Les intempéries persistantes depuis vendredi dernier glissent dangereusement vers le sinistre. Une vingtaine de wilayas, celle du centre et de l’est du pays où vivent pratiquement les deux tiers de la population algérienne, sont les plus touchées par cette exceptionnelle dégradation météorologique, avec son lot de désagréments directs et indirects.
Les chutes incessantes de neige ont déjà mis des régions entières en Kabylie, au sud d’Alger, dans le Constantinois et les Aurès hors civilisation ! Sans électricité, sans eau, sans gaz et sans vivres depuis samedi, des populations entières y vivent le calvaire, souvent aggravé par un parfait isolement du reste du monde du fait des coupures de toutes les liaisons routières ou de communication.
A Jijel et Mila, où les établissements scolaires ont tous été fermés depuis hier, l’on craint le pire que fait planer sur ces deux wilayas le risque du débordement du deuxième plus grand barrage d’Afrique, le Béni Haroun. A Sétif, où les baisses de températures sont déjà, en soi, une menace, la population doit en plus faire face à une crise de pain suite à la grève déclenchée, hier lundi, par les boulangers. Partout ailleurs, Alger compris, les pénuries et les hausses des prix des produits alimentaires commencent à être vécues comme une fatalité. Mais les premiers signes du mécontentement populaire se sont fait entendre à Boumerdès hier lundi déjà, où quelques émeutes ont ciblé des édifices publics. Pendant ce temps, le ministère de l’Intérieur, l’institution publique la plus directement concernée par ce genre de calamité, semble n’être préoccupé que par deux dossiers prioritaires : les prochaines législatives et les agréments des nouveaux partis politiques ! Pour le reste, on s’en remet à Dieu. Comme l’a si bien fait Ghoulamallah lorsqu’il organisait une «salat el istiskaa» que tous les services météorologiques de la planète savaient absolument inutile….
K. Amarni