de gendarmerie, et les commissaires Mustapha Bouras et Nabil Toualbi ont fourni, à cette occasion, des statistiques sur les violences commises sur enfants au niveau de la région de Médéa. Des chiffres qui donnent froid dans le dos: de 20 crimes recensés en 2010, le phénomène est passé à « 50 durant l’année 2O11, soit un total de 70 victimes âgées de 8 à 13 ans.

Un fléau insidieux, qui a imposé, en 2012, la mise sur pied de brigades de protection des enfants relevant de la Gendarmerie nationale et de la Sûreté. En outre, le détournement et l’incitation à la débauche, les agressions sexuelles, l’incitation à la consommation de stupéfiants, le travail illégal ont complété l’ossature de ces maux qui avancent inexorablement et gagnent chaque jour du terrain et des victimes en dépit des actions menées nuit et jour par les forces de l’ordre.

Par-delà les chiffres, les spécialistes présents ont ouvert des pistes de réflexion, des points de repère opérationnels, pour tenter de démêler cet écheveau complexe, à l’interface de la criminologie et de la psychiatrie, principalement les enlèvements suivis d’assassinats crapuleux entrés, désormais, dans les mœurs de la wilaya de Médéa.

Un état de dérèglements criminogènes a fait surface dans une contrée réputée conservatrice.

Un verrou qui vient de sauter. Cependant, peu de chiffres et un faible éclairage durant cette manifestation par les instances confrontées à la dure réalité du terrain.  » Une autorité parentale démissionnaire, une institution scolaire avachie, le chômage, la drogue, les psychotropes, le relâchement des mœurs, la perte des repères traditionnels, les violences conjugales, à l’école et dans les stades, la loi de la jungle que la rue a fait sienne », sont mis en avant par un psychologue interrogé par Mon journal en marge de la rencontre. Un membre d’une association est sur son terrain: Il est impensable, explique-t-il,

« d’appréhender le phénomène dans sa globalité sans faire le lien direct avec les conditions socioéconomiques.

D’ abord, la déperdition scolaire où des centaines d’élèves des cycles primaire, moyen et secondaire éjectés annuellement des bancs de l’école et dont la société hérite sans trop savoir quoi en faire. L’oisiveté, les horizons plombés, l’écoute -denrée socialement rare-, l’absence d’un travail de proximité et de relais se combinent pour déboucher sur ces fléaux en évolution ».

L’instabilité familiale aussi, « qui pousse les enfants à quitter le domicile, volontaire ou forcé, le conditionnement désastreux des films érotiques via Internet, ouvrent ainsi les portes grandes au deal, la violence subie ou sécrétée, la pédophilie », ajoute notre interlocuteur, qui insiste sur le travail de prévention, notamment durant les périodes à risque, avant le passage à l’acte.

L’Etat a mis les grands moyens, mais il y a éparpillement d’énergies, le déficit en matière d’information et de sensibilisation les plus larges, au moment où la délinquance sexuelle (masculine et féminine) et kidnappings semblent marcher d’un même pas. L’absence de décompte et le tabou autour de ces deux fléaux, font qu’il est difficile de se faire une idée précise sur leurs proportions.

Ce qu’on pourrait dire, c’est que les enlèvements ont créé un sentiment général d’insécurité, de nouveaux réflexes, une vigilance quotidienne aussi. Reste l’implication des citoyens.

Abderrahmane Missoumi