Il est loin le temps où Hasni chantait mazal l’espoir…
La gloire au Raïs-Highlander est chantée aujourd’hui par plus des malins que lui, fuir et revenir pour chanter mazal el baraka : un youyou à un million. Il ne faut pas préciser la monnaie quand on s’adresse à celui qui compte ses centimes pour acheter la baguette de pain et celui qui compte les étoiles en réfléchissant à sa nouvelle nationalité extraterrestre. Justement les chercheurs de la NASA ont choisi le 17 avril 2014 pour annoncer qu’ils ont enfin trouvé une planète « habitable » Kepler 186F à quelques 500 années-lumière de la Terre. S’il faut aujourd’hui 600 000 euros pour que l’Algérien-chakra devienne illico un Européen, pour un Képlérien, il faut attendre le signal et continuer à renflouer les comptes. Hasni était un naïf comme un Tahar Djaout, un Said Mekbel…, en cette 4e intronisation, c’est leur famille qui doit être contente de l’addition : sacrifier le meilleur d’entre nous pour en arriver là ? ! Contre l’idiotie, on n’est pas vacciné.
Dans son Abécédaire de la bêtise humaine, l’électron « expulsé » de l’Elysée, Soral, écrit : « Plus je vois la merde noire (corruption, intégrisme, généraux…) dans laquelle l’Algérie s’enfonce un plus chaque jour, plus je découvre en images que les seules choses qui tiennent encore debout là-bas (infrastructure, urbanisme…) sont celles que la France coloniale y a construites, plus je me dis que leur seul espoir, c’est qu’on y retourne. » Notre seul espoir c’est qu’on y « retourne » nous. C’est déjà fait pour certains, quitte à revenir de temps en temps en touriste pour voir la Mama et pour les plus privilégiés en missionnaires pour surveiller les puits et en marabouts pour faire danser la foule avant le sabbat. Aujourd’hui tous les historiens sont convaincus le coup de l’Éventail n’était qu’un prétexte. Il a fallu au moins trois ans après l’incident et davantage avant pour que Charles X prépare sa guerre dans le seul but d’accaparer le trésor du Dey qui était essentiellement le fruit de la piraterie. Aujourd’hui Hollande n’a pas besoin d’envahir la Régence pour profiter du magot plus honnêtement acquis pourtant.
Sérieusement qui voudra encore de l’Algérie surtout après le ridicule 17 avril ? On s’y attendait et pourtant on espérait un tout petit peu que l’armée, la seule force équipée lave l’honneur stoppe la dérision même à la façon Sissi. On fait rarement l’actualité, ô rage, ô désespoir sauf en léchant la poussière loin derrière la Somalie et l’Afghanistan. Ils ont gagné et on a perdu comme toujours. Pourtant, les experts nous consolent à leur façon, le plus grand parti d’Algérie c’est nous : les boycotteurs. Ils ont gagné avec 100 % avec le pedigree du premier au dernier soi-disant opposant. On les imagine en train de rigoler en sablant le champagne hallal dans quelques caves dorées d’un hôtel étoilé où les tontons flingueurs se pistent à des kilomètres à la ronde. Hallal parce que l’haram n’a jamais été à la mode qu’en terre impie loin des yeux de la sainte Family.
L’Islam n’est plus le refuge des faibles des pauvres, mais bien la sécurité la stratégie des riches des puissants avec les lois les imams les prédicateurs les mollahs à leur entière disposition. Allah est Clément et Miséricordieux, pauvres croyants, on ira tous au Paradis, l’autre bien sûr, car celui là est complet. C’est que l’argent a coulé à flots pour l’élire ou plus exactement pulvériser la révolte dans l’œuf en semant la pire des haines : l’incestueuse. Même dans un fauteuil roulant et la paralysie dans la tête pas dans les jambes, aucun humain ne pouvait battre Bouteflika. Le gavage de la cour a efficacement remplacé le manteau et le trône d’un Bokassa. L’État a joué le client milliardaire et les votants au gros ventre, la prostituée de luxe ; pardon pour la fille et le frustré.
La Matière Grise a tout prévu malgré les imprévus des deux isoloirs vides sur trois que les caméras étrangères n’ont pas ratées. Qu’à cela ne tienne, il y aura le rush miracle de la dernière seconde après l’extinction des lumières. Un score taillé sur mesure pour roitelet africain à défaut de baigner dans la sereine sieste du Calife. Une telle victoire nationale méritait d’être fêtée comme il se doit partout sur le territoire national, il y aurait eu au moins les 4 millions de signataires du début. Bizarre, on aurait dit l’enterrement et pas l’encensement du Père. Le pays n’a même pas eu le courage d’assumer ses amours légitimes, apparemment. Pire, il se terre, fait la gueule ou contaminé par le virus Ébola-peur. Au cimetière, le fantôme est roi. Passons. Cette vraie fausse élection a mis en lumière le Second, Benflis, l’enfant divorcé répudié du système. En tous les cas, il parle comme eux, même fabrique, est-il un produit raté ou réussi du FLN ? L’énigme reste entière à tort ou à raison. À force d’être un dindon, on finit par se méfier même de la farce qui nous accompagne.
