En 2006, alors que les Badji, Bouacida, Abdouni, Bouguèche et Daham, pour ne citer que ceux-là, avaient les feux des projecteurs braqués sur eux, les troupes de François Bracci avaient ce jour-là rendez-vous avec l’histoire, car cela faisait 23 ans que le Doyen n’avait plus brandi Dame Coupe. Ironie de l’histoire, c’est encore face à l’USMA que le Mouloudia goûte de nouveau aux joies du succès. Mais avant le coup d’envoi de ce match, qui fera date dans les annales du football, une page de l’histoire se conjuguait au futur avec les jeunes cadets du Mouloudia qui brandissaient fièrement leur trophée chèrement acquis face au CRB (2-0). Sous la direction de Mohamed Mekhazni, qui reste le dernier entraîneur au niveau des jeunes du Doyen à avoir remporté la Coupe d’Algérie, les Billel Moumen, Farès Bouzidi, Zinedine Bensalem, Brahim Bedbouda, Farouk Chafaï et Nacim Yettou étaient certainement loin de se douter qu’ils allaient être, sept ans plus tard, les animateurs de la cinquième finale entre le MCA et l’USMA. Souveraine dans sa catégorie, cette génération dorée aura l’occasion de présenter un nouveau trophée arraché aux tirs au but aux Usmistes au stade de Tipasa alors que le match s’était soldé sur un score vierge. Mouaouia Meklouche, qui portait les couleurs de l’USMA, en a la douleur expérience de la défaite que vivront leurs aînés quelques heures plus tard. Seul bémol, les joueurs que nous avons nommés ne joueront pas, comme en 2006 et 2007, sous les couleurs du Mouloudia mais bien comme adversaires. C’est aussi cela les caractéristiques des finales qui opposent le MCA et l’USMA et qui font tout le charme de Dame Coupe.
Ils s’étaient fait le serment de la gagner tous ensemble avec le Mouloudia
Alors qu’ils faisaient leur apprentissage de futurs footballeurs avec comme exemple les Badji, Bouacida et Bouguèche, les Moumen, Chafaï, Bedbouda, Bouzidi, Bensalem et Yettou s’étaient fait, ce jour-là, le serment de la gagner tous ensemble sous les couleurs du Mouloudia avec comme entraîneur leur mentor, Mohamed Mekhazni. Le destin aura voulu que les chemins de ces joueurs se séparent pour se croiser de nouveau mais comme adversaires. Les Chafaï, Bedbouda et Yettou doivent dépasser leur amour pour les couleurs vert et rouge afin de permettre à l’autre camp de conjurer le sort, eux qui voulaient il y a six ans perpétuer la tradition en préservant cette image de bourreau des Usmistes.
Avantage à l’école mouloudéenne
Au moment où la formation au Mouloudia est au point mort avec l’absence de futurs talents, cette finale de Coupe d’Algérie met un coup de projecteur sur la politique de jeunes qui était alors à son apogée. En prenant en ligne de compte tous les acteurs du rendez-vous du 1er mai, on se rend compte qu’il y a neuf éléments qui ont été formés au MCA. Il s’agit de Bouzidi, Bensalem, Daoud, Moumen, Bouchema, Koudri, Chafaï, Yettou et Bedbouda. Côté usmiste, on dénombre quatre joueurs, à savoir Ghazi, Metref, Meklouche et Zemmamouche qui ont fait tout leur cursus dans l’école usmiste.
Moumen : «En 2006, devant 70000 Chnaoua, on s’était promis de gagner la coupe tous ensemble»
Milieu défensif du MCA, Billel Moumen n’a jamais quitté son club formateur, ce qui n’était pas le cas de Yettou, Chafaï et Bedbouda. «Je m’en souviens comme si c’était hier. Nous avions défilé avec la Coupe d’Algérie que nous avions remportée chez les cadets. Ce jour-là, devant 70000 Chnaoua, on s’était promis de tout faire pour gagner la coupe avec les seniors. Hélas, ce ne sera pas possible car nous serons les adversaires d’un jour. En ce qui me concerne, je ferai tout pour être ce mercredi de la partie.»
Bouzidi : «Mekhazni nous avait dit qu’on allait être bientôt à la place de Badji et Bouacida»
Farès Bouzidi demeure le dernier joueur à avoir été promu en équipe fanion. Depuis, c’est le désert au niveau de la formation. Le jeune portier nous parle de 2006 qui a marqué un tournant dans la carrière d’une génération dorée. «Je ne pourrai jamais oublier les deux finales de 2006 et 2007. Nous avions remporté deux Coupes d’Algérie, successivement chez les cadets. Lorsque nous étions en train de défiler en 2006, Mekhazni nous avait lancé une phrase que je n’oublierai jamais. Il nous dit : «Appréciez ces moments chargés en émotions car dans quelques années c’est vous qui animerez la finale à la place des Badji, Bouacida et Bouguèche. Je lui avais dit : «Cheikh je n’y crois pas tellement.» Et voilà, le temps aura donné raison à Mekhazni.»
