On connaissait la carrière du joueur émigré qui possède un CV assez impressionnant. Mais dans cet entretien, nous avons décidé d’évoquer avec Youcef Sofiane une partie de sa vie privée afin de le faire connaître aux supporters du Mouloudia qui attendent beaucoup du vice-champion d’Europe avec la sélection française des U-17.
Avant toute chose, nous voudrions avoir votre avis sur l’ambiance qui règne au sein du groupe, vous qui êtes une nouvelle recrue ?
Sincèrement, il y a une ambiance extraordinaire au sein du groupe. C’est une équipe de jeune qui aime rigoler et déconner mais lorsqu’il s’agit de boulot, tout le monde devient professionnel. On s’est faire la part des choses. C’est important dans la vie d’un groupe d’avoir une bonne ambiance saine sans coup bas.
C’est-à-dire ?
Je peux vous dire que lorsque je jouais à Lille, on était sur le point de décrocher une place en Ligue des champions mais dès que les clans ont apparu dans le groupe, tout s’est effondré. On le sentait d’ailleurs sur le terrain. C’est pour cela que j’ai mis l’accent sur la nécessité d’avoir un bon état d’esprit dans le groupe. Je sais que si le Mouloudia a remporté le titre avec un groupe aussi jeune, c’est qu’il y avait cette solidarité entre les joueurs qui constitue la force d’une équipe.
On croit savoir que vous étiez en vacances lorsqu’on vous a proposé de rejoindre le Mouloudia…
Effectivement, j’étais en vacance avec ma famille. J’étais à la plage lorsqu’on m’a appelé pour me proposer de jouer au MCA. Je ne vous cache pas que j’étais ravi, voire excité de porter le maillot d’un club comme le Mouloudia qui est très populaire que ce soit en Algérie ou en France. Dans mon esprit, le seul club pour lequel je voulais jouer en Algérie, c’était le Mouloudia. Je ne me voyais pas dans une autre équipe. Ensuite, tout a été fait pour que je rejoigne le MCA.
On croit savoir qu’on vous parle beaucoup de Bouguèche en raison de vos origines d’Arzew…
(Sourire) Tout à fait, à chaque fois on me parle de Bouguèche, qui était le meilleur buteur du championnat, parce qu’il est natif d’Arzew comme ma mère. J’ai de la famille qui réside à Arzew du côté maternel. Mon père est de Kseur Chelala. Donc, j’ai la plupart de ma famille ici en Algérie.
Est-ce qu’il sont fans du Mouloudia d’Alger ?
A Arzew, je pense qu’ils sont surtout fans du Mouloudia d’Oran. Mais bon, puisque je suis au MCA, j’espère qu’ils viendront me soutenir lorsque je jouerai à Oran.
L’Equipe nationale, est-ce que vous y pensez ?
Pour être franc avec vous, ce n’est pas d’actualité. Pour moi, le plus important, c’est de réussir une très grande saison avec le Mouloudia avec au bout un titre.
Vous paraissez très ambitieux pour la saison prochaine…
Ecoutez, dans une carrière d’un joueur, on ne garde que les titres et les trophées remportés. Je suis quelqu’un de très ambitieux car si je suis venu au Mouloudia, ce n’est pas pour faire de la figuration. Je suis là pour gagner le titre car c’est le statut de champion qu’il faudra défendre crânement. Ce sera difficile car il y a de grandes équipes comme Sétif et la JSK, mais si nous mettons nos ambitions personnes de côté pour œuvrer tous ensemble avec ce même objectif, je pense qu’on pourra y arriver.
Est-ce que vous avez suivi par le passé des matches du Mouloudia ?
J’ai suivi à la télévision le match derby entre le Mouloudia et l’USMA qui s’était achevé sur le score de 2 buts partout. Il y avait une ambiance de folie dans le stade, chose qu’on ne trouve pas en France. J’ai hâte de connaître cette ambiance qui caractérise les stades algériens.
La saison passée ces mêmes stades étaient complètement désertés par les supporters…
Je sais cela. C’est à cause de l’Equipe nationale et la Coupe du Monde. C’est tout à fait normal qu’il y ait cet engouement derrière l’Equipe nationale. Mais je pense que la saison prochaine, les stades vont vibrer de nouveau avec les prouesses des clubs.
Vous avez été avec Yebda et Megheni en équipe de France des U-17. Est-ce que vous êtes toujours en contact avec eux ?
Je suis toujours en contact avec Hacen Yebda qui est un très bon pote à moi. Megheni, je l’ai perdu de vue depuis un bon moment. Je connais aussi très bien Djebbour qui est un très bon copain à moi.