D’après la théorie des grands nombres (1) si on donnait à 6 chimpanzés 6 machines à écrire au bout d’un million d’années, ils auront écrit tous les chefs-d’œuvre de l’humanité grâce aux combinaisons permutations. Bien sûr ils écriront aussi des montagnes de charabia, mais ils réussiront, d’après les mathématiciens à remplir toutes les bibliothèques nationales de la planète y compris avec tous les livres saints. L’inverse doit être vrai, si on jetait un Einstein dans une cellule vide pendant des années, il finira en chimpanzé. Benflis est venu subitement à nous avec un passé de collabo, sa repentance est sans doute aussi sincère que peut l’être celle des émirs ralliés au Pharaon.
Le psychiatre Said Saidi aurait été plus fiable dans la volonté d’un changement et surtout pour neutraliser la vénéneuse racine amazighe, mais il a jeté l’éponge trop tôt, mystère et boule de gomme. Pourquoi pas le symbole Ait Ahmed, trop vieux trop absent trop conciliant pour ne pas dire étrange à force de jouer le décor en circuit fermé. Bien heureux que le système n’eût pas pensé à mettre dans le jeu Ali Belhadj ou Abassi Madani, mais l’Ouma est réconciliée… Seule l’ANP ou l’ASS (l’armée pour sauver le système) pouvait, mais n’a pas bougé. Oui pourquoi faudrait-il avoir la naïveté d’un Hasni et croire qu’un militaire est moins susceptible d’être corrompu qu’un civil ? Détruire une armée c’est encore plus facile que de détruire une école : il suffit de changer les têtes à tous les niveaux.
Et l’humilier avec la Concorde nationale et la Repentance à tout-va en fourrant dans la fosse commune de l’Histoire les petits soldats terrassés par l’hydre terroriste gonflée de pétrodollars-amis. ..Mais y a-t-il une seule décision prise au Palais d’Alger sans appeler à l’aide les potes ? Pas sûr quand on voit la lune de miel qui n’en finit pas avec les Étasuniens de première catégorie et les monarchies du Golfe en ajoutant les conseillers sur place et les visites qui tombent à pic. Et cerise sur le gâteau, ils savent construire la plus grande mosquée au monde à la gloire de sa Compétence. Les Allemands pour le plan, les Italiens pour les fondations, les Chinois pour la construction et les Algériens à la caisse dans l’attente des luxueux tapis de prière peut-être persans. Nos ancêtres doivent se retourner dans leur tombe, analphabètes et indigènes, ils ont toujours tenu à construire de leurs mains calleuses leur lieu de prière. À moins que comme le pétrole, le prodigieux édifice n’est pas pour eux.
Populace kleenex, de jour en jour, elle se rapproche de la poubelle. Il est loin le temps où elle construisait les palais du Dey et des beys, la Grande Poste et les complexes touristiques sans oublier Riad el Feth qui pour la narguer s’est coincé entre Makam e chahid et le Triangle. De Zeralda à Moretti en passant par le Club des Pins et des hauteurs d’Alger au port, la nomenklatura régnante ne ferme les yeux qu’à proximité de la mer qui la sépare de son éden : l’Occident ! Elle tourne le dos au reste du territoire prête à s’envoler au moindre danger comme au temps des Turcs.
Que Ghardaïa, Ouargla, Batna, Constantine, Bejaia, Tizi-Ouzou etc. disparaissent, bon débarras ! Mieux, qu’ils s’entretuent et que les vaincus nous appellent à leur secours : la paix Sidi ! la paix Sidi ! Poutine a fait tomber la Crimée comme un fruit pourri, le KGB est meilleure école que la CIA. On envoie des agents dormants éveillés à l’avance là où on redoute des révoltes et on laisse le temps agir. Depuis 1962 et surtout après 1980 et 1988, on a eu le temps de miner tous les endroits dont on craint le réveil. Deux choses manquent le moins à nos apprentis sorciers : le temps et l’argent. Ils ne savent plus quoi en faire. La rente a fait d’eux des magouilleurs à plein temps, des liquidateurs de compétences, des professionnels du crime et réseaux mafieux et surtout des sauveurs de banques et de l’immobilier de luxe à l’étranger.
C’est pour cela que le pauvre bougre, qui pendant des années, patiente pour un logement social voit chaque fois des énergumènes qui n’ont rien de « social » prendre sa place quitte à louer ou à vendre le bonus. Il voit son fils universitaire faire du trabendo et du cache-cache avec les policiers pendant que le fils voyou du voisin se muer en millionnaire en un clin d’œil au-dessus de toutes les lois comme s’il venait de frotter la lampe d’Aladin. Que dