MCA : Le Mouloudia décide d’ester Loungar en justice

MCA : Le Mouloudia décide d’ester Loungar en justice

Si pour les responsables du Mouloudia, le dossier Eddir Loungar est clos, cette affaire risque cependant de prendre d’autres proportions. En effet, la direction du club a décidé de saisir la justice. Une source digne de foi nous a confié que deux griefs auraient été retenus contre l’homme d’affaires franco-algérien, à savoir la manipulation des supporters, jeudi, à la villa de Chéraga, ainsi que les deux chèques que Loungar a exhibés devant la presse, vendredi, à l’hôtel Hilton. Les pensionnaires de Chéraga estiment que Loungar a essayé d’induire l’opinion publique en erreur, en présentant deux chèques qui ont été établis en France, alors que la transaction devait se faire à l’appui d’un chèque dûment libellé par une banque algérienne, sans pour autant évoquer les autres anomalies relevées sur les deux chèques, selon les responsables du club

L’avocat a été chargé de constituer un dossier

A la villa de Cheraga, l’avocat du club a été chargé de préparer le dossier qui sera présenté devant la justice, et qui contient toutes les pièces nécessaires. Les instances sportives seront même sollicitées par la direction du Mouloudia, pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire qui fait l’actualité dans les fiefs du club. Notre source nous a confié que les pensionnaires de Cheraga n’ont jamais souhaité en arriver là, mais ce qui s’est passé jeudi dernier à la villa et les choses qui ont été dites lors de la conférence de presse les ont poussés à prendre de telles mesures, à savoir  recourir à la justice.

Une réunion d’urgence sera tenue par le CA

La même source ajoute qu’une réunion d’urgence sera tenue par les membres du CA au plus tard ce lundi, pour débattre de la situation qui prévaut au club actuellement.  Le président du conseil d’administration pourrait même quitter son poste et nommer un intérimaire, tout en annonçant que le Mouloudia a décidé que les négociations avec Eddir Loungar sont arrivées à leur terme. De cela on pourra dire que d’ici la fin de semaine en cours beaucoup de décisions seront prises, et on n’écarte pas une réorganisation du conseil d’administration.

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Marif en veut à Drif

En dépit de la discussion que le président d’honneur du Mouloudia a eue, par téléphone, avec l’ancien dirigeant Abdelkader Drif, où il lui a demandé de ne plus évoquer son nom dans les affaires du Mouloudia, vendredi dernier, et lors de la conférence de presse qu’Eddir Loungar a animée à l’hôtel Hilton, Drif ne s’est pas empêché une nouvelle fois d’égratigner Marif en le critiquant en termes à peine voilés, citant la rencontre amicale que Rachid Marif, l’une des figures emblématiques du MCA, a eue avec des membres du CA autour d’un café, où il était évident que la discussion tournait autour du Mouloudia. Ayant eu vent que Drif l’avait cité de nouveau, Rachid Marif aurait confié qu’il n’appréciait pas l’incartade, d’autant plus que même le contenu de la discussion qu’il a eue avec lui par téléphone a été mal interprété. Une source digne de foi nous a confié que les membres du CA vont rédiger un communiqué de presse par le biais duquel ils comptent, une nouvelle fois, rappeler que la rencontre qu’ils ont eue à l’Ecole de la Protection civile de Dar El Beïda n’avait rien d’une réunion officielle, mais plutôt une rencontre informelle, comme cela a été rapporté dans la presse au lendemain de ladite rencontre. Les membres du CA tiennent à rappeler que le président d’honneur, Rachid Marif, ne s’est jamais immiscé dans les affaires du club depuis qu’il a pris du recul, il y a bien longtemps de cela.  Au contraire, il leur a demandé, lors de cette rencontre amicale, de soutenir toutes les bonnes volontés et tout investisseur qui a un projet concret qui aidera le Mouloudia à prendre une autre dimension. Le communiqué de presse en question sera édité par la direction du club avant la fin de la semaine en cours, les membres du CA y apporteront leur soutien inconditionnel au président d’honneur du Mouloudia qui fait l’objet d’attaques virulentes, bien qu’il ait apporté beaucoup au MCA. Une chose est sûre, personne ne pourra effacer ce qu’il a fait pour son club de toujours.

