Le patron de la LM Holding a rompu le silence, Eddir Loungar rassure les supporters qui ont cru en lui. Comme d’habitude, il a choisi Compétition pour répondre aux interrogations, sans détour.
– Après la démission du conseil d’administration, vous avez demandé la signature de l’attestation qui assure qu’en 2011 il n’y a que 12,450 milliards de dettes, mais beaucoup de personnes prétendent que c’était une manœuvre pour gagner encore du temps. Qu’en dites-vous ?
– Effectivement, après la démission des membres du conseil d’administration, j’ai demandé la signature de l’attestation. Oui, c’était une manœuvre pour gagner du temps afin d’avoir les clés de la SSPA le plus tôt possible, car je ne pouvais pas rester attendre la certification du bilan qui n’allait pas venir. Donc, si j’ai demandé de signer ce document, c’est pour régler le problème de la certification et rien d’autre. Dans le protocole d’accord, on s’est entendus sur les démissions et la certification du bilan. Pour la première, ça a pris du temps et pour ne pas vivre la même situation, j’ai proposé cette solution à Bouhraoua pour régler le problème.
– Ensuite, Bouhraoua n’a pas voulu signer l’attestation, vous avez demandé d’arrêter tout et vous nous avez envoyé un message pour nous faire savoir que le CA ne veut pas vendre…
– J’étais très déçu, car Bouhraoua n’avait pas de problème pour signer l’attestation, mais une fois le document prêt à être signé, il ne vient pas au rendez-vous. Je vous ai envoyés un message pour vous informer que le CA ne veut pas vendre tout simplement, mais je n’ai jamais dit que je me retirais. En plus, si j’avais décidé de laisser tomber, je l’aurais fait en envoyant un communiqué et par lettre officielle à Bouhraoua. Chose que je n’ai pas faite, car je n’ai jamais songé à me désister. Moi, je suis un homme qui ne recule pas et ce n’est pas aujourd’hui que je le ferai.
– Entre-temps, M. Drif a annoncé son retrait et a dit aussi qu’il allait vous conseiller une dernière fois en vous demandant de laisser tomber…
– Avant d’annoncer son retrait, M. Drif a eu une discussion avec moi. On a longuement discuté et j’ai été convaincu par son discours. En fait, M. Drif a pris la décision de laisser tomber le projet, car certains détracteurs virés disaient que ça coinçait à cause de lui. En toute intelligence et par amour à son club de toujours, M. Drif a dit : «Que puisque c’est moi le problème, je me retire.» C’est un homme qui met en évidence l’intérêt du Mouloudia avant toute autre chose.
– Par la suite, des personnes ont annoncé votre retrait. Et vous n’avez rien dit, pourquoi ?
– Ecoutez, si les autres l’ont fait, vous, non. Car, tout simplement, ceux qui ont annoncé mon retrait ont, à maintes reprises, dit des mensonges sur mon compte. Et quand je leur envoyais des démentis, ils ne les publiaient même pas. Alors, qu’ils disent ce qu’ils veulent. La vérité vous la connaissez et le peuple du Mouloudia la connaît aussi. Je ne me suis pas retiré et je n’ai jamais songé à cela.
– Vous avez opté pour le silence après la réunion qui devait avoir lieu chez M. Drif avec Bouhraoua, mais ce dernier n’est pas venu. Comment l’avez-vous vécu ?
– Effectivement, j’ai décidé de garder le silence et prendre un peu de recul pour bien avancer. J’ai été déçu par Bouhraoua qui m’avait assuré qu’il n’avait pas de problème de signer la reconnaissance du passif. Je pensais que tout était réglé et que les choses sérieuses allaient enfin commencer. On allait respirer un peu de foot. Mais la vérité était toute autre, Bouhraoua n’a pas voulu signer le document pour bloquer la situation. C’était comme repartir à zéro. J’étais déçu, mais pas au point de rendre les armes.
– On a entendu dire que vous avez poursuivi en justice Omar Ghrib, est-ce vrai ?
– Oui, je vous le confirme. Je vous certifie que bien évidemment j’ai saisi les tribunaux à l’encontre de ce monsieur, puisque les différends doivent être réglés devant la justice et pas ailleurs. C’est mon mode de vie, je ne peux pas le changer. Même si j’étais choqué, voire étonné des propos durs à mon encontre cautionnés par certains supports.
– On a aussi entendu dire que 1453 émigrés ont fait de même contre lui…
– Oui, ils étaient 1453, mais aujourd’hui, ils sont 1576 émigrés qui ont déposé plainte contre Omar Ghrib. Ses propos ont affecté un grand nombre à l’étranger. Il ne faut pas toucher quelqu’un dans son amour-propre. Il a touché tous les émigrés, et les Algériens à l’étranger ne comptent pas laisser passer cela.
– Le peuple du Mouloudia d’Alger est sorti manifester vendredi dernier pour faire entendre sa voix, celle de dire que le CA n’est plus le bienvenu, montrant qu’il veut Eddir Loungar président. Comment l’avez-vous vécu ?
– Quand on m’a informé du sit-in qu’avait organisé le peuple du MCA, je n’ai pas été surpris, car je l’ai toujours dit et je le dirais encore et encore. Les supporters du MCA sont les meilleurs au monde. Le peuple du Mouloudia d’Alger a parlé. Ce mouvement a démontré que le peuple du Doyen veut le changement, les supporters ont fait leur choix, il faut le respecter. C’est regrettable que certains s’opposent à ma venue, pourtant la situation est alarmante. Les supporters du MCA méritent le grand respect, il faudra s’exécuter.
