Mebtoul : le retour aux licences d’importation est contraire aux engagements internationaux de l’Algérie

Mebtoul : le retour aux licences d’importation est contraire aux engagements internationaux de l’Algérie

Suite à la déclaration au Ministre du Commerce algérien sur le retour aux licences d’importation, le professeur Abderrahmane mebtoul a réagi, dans une déclaration parvenue à notre rédaction, en avançant que cette décision ministérielle est en porte à faux avec les engagements internationaux de l’Algérie.

En cinq points, le professeur Mebtoul dénonce les « mesures administratives autoritaires », la « relance l’activité nationale productive par décrets ou par le volontarisme étatique », tout en mettant en garde contre »l’extension de la sphère informelle » qui porterait un « lourd discrédit à l’image internationale de l’Algérie ». L’auteur préconise plutôt de « libérer les initiatives créatrices loin de cette bureaucratie étouffante » tout en espérant que le gouvernement corrigera au plus vite ce « discours négatif qui risque d’isoler encore plus l’Algérie ».

1.-Etant à l’ère de la mondialisation donc devant avoir des stratégies d’adaptation, il y a lieu d’éviter cette mentalité bureaucratique de facilité du recours aux mesures administratives autoritaires. L’expérience de par le monde montre que lorsqu’un pouvoir agit bureaucratiquement, sans concertation et sans tenir compte de la réalité locale et internationale, la société enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner en dehors de l’Etat officiel, se traduisant alors par un divorce croissant Etat/citoyens favorisant l’extension de la sphère informelle.

2.-On ne protège pas, ni on ne relance l’activité nationale productive par décrets ou par le volontarisme étatique, vision d’une mentalité bureaucratique rentière. Il semble donc qu’ à travers sa déclaration reprise par les médias le 17 septembre 2014, le Ministre du commerce algérien semble déconnecté des réalités locales que mondiales et annonce un retour aux licences d’importation contraires aux engagements internationaux de l’Algérie et paradoxalement un engagement d’adhésion de l’Algérie à l’organisation mondiale du commerce (OMC) qui prohibe ce genre d’actions.

3.-Cette décision occasionnerait des rentes au profit de ceux qui auraient des licences d’importation et favoriserait l’extension de la sphère informelle notamment marchande déjà florissante. L’objectif stratégique est de mettre en place des mécanismes de régulation transparents concurrentiels dans le cadre de l’Etat de Droit et la démocratisation de la société, qui seuls peuvent favoriser le développement national hors hydrocarbures.

4.-L’on doit impérativement tout en conciliant efficacité économique et une très profonde justice sociale libérer les initiatives créatrices loin de cette bureaucratie étouffante, que ce soit les entreprises publiques, privées locales et internationales créatrices de valeur ajoutée. L’économie de marché ne signifie pas la fin de l’Etat mais un Etat régulateur fort se fondant sur une planification stratégique en ce monde interdépendant en perpétuelle évolution, turbulent et instable..

5. Car si cette décision qui ne peut relever d’un Ministre du commerce venait à être appliquée, elle porterait un lourd discrédit à l’image internationale de l’Algérie. Espérons que le gouvernement, seul habilité à engager l’avenir du pays sur des questions stratégiques, l’Algérie ayant toujours respecté ses engagements internationaux, corrigera ce discours négatif qui risque d’isoler encore plus l’Algérie du concert des Nations, sans solutionner le problème de la dynamique socio-économique interne.