Deux semaines après avoir effectué son intervention chirurgicale, Mohamed Derrag devait s’envoler, hier, à destination de la France afin de poursuivre ses soins. Avant de quitter le pays, le joueur mouloudéen a accepté de nous ouvrir son cœur pour nous parler de tous les problèmes auxquels il a été confronté et de l’attitude de sa direction qui lui a tourné le dos, au moment où il avait le plus besoin de son soutien moral et financier.
Comment est votre état de santé, après deux semaines de convalescence ?
Dieu merci, tout va pour le mieux. Mon médecin traitant m’a d’ailleurs précisé qu’il ne me restait que dix jours avant d’enlever les points de suture. Cela sous-entend que je pourrais marcher sans les béquilles. Dans l’ensemble, c’est en très bonne voie de guérison.
Vous semblez vous remettre très vitre de votre intervention chirurgicale ?

Absolument. Et cela est dû essentiellement à ma détermination de retrouver ma forme physique. A raison de deux séances par jour, je veux mettre tous les atouts de mon côté pour guérir le plus rapidement possible.
Ne pensez-vous pas que vous avez un peu tardé avant d’accepter de passer sur la table d’opération ?
Ce n’est pas moi qui ai décidé de cela. C’est l’un des plus grands professeurs au monde qui opère des stars de la balle ronde qui m’avait conseillé de ne pas passer sur le billard. Je reconnais que le professeur Zerguini m’avait alors prescrit l’intervention chirurgicale. Mais étant pris en charge par la FAF, je ne pouvais me douter que les médecins d’Aspetar allaient commettre une erreur de diagnostic.
Qu’avez-vous appris à travers cette expérience ?
C’est sûr qu’on devient plus fort. C’est dans des périodes aussi difficiles qu’on apprend qui sont réellement vos amis. Bouhafer a été tout le temps à mes côtés, mes parents, certains de mes partenaires et les supporters du club que je remercie pour leur marque de soutien.
Et le président, vous a-t-il appelé pour vous soutenir ?
Il y a eu le président de l’USMA, Ali Haddad, du CRB, Kerbadj, sans oublier Hannachi qui a souvent demandé de mes nouvelles. Pour ce qui est des entraîneurs, il y a Zekri à qui je présente mes excuses pour être parti sans l’avertir, alors qu’il m’a toujours soutenu.
Et la direction du Mouloudia, a-t-elle gardé le contact avec vous durant votre hospitalisation ?
Hélas non ! Selon elle, comme je me suis blessé avec l’Equipe nationale, la direction du Mouloudia ne s’est guère souciée pour moi. Aucun coup de fil pour prendre de mes nouvelles. Je peux vous dire que j’ai été complètement délaissé par ma direction, alors que je me suis blessé lors du match de championnat contre l’Entente de Sétif sur un tacle de Raho. Et puis, même je me suis blessé avec les Verts, le Mouloudia n’est pas un club de quartier pour que les soins médicaux et l’opération soient à ma charge. C’est navrant d’en arriver là. Et je ne vous cache pas que cette attitude de mes dirigeants m’a beaucoup affecté et attristé.
Pourtant, votre présence au stade de Bologhine lors du dernier match contre Blida a été interprétée comme étant un geste de réconciliation avec la direction ?
Vous me donnez l’occasion de dissiper tout malentendu. Je veux préciser que si je me suis déplacé à Bologhine vêtu le maillot du Mouloudia, c’est uniquement pour soutenir mes partenaires dans un match capital. Et le fait de voir les Chnaoua m’accueillir de la sorte m’a fait couler quelques larmes. J’avais vraiment la chair de poule, alors que certains dirigeants m’ont ignoré.
Vous semblez très affecté par la tournure des événements ?
Comment ne pas l’être lorsqu’on vous prive de la deuxième tranche, alors que les joueurs ont reçu leurs chèques. Comment ne pas être déçu lorsque vos camarades touchent 30 millions de centimes pour la qualification à la phase des poules, alors que moi j’ai eu droit à la moitié de la prime. Et lorsque je réclame mon dû, on m’accuse d’être un élément perturbateur qui déstabilise le groupe. C’est complètement absurde.
Les dirigeants du Mouloudia ont déclaré que vous avez perçu 1 milliard de centimes, alors que vous avez joué très peu de matchs. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?
J’ai entendu parler de cela. Certes, j’ai accepté de rempiler pour un milliard. Mais pourquoi on ne dit pas aussi que j’ai refusé un contrat de 5 milliards offerts par un club turc ou le 1,5 milliard qui m’a été proposé par l’USMA, sans oublier les 3 milliards que l’équipe de Sétif était prête à m’accorder dont 60% à la signature du contrat ?
Regrettez-vous d’être resté au Mouloudia ?
Pas du tout. Je suis quelqu’un qui assume ses choix. Et je suis toujours envahi par cette envie de poursuivre mon parcours avec le MCA, car ça a été toujours un rêve d’enfant de jouer pour le Mouloudia.
Autrement dit, vous êtes prêt à rempiler, malgré tout ce qui vous est arrivé ?
Tout à fait. Mais il faut savoir que je ne suis pas en train de proposer mes services. Ce que je veux dire, c’est que les dirigeants du club doivent manifester leur envie de me garder. Et je donne une voire deux semaines au club pour se manifester, faute de quoi j’irai choisir ailleurs.
Avez-vous eu des contacts d’autres clubs, malgré votre blessure ?
J’ai été sollicité par l’USMA et le CRB. Il y a même la JSK qui veut me récupérer. Mais je ne vous cache pas que j’ai envie de poursuivre l’aventure avec le Mouloudia qui est un club que j’aime.
Quand comptez-vous prendre une décision finale concernant votre avenir ?
Après mon retour de France, je choisirai ma future destination, si bien évidemment aucun responsable du Mouloudia ne manifeste sa volonté de me garder.
Ne pensez-vous pas que le club a déjà tiré un trait sur vous ?
Je ne pense pas que le club veuille me tourner le dos pour une histoire de 25 millions de centimes qui est le prix de l’intervention chirurgicale, alors que moi, je n’ai pas voulu quitter le Mouloudia contre une offre de 5 milliards. Mais jusqu’à quand va durer ce bricolage, car même Amroune a pris payé ses soins. C’est inadmissible d’en arriver là.
Quand comptez-vous reprendre la compétition ?
Ce type de blessure exige trois mois de repos. Je dois reprendre à la mi-septembre les entraînements, par la suite j’enchaînerai par une rééducation jusqu’au mois de novembre. J’espère être opérationnel en octobre prochain.
On vous laisse le soin de conclure…
Les supporters doivent savoir que je ne changerai jamais mon club contre 200 ou 3090 millions. Je suis prêt à rempiler, pour peu qu’on trouve un accord qui arrange les deux parties. Personnellement, j’ai envie de rester, surtout après ce que j’ai vécu le week-end dernier lors du match face à Blida au cours duquel les fans ont été géniaux avec moi.