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Bouhraoua : «J’ai été très déçu par Loungar qui a voulu se servir des supporters pour nous forcer la main»

Le président du conseil d’administration, Abdelkader Bouhraoua, n’avait pas hésité à afficher clairement son soutien au projet d’Eddir Loungar, quitte à se mettre à dos les autres membres du CA. Mais avec les graves incidents de jeudi passé, Bouhraoua s’est rendu à l’évidence que le P-DG de Body Guard n’était finalement pas l’homme providentiel. D’ailleurs, Bouhraoua, pour la première fois, n’a pas hésité à égratigner Loungar en l’accusant d’avoir agi de manière très peu professionnelle et que sa méthode d’utiliser les supporters comme moyen de pression dénote de son état d’esprit et de son envie d’atteindre ses objectifs de manière peu conventionnelle. «Tout le monde sait que j’étais à 100 % avec Eddir Loungar. J’ai défendu mordicus son projet qui, selon moi, constituait la solution à tous nos problèmes. Je n’avais pas hésité à opposer mon veto lorsque certains membres du CA avaient rencontré Gripond. Je n’avais pas hésité à intervenir pour dire qu’il fallait poursuivre les négociations avec Loungar. Mais après l’épisode malheureux de jeudi dernier, je me suis rendu compte que je m’étais lourdement trompé. Et c’est pour cela que je me suis ravisé. Je trouve l’attitude de Loungar très peu professionnelle. Il est venu de l’aéroport directement au siège du club accompagné de quelques centaines de supporters. Je comprends par là qu’il voulait nous mettre la pression afin de nous forcer la main alors qu’il suffisait de se rendre chez le notaire pour tout régler. Je n’étais pas à son accueil à l’aéroport car je l’ai fait déjà à plusieurs reprises. Et puis, depuis que j’ai été insulté à l’aéroport par une frange de supporters, j’ai décidé d’attendre Loungar au siège du club.»

«Son appel aux fans était une incitation à la violence qui a porté préjudice au Mouloudia»

Très affecté par cet énième rebondissement, Abdelkader Bouhraoua semblait au bout du rouleau. S’étant investi corps et âme dans ce projet qu’il a porté à bout de bras, Bouhraoua se sent à présent trahi par l’investisseur franco-algérien dont l’ambiguïté s’est révélée finalement au grand jour. «Certes, les supporters ont voulu suivre Loungar, mais il aurait pu intervenir pour leur demander de ne pas le faire afin que la réunion se déroule dans le calme absolu et loin de toute violence, mais ça n’a pas été le cas. Je qualifie d’ailleurs son appel aux supporters d’incitation à la violence car Loungar savait pertinemment qu’il y aurait eu un regroupement monstre aux abords de la villa, ce qui aurait provoqué des incidents regrettables. Il aura fallu faire appel aux forces de police pour remettre de l’ordre. Cela est inadmissible et inacceptable.»

«A cause de Loungar, les riverains de la villa se sont plaints aux autorités»

Les incidents qui ont émaillé la dernière rencontre avec Loungar au siège du club semblent avoir laissé des traces chez Bouhraoua qui dira : «A cause d’Eddir Loungar, l’image du club a été écornée avec les incidents et les dépassements qui ont eu lieu jeudi passé aux abords de la villa avec plus de quatre cents fans agglutinés aux alentours du siège. D’ailleurs, les riverains de la villa s’en sont plaints, ce qui est tout à fait logique car moi-même à leur place je n’aurais pas apprécié un rassemblement de cette ampleur devant la porte de mon domicile.»

«J’étais sidéré lorsque Loungar a exhibé à la presse deux chèques alors qu’il n’avait fait mention que d’un seul»

Toujours dans le même contexte, Bouhraoua a tenu à évoquer l’affaire des chèques certifiés qui ont été exhibés lors de la conférence de presse par le P-DG de Holding. «Lors de la réunion que nous avons eue jeudi passé avec Loungar, celui-ci a fait mention d’un chèque certifié. Il nous a précisé que le chèque en question se trouvait depuis trois semaines en lieu sûr à Alger. Mais voilà que vingt-quatre heures plus tard, lors de la conférence de presse, il sort deux chèques, ce qui me laisse perplexe. Ce n’est pas net, tout ça.»

«Epuisé moralement et physiquement, je préfère me retirer des affaires du club»

Anéanti par l’affaire Loungar qui aura duré plus de quatre mois, le président du conseil est au bout du rouleau et ne semble plus en mesure de poursuivre sa mission. A ce sujet, avec beaucoup de sincérité, Bouhraoua nous confiera : «J’ai été anéanti par cette affaire Loungar qui n’a que trop duré. Epuisé moralement et physiquement, mon état de santé ne me permet plus d’aller au charbon. Je préfère ainsi me retirer des affaires du club. D’ailleurs, je comptais le faire quelle qu’aurait été l’issue du dossier Loungar».