– Il se dit que les membres du CA veulent mettre la société en liquidation judiciaire pour créer une autre structure et se débarrasser des dettes et refaire la même chose à l’avenir…
– Je ne sais pas si c’est leur objectif, mais si c’est le cas, ça sera vraiment dommage de voir un club tel que le Mouloudia d’Alger devenir le premier club à remettre les clés après trois années en mode professionnel. La situation est grave et s’ils songent volontairement au clash du MCA, ça sera le comble.
– M. Loungar, tout le monde sait que le CA ne veut pas lâcher, vous avez été insulté, bloqué, malgré tout, vous êtes toujours intéressé par la reprise de la SSPA/MCA, pourquoi ?
– Je sais qu’une autre personne aurait lâché, mais moi, je ne renonce jamais. En fait, je suis un homme de conviction et le MCA est un club hors pair. Il mérite tous les sacrifices. Moi, je suis preneur, que les concernés fassent passer l’intérêt suprême celui du MCA avant toute autre chose et qu’on nous laisse travailler.
– Aujourd’hui, vous avez décidé de rompre le silence, pourquoi ?
– Il n’est plus possible de rester sans rien dire. Voir des milliers de fans souffrir le martyre et personne n’est là pour les rassurer, ça ne me laisse pas indifférent, je ne peux pas rester sans brancher. En plus, la situation est alarmante, il fallait parler.
– Est-ce qu’il y a de nouvelles données qui peuvent rassurer les fans ?
– Rien de concret vraiment. Mon avocat a été contacté par l’avocat de la SSPA. Mon avocat m’a informé que Bouhraoua est prêt à signer l’attestation et qu’il allait le faire ce soir (entretien réalisé hier à 18h). Mais le hic, c’est que l’attestation se trouve dans la mallette de M. Drif.
– Mais l’avocat peut en préparer une autre, n’est-ce pas ?
– Bien sûr, mais donc ça ne pourra pas se faire ce soir. On verra dans les prochaines heures ce qu’il adviendra.
– A vous entendre, on a envie de dire que vous n’en croyez pas trop, non ?
– La dernière fois, Bouhraoua avait aussi assuré qu’il allait la signer sans problème, mais peu après, il changea d’avis. Donc, tant que rien n’est fait, je préfère ne pas trop y croire.
– M. Loungar, que pensez-vous d’un démissionnaire qui recrute ?
– (Rire.) En toute franchise, je n’ai rien à dire sauf une chose : ce scénario, on peut le voir au cinéma, mais on le voit en Algérie. C’est malheureux, car vous ne pouvez pas imaginer combien j’aime mon pays.
– Il s’est dit que M. Drif est venu en France pour vous convaincre de revenir à de meilleurs sentiments ?
– Moi, je n’ai jamais laissé tomber, alors comment M. Drif pouvait venir pour me convaincre de changer d’avis ? Non, ce n’est pas vrai. M. Drif est venu à ma rencontre, à l’heure où je vous parle, on s’est quittés il y a dix minutes seulement. Il m’a raconté le sit-in de vendredi dernier et à chaque fois qu’il l’évoquait, il avait les larmes aux yeux tellement ça l’a touché. Il m’a dit : ce n’est pas possible qu’on laisse le club.
– Ne croyez-vous pas que si vous aviez demandé à ce CA de rester avec vous, ses membres auraient ouvert grandes les portes il y a bien longtemps ?
– Si on ne veut pas de moi comme actionnaire majoritaire, qu’on me nomme président et dans un laps de temps de deux années, ils verront ce que je ferai. Je les mets au défi, moi, je connais ma valeur et je sais ce dont je suis capable pour mener ce club à bon port.
– Les clubs ont recruté, les départs en stage sont prévus en début de juillet, ne croyez-vous pas que le temps est compté ?
– Oui, je suis conscient. Si vous vous rappelez de la conférence que j’avais tenue en mars dernier, j’avais dit qu’il fallait entamer la préparation de la saison prochaine maintenant. On est en juin, et je vous assure que c’est compliqué. Mais qu’on me laisse faire et vous verrez. J’ai le soutien des joueurs de Ligue 1 qui veulent redresser la barre avec moi et qui sont prêts à venir pour dépanner. Ils ont été choqués et se sont engagés à m’aider. En attendant de mettre le MCA dans la bonne voie, vous serez surpris quand je donnerai les noms.
– Le peuple du MCA veut savoir une chose : M. Loungar va-t-il reprendre la SSPA/MCA ?
– Oui. Mais qu’on me remette les clés. Moi, je suis prêt financièrement parlant. Côté technique, pas de problème, j’assurerai. Qu’on me laisse faire et vous allez voir. Sur ce, j’espère que dans les prochaines heures on verra une belle surprise.
– Votre dernier mot ?
– En fait, je tiens à présenter mes sincères condoléances à la famille du défunt Ahmed Laâgoun qui a été l’un des enfants du Mouloudia d’Alger. J’étais en compagnie de M. Drif quand on avait reçu la mauvaise nouvelle. La famille du Mouloudia est en deuil et nous aussi.
A. Z.