Bensalem : «Si on est tous là, c’est grâce à Mekhazni»
Zinedine Bensalem faisait lui aussi partie de cette équipe qui avait dominé au niveau des jeunes. L’enfant de Kouba estime qu’il est redevable envers son mentor Mekhazni qui était derrière l’éclosion de toute une génération. «Si on est tous là, même si nous sommes dans deux camps différents, c’est grâce à Mekhazni qui s’est beaucoup investi dans la formation. D’ailleurs, depuis son départ, c’est simple, il y a plus eu de joueurs promus en équipe fanion.»
Mekhazni : «C’est une fierté pour moi d’avoir dix poulains qui joueront la finale»
Lorsqu’on évoque la formation au Mouloudia, on ne peut jamais dissocier le nom de Mohamed Mekhazni de cette classe biberon qui avait permis au MCA de remporter son septième titre en 2010. Après avoir donné à la formation ses lettres de noblesse, Mekhazni a été poussé vers la porte de sortie. Devenu indésirable dans son propre camp, Mekhazni s’en est allé monnayer ses talents chez l’ennemi juré. Aujourd’hui, il était logique d’avoir une réaction de celui qui a été derrière l’éclosion d’une nouvelle génération qui se retrouve en haut de l’affiche. «Pour moi, c’est une fierté d’avoir dix de mes joueurs qui animeront cette finale de Coupe d’Algérie. J’ai contribué dans l’éclosion de Bedbouda, Bouchema, Koudri, Chafai, Yettou, Moumen Daoud, Bensalem, Hachoud et Bouzidi. D’ailleurs, en 2006, j’avais dit à mes éléments qu’ils allaient être dans quelques années les principaux acteurs de la finale. Alors, je ne peux qu’être fier de voir mes poulains se produire dans une finale de Coupe devant le président Bouteflika.»
«Menad et Courbis se livreront une guerre tactique qui sera décisive»
«Même s’il est très difficile de se prononcer, je sais qu’il y aura une guerre tactique entre Menad et Courbis. Et c’est celui qui préparera au mieux ses joueurs sur le plan physique et psychologique qui brandira la coupe à la fin de la rencontre. Le Mouloudia aura un léger avantage du fait que l’équipe à l’habitude de se produire au stade du 5-Juillet. Les joueurs y ont leurs repères. Et même si l’USMA est soumise à un calendrier drastique, je ne pense pas que cela puisse influer négativement sur le résultat final car ce type de match se joue souvent au mental.»
«Ferhat, Bedbouda et Chafaï peuvent faire la différence»
Ayant déjà dirigé le club de Soustara, c’est en connaissance de cause de Mekhazni nous livre les points forts de cette équipe usmiste : «Je pense que Bedbouda, Chafaï sur les balles arrêtées, et Ferhat, avec sa force de percussion, peuvent faire la différence et poser des soucis à l’arrière-garde mouloudéenne.»
«Bouguèche, Yachir et Djallit ont la clé du match»
«Ce n’est un secret pour personne que le trio d’attaque composé de Bouguèche, Yachir et Djallit constituera le plus grand danger pour l’USMA. Ce sont eux qui auront la clé du match.»
«J’espère que Moumen sera aligné car il pourra donner le plus»
Mekhazni ne manque jamais l’occasion de soutenir ou d’encourager ses protégés que ce soit du côté mouloudéen ou usmiste : «J’espère que Menad alignera Moumen car il pourra donner le plus à l’équipe au milieu de terrain.»
«Je pense que le MCA remportera sa 5e coupe face à l’USMA»
Ayant toujours refusé de se mouiller au jeu des pronostics, cette fois-ci Mekhazni, sans vouloir heurter la sensibilité des Usmistes a accepté de nous livrer un pronostic. «Je n’aime pas donner de pronostics mais puisque vous insistez, je pense que le MCA remportera sa 5e coupe face à l’USMA», nous dira en conclusion celui que l’on considère comme l’un des plus jeune techniciens à avoir battu l’USMA en championnat lors de la saison 2007-2008. Il avait à peine 29 ans lorsque Mekhazni avait damé le pion aux gars de Soustara au stade du 5-Juillet puis à Koléa.