Défi est le genre de mot qui n’a jamais fait peur à Bracci. Il va au charbon là où les autres hésitent même d’y aller. C’est la nature de l’entraîneur du Mouloudia qui s’est toujours montré ambitieux, même dans les moments les plus difficiles.
Lorsqu’on lui a fait appel pour prendre l’équipe en main, et même s’il en voulait aux dirigeants du MCA, le technicien français a accepté de relever le défi, tout en étant conscient de la difficulté de la tâche. Bracci qui, au bout de quelques jours seulement, a réussi à redonner confiance aux joueurs, a terminé la phase aller à la dixième place, alors qu’il avait trouvé le club en position de deuxième reléguable. Ce dernier, et comme à son habitude, surprend tout le monde et se fixe un autre objectif : gagner un titre avec le Mouloudia. «Un entraîneur doit toujours se montrer ambitieux et les défis font partie de mon quotidien. C’est au MCA que j’ai gagné le plus de titres dans ma carrière et je veux gagner un autre cette saison», dira Bracci.
«Je suis Corse, donc rien ne me fait peur»
Toutefois, tout le monde se demande pour quelle raison Bracci se montre toujours d’un optimiste que certains qualifient parfois de démesuré, car souvent les techniciens, et même s’ils croient en leurs chances de gagner des titres, ne le disent pas ouvertement et ce, afin de fuir la pression. A ce sujet, Bracci nous dira : «C’est la culture corse qui m’a appris à relever les défis. Je suis Corse, donc rien ne me fait peur. A force d’y croire, on se forge un mental d’acier et cela nous aide à garder notre lucidité.»
«Lorsque j’ai pris en main le Mouloudia pour la première fois, j’avais dit qu’on gagnera la coupe et je l’ai fait»
Le technicien français abonde dans le même sens et dira : «Lorsque j’ai pris en main le Mouloudia pour la première fois, j’avais dit qu’on gagnera la Coupe d’Algérie, et j’avais à peine deux semaines pour préparer le match face à l’ESS. Avant même qu’on joue la rencontre, j’avais annoncé à la presse que le Mouloudia gagnera la Coupe d’Algérie. A cette époque, beaucoup se demandaient sur quelle base j’avais fait de telles déclarations, mais moi je savais qu’il suffisait juste de relever le défi et de mettre les joueurs dans de bonnes conditions pour qu’ils puissent atteindre l’objectif, et le temps m’a donné raison.»
«Bouteflika a dit : ‘‘Ce gars est de chez nous’’
En évoquant avec Bracci le drapeau corse qu’il a brandi juste après avoir gagné la Coupe d’Algérie, ce dernier nous a confié : «Oui, j’ai brandi le drapeau corse, car je suis fier de mes origines et cela se passe ainsi dans tous les stades. Il ne faut pas donner une autre interprétation à mon geste. A partir de la tribune officielle, le président de la République algérienne, M. Bouteflika, en me voyant faire le tour du stade, a demandé à son entourage ce que je faisais, et lorsqu’on lui a appris que je brandissais le drapeau corse, il avait dit : «Ce gars est de chez nous», car le FLNC est comme une inspiration du FLN, et c’est un combat pour une juste cause, mais une fois de plus, je dirai qu’il ne faut pas mal l’interpréter.»
«Je n’ai jamais eu peur pour ma sécurité en Algérie et même au Yémen»
Bracci, qui a tenu à revenir sur son premier passage en Algérie, dira : «Avant de venir en Algérie en tant que technicien, je l’avais déjà visitée en tant que joueur à l’occasion du match qui a opposé la sélection algérienne à Bordeaux dont je portais les couleurs. Lorsque j’ai tenté ma première expérience avec le CSC, avec lequel j’ai réalisé l’accession, et comme j’étais un étranger, on a veillé à ce que je bénéficie d’une certaine sécurité, car l’Algérie venait juste de retrouver sa stabilité. Croyez-moi, je n’ai jamais eu peur pour ma sécurité, que ce soit avec le CSC ou le Mouloudia, car même lorsque j’étais au Yémen avec le MCA, pour le match face au Tillal, et lorsqu’il y a eu l’entrée des hommes armés à l’hôtel, je suis monté dans la chambre, juste parce que je voulais le faire», nous a confié Bracci.