Vous avez été vice-champion d’Europe avec les U-17 de la France. Vous avez perdu contre l’Espagne. C’était un souvenir très douloureux, non ?
Perdre une finale de Coupe d’Europe des nations n’est pas facile à digérer. Nous avons perdu un à zéro face à l’Espagne. Le but a été inscrit par Fernando Torres. Il y avait dans cette équipe d’Espagne, Fabregas et Iniesta.
Qu’avez-vous ressenti en voyant ces mêmes joueurs décrocher il y a de cela quelques jours la Coupe du monde avec la Roja ?
C’est bizarre comment les carrières des joueurs peuvent prendre des trajectoires différentes ! Il y a aussi Christiano Ronaldo que j’avais affronté à l’Euro des U-17. Ce n’est pas une surprise de voir l’Espagne remporter la Coupe du monde car c’est un travail de longue haleine qui s’est fait.
Ça dû être une grosse déception pour vous de rater la Coupe du monde que les U-17 remportée par Megheni et Yebda ?
Je ne le vous fais pas dire. Ça était une très grosse déception de rater cette Coupe du monde que l’équipe a remportée avec brio sous la coupe de Jean-François Jodar. J’avais manqué ce rendez-vous à cause d’une intervention chirurgicale que j’avais subie à l’œil. C’est ce qui m’avait contraint à faire l’impasse sur le Mondial. Ça était une période difficile dans ma carrière car ce n’est pas tous les jours qu’on remporte une Coupe du monde.
Quel est le souvenir qui a marqué votre esprit lorsque vous étiez chez les jeunes catégories ?
C’était en 1998 lorsque la France était championne du monde. Je suis parti avec les U-15 pour jouer un tournoi au Brésil, le temple du football. Tous les Brésiliens avaient du respect pour le maillot français qui venait de leur infliger une raclée mémorable en finale de Coupe du monde.
Après avoir évoqué avec vous les grandes lignes de votre carrière, parlons un peu, si vous voulez bien, de votre vie privée. Est-ce que vous êtes célibataire ?
Non, je suis marié. J’ai deux enfants. J’ai un garçon qui s’appelle Zak Ilyès qui a 5 ans et demi et Alicia, qui vient de faire 8 mois.
Votre garçon doit être un mordu du football…
Il aime le foot, d’ailleurs je l’ai inscrit dans le foot en salle. Mais son rêve, c’est d’être pilote de Formule 1. C’est un mordu de voitures. D’ailleurs, il connaît la plupart des marques de voitures. Tôt ou tard, il va falloir que le mette au karting, un parcours obligé pour les futurs pilotes.
Vous partez souvent à Londres. C’est dans la capitale anglaise que réside certainement votre épouse…
Effectivement, elle réside en Angleterre est plus précisément à Londres. Mais elle d’origine portugaise. Elle est de Lisbonne. Son père est un fan du FC Porto.
Où a joué un certain Rabah Madjer…
Absolument, c’était un très grand joueur qui a marqué l’histoire du club portugais.
Est-ce que votre épouse est un fan de football ?
Elle aime la sélection portugaise.
Comptez-vous ramener votre famille en Algérie ?
Il le faut pour l’équilibre d’un joueur, il est impératif d’avoir sa famille auprès de soi. Surtout que j’ai un bébé de huit mois.
On croit savoir que vous n’avez toujours pas établi votre passeport algérien comme Mokdad qui, lui, n’a pas son passeport rouge…
(Grand sourire) Je ne sais pas pourquoi il n’a pas son passeport rouge. Mais moi aussi je n’ai pas encore fait mon passeport algérien. Je dois profiter de ma venue au Mouloudia pour régler ce problème.
Avez-vous pensé un jour que vous alliez jouer au Mouloudia avec Hicham Mouissi qui était avec vous au RC Tournai ?
C’est le destin qui aura voulu cela. Nous sommes tous les deux heureux de pouvoir jouer ensemble au Mouloudia après l’avoir fait au RC Tournai.
Pour quelle raison vous vous êtes retrouvé dans une formation de Division 2 du championnat belge ?
C’est simple, pour rester compétitif, j’ai accepté de rester à Tournai car j’avais mon épouse qui était sur le point d’accoucher. Donc je ne pouvais changer de club malgré les offres pour une question familiale.
Une dernière question pour conclure. Le Mouloudia nouvelle version est à l’image de la sélection nationale avec les joueurs locaux et ceux venus de France…
On espère avoir la même réussite que la sélection nationale. Mais le plus important, ce n’est pas d’où le joueur vient, mais l’état d’esprit et l’ambiance qui règnent dans un groupe.