Mecherara : «C’est à Saâdane de décider s’il restera ou non à la tête de la sélection»

Mecherara : «C’est à Saâdane de décider s’il restera ou non à la tête de la sélection»

«Si on décide de ramener un entraîneur étranger, le problème du salaire ne se posera pas.»

Le président de la Ligue nationale de football (LNF) et vice-président de la FAF, Mohamed Mecherara, qu’on a rencontré avant-hier tard dans la soirée à l’aéroport international d’Alger où il était venu accueillir la délégation algérienne à son retour d’Afrique du Sud, a gentiment accepté de répondre à nos questions et nous parler justement de l’avenir de la sélection nationale, après cette participation à la Coupe du monde. On a aussi évoqué avec lui le devenir de l’actuel sélectionneur Rabah Saâdane et du bilan tiré de cette aventure sud-africaine. Entretien !

Vous êtes ici à l’aéroport d’Alger pour accueillir la délégation algérienne qui est de retour d’Afrique du Sud. Si on vous demandait d’établir un petit bilan sur la participation de l’EN à ce Mondial, que diriez-vous ?

Il faut dire qu’on est tous satisfait du parcours qu’a accompli la sélection nationale en Afrique du Sud, lorsqu’on sait qu’il y a tout juste un an, personne ou presque ne misait sur le potentiel de cette équipe à se qualifier à cette phase finale de Coupe du monde. Après un excellent parcours réalisé aussi lors de la dernière CAN, on ne peut qu’être fiers. On fait partie de la cour des grands et c’était donc évident que la tâche n’allait pas être aisée. A l’issue de notre participation à ce Mondial, on peut dire qu’on a construit une équipe d’avenir. Il faut à présent la rendre davantage performante. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne doit pas s’arrêter en si bon chemin.

Il faut dire que le public algérien est resté quelque peu sur sa faim et a longtemps espéré cette qualification historique de sa sélection pour les 8es de finale, d’autant que l’espoir était permis…

Cela s’explique par le grand amour que portent les supporters algériens à leur sélection. Vous savez, il y a 1 an et demi de cela, si vous aviez demandé à un simple citoyen algérien ce qu’il espérait de l’EN, il vous aurait dit que si elle se qualifiait à la Coupe d’Afrique, ce serait formidable. Maintenant, il est évident qu’une fois qualifiée à la Coupe du monde, tous espèrent ramener le trophée au pays (rires). Il faut rester lucide et surtout continuer à travailler. Vous savez, ceux qui gagnent la Coupe du monde sont les équipes qui travaillent sur le très long terme et sans relâche. La consécration ne vient pas comme ça. Je voudrais ajouter une chose.

Allez-y…

Il faut que les gens sachent que nous sommes au tout début d’une nouvelle réforme du football en Algérie. Aujourd’hui, on a la chance d’avoir une bonne Equipe nationale de base et avec l’appui du gouvernement, on peut prétendre avancer et aller plus loin.

Quel est le programme tracé par la fédération pour promouvoir encore plus le football national ?

Comme vous le savez, la Fédération algérienne de football, en collaboration avec le gouvernement, a mis en place récemment toute une politique de professionnalisme qui a déjà démarré. Qui dit professionnalisme dit rigueur et fermeté dans la gestion des clubs. Ces derniers, dorénavant, ne seront coachés que par des techniciens compétents, que ce soit en seniors ou en jeunes. On compte par cette méthode apporter un nouveau souffle au football local surtout et élever notamment le niveau de la formation. Tout cela pour garantir la continuité au sein de la sélection A et ne pas retourner en arrière. Vous savez, les gens oublient sans doute que cette EN, qui nous donne beaucoup de joie aujourd’hui, est composée dans sa plus grande partie de joueurs que nous avons dénichés en 2003. Des éléments tels Bougherra, Ziani et bien d’autres, à leurs débuts, jouaient en Espoirs devant des galeries vides au stade de Blida. Ziani n’est pas devenu un grand joueur subitement, il a beaucoup travaillé, que ce soit en club ou en sélection pour arriver au niveau qui est le sien aujourd’hui. On a des jeunes qui montent tout doucement et avec le temps, ils feront Inch’Allah le bonheur des supporters.

Quel est le programme que compte élaborer la FAF après cette participation en Coupe du monde ?

Il faut dire qu’on ne dispose pas vraiment de beaucoup de temps. Dans un peu plus d’un mois, on disputera un match amical face au Gabon ici à Alger. Par la suite, au début du mois de septembre, l’équipe entamera les éliminatoires de la CAN 2012. Actuellement, on pense plus à laisser les joueurs se reposer et profiter de leurs quelques jours de vacances, avant de se remettre au travail.