«Je visiterai Sidi Abderrahmane pour avoir aussi sa bénédiction»
Toutefois, certains pensent que Bracci a toujours eu la chance à ses côtés à chaque fois qu’il est au MCA. «J’ai de la chance, oui peut-être. Il se peut qu’elle soit celle de Notre Dame d’Afrique, dont j’ai la bénédiction, puisque monseigneur Teissier est un bon ami à moi, mais maintenant il est parti à Tlemcen. Avant qu’on joue la Coupe d’Algérie face à l’USMA, je suis allé à Notre Dame d’Afrique avec Ould Ali et je lui ai dit, c’est quel stade qui est en bas. Il m’a dit que c’est Bologhine, celui de l’USMA. J’ai répliqué que c’est une coïncidence et qu’on gagnerait la coupe, ce qui a été fait. Maintenant que le Mouloudia reçoit aussi à Bologhine, je dirai que Notre Dame d’Afrique veillera sur nous d’en haut, puisque vous parlez de chance. Vous savez, j’ai appris qu’à Alger il y a aussi un saint qui est Sidi Abderrahmane. Je tiens à visiter son mausolée, et j’ai hâte de connaître son histoire. Il se peut aussi que j’aurai sa bénédiction (rire…)», dira Bracci.
«La seule voyante que j’ai sollicitée, c’est ma cervelle»
On ne vous apprendra rien si on vous disait que peu d’entraîneurs ont réussi au MCA. Bracci fait partie de ceux qui ont offert trois titres à ce prestigieux club, au point de susciter la jalousie de certains qui sont allés jusqu’à faire croire que le technicien français a eu recours à chaque fois aux services d’une voyante. Lorsqu’on a évoqué le sujet avec lui, Bracci a beaucoup ri : «La seule voyante que j’ai sollicitée, c’est ma cervelle qui me laisse voir les choses plus clairement et avec une certaine lucidité qui m’a permis de réussir, ce qui est très important pour un entraîneur, de même que ses compétences. Je sais aussi communiquer avec les joueurs pour en tirer le meilleur», ajoutera Bracci.
«Les Chnaoua sont comme les Marseillais et Bab El Oued, c’est la Cannebière»
En évoquant avec Bracci son attachement à Bab El Oued qu’il aime visiter à chaque fois, le technicien français dira : «Pour moi les choses sont simples, si l’OM gagne un titre, on le fête automatiquement à la Cannebière. Pour moi, c’est la même chose pour le MCA, car Bab El Oued c’est le fief de ce club populaire. Les Chnaoua sont comme les supporters marseillais, ils sont particuliers et c’est la première galerie en Algérie.»
«Si je n’avais pas été footballeur, j’aurais été chanteur ou danseur»
Ceux qui connaissent bien Bracci n’hésiteront pas à dire qu’ils sont frappés par sa modestie et sa gentillesse, lui qui se met souvent à chanter lorsqu’il est de bonne humeur : «Dans la vie, il faut être simple et savoir respecter les autres et les écouter. Je chante, car j’aime chanter et si je n’avais pas été footballeur, j’aurais été chanteur ou danseur», affirme le coach du MCA.
«Mes parfums préférés sont Soir de Marrakech et Patchouli»
«Les parfums que je préfère sentent très bon. Ce sont Soir de Marrakech et Patchouli. Il se peut qu’ils soient inconnus, lorsque j’en mets, tout le monde se demande de quel parfum il s’agit. Donc les bons parfums ne sont pas forcément les plus célèbres», dira Bracci
«Je ne suis pas marié et mon souhait est de mourir dans une église»
«Si vous voulez en savoir plus sur ma vie privée, je vous confie que je ne suis pas marié et c’est un choix que j’ai fait. Maintenant, si vous voulez savoir ce que je ferais s’il me restait une heure à vivre, je ferai comme les Eléphants qui choisissent leur cimetière, moi je préfère donc mourir dans une église», nous a confié Bracci.
«Je ne m’intéresse pas aux grosses cylindrées, car je ne suis pas un bon conducteur»
«Je ne m’intéresse pas aux grosses cylindrées car je ne suis pas un bon conducteur, je préfère être dans une Limousine et avoir mon propre chauffeur. Toutefois, en France, j’ai une BMW. Lorsque je me mets en tenue décontractée, j’aime celle de la Corse mais lorsqu’il y a quelque chose d’officiel, je dois logiquement porter un costume», ajoute le technicien français.
«Je n’ai pas de plat préféré en Algérie, mais je savoure la chorba et le bourek»
«Je n’ai pas de plat préféré en Algérie, mais je savoure la chorba et le bourek. Même si je ne fais pas carême au Ramadhan, je ne prends que de l’eau et j’attends comme tout le monde la rupture du jeûne pour manger le soir, autour d’une table bien garnie, comme le font les Algériens, et je suis frappé pas ce sens de l’hospitalité», a conclu François Bracci.