La FAF a-t-elle prévu une réunion pour tirer le bilan de cette participation en Coupe du monde ?

Absolument. Je vous informe que nous avons déjà commencé à établir le bilan de notre participation à notre lieu de regroupement en Afrique du Sud, après la fin de notre match face aux USA, et nous comptons le poursuivre ici à Alger avec l’ensemble des staffs technique, médical et administratif aussi. Gérer une sélection nationale n’est pas aussi facile que cela.

Il faut savoir mettre les joueurs dans de très bonnes conditions et se comporter en de vrais professionnels. Là où on notera des insuffisances, on essayera de les corriger pour éviter de retomber dans les mêmes erreurs à l’avenir. Tout ce qui n’a pas marché sera discuté pour apporter des améliorations. Nous tirerons un bilan pour faire en sorte d’avancer dans notre façon de travailler.

Justement, y aurait-il des joueurs qui se seraient pas intégrés au sein du groupe durant ce Mondial ?

Globalement, non. Vous savez, le football est ainsi fait. Quand l’entraîneur annonce le onze rentrant, vous avez 12 qui font la tête. 5 minutes après, quand on annonce la liste des joueurs remplaçants, il y a sept éléments de moins qui boudent.

Saâdane sera-t-il reconduit dans ses fonctions de sélectionneur de l’EN ?

Pourquoi pas ? De toutes les façons, c’est à lui de décider et on verra après.

On comprend par là que Saâdane n’a pas encore rendu sa décision à la FAF…

Actuellement, nous sommes en train de tirer le bilan. Le contrat de Saâdane prendra fin ce mois-ci, soit au terme du Mondial. A notre niveau, on a estimé que Saâdane a très largement atteint les objectifs qui lui ont été assignés.

On peut donc dire que du côté de la fédération, on est entièrement satisfait du travail accompli par Saâdane depuis 3 ans ?

Tout à fait. On est très satisfaits du travail qu’il a fait. Maintenant, nous nous préparons à élaborer un travail qui s’étalera sur huit ans. On vise 2018, pas seulement la Coupe du monde, mais beaucoup plus la formation qui est irréversible. Là, il faudra travailler avec un coach auquel on expliquera notre programme, nos objectifs et nos ambitions. C’est à Saâdane de décider maintenant. S’il se sent capable de tenir jusqu’au bout, il n’y aura alors aucun problème.

Autrement dit, si Saâdane accepte ce challenge, c’est lui qui restera l’entraîneur de l’EN ?

Ecoutez, on ne peut pas dire aujourd’hui s’il acceptera ou refusera ce challenge. Nous avons un programme bien établi à la fédération et qui nous tient à coeur. Maintenant si Saâdane se sent capable de réaliser nos objectifs, on discutera alors sur la façon de voir les choses pour y parvenir. Il est clair qu’il sera secondé. Vous avez vu que dans notre staff médical, on avait pas moins de 8 personnes et je peux dire que c’est grâce à eux que notre équipe a pu être remise sur pied pour la compétition. Maintenant, on sait ce qu’il faut, on a gagné nous aussi en expérience et tiré beaucoup de leçons.

Saâdane a-t-il été associé à ce programme ?

Mais bien sûr. Comme je viens de vous le dire, on verra au moment opportun.

Pour ce qui est de cette loi adoptée par le Parlement du temps de l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Yahia Guidoum, qui interdit une revalorisation salariale de plus de 10 000 euros pour tout entraîneur étranger qui prendrait en main la sélection nationale. On croit savoir qu’elle est toujours en vigueur, et cela peut alors poser problème à la fédération si elle envisage de ramener un grand technicien étranger…

Non, cela ne se posera jamais. Maintenant si l’Etat algérien fixe le salaire d’un grand entraîneur étranger, je pense qu’il n’y aura aucun problème. Il faut savoir aussi que ce n’est pas une loi fixe, c’est juste des arrêtés qui ont fixé les indemnités pour tout éventuel sélectionneur étranger.

Pour conclure, on voudrait juste savoir pour quelle raison certains joueurs ont eu la permission de rejoindre la France directement d’Afrique du Sud, alors que d’autres ont rallié le pays avec le reste de la délégation ?

Certains joueurs, comme vous l’avez-dit, ont été libérés plus tôt et avec la permission bien entendu de rejoindre l’Europe, c’est tout.

C’est eux qui l’ont demandé et on n’y a pas trouvé d’inconvénients à les laisser partir. C’est comme les joueurs qui sont venus tout à l’heure à Alger. Certains voulaient passer la nuit à l’hôtel Hilton, d’autres au Sheraton et d’autres aussi chez leurs parents. On a voulu satisfaire tout le monde, c’est tout. Il ne faut pas tout le temps polémiquer pour le plaisir de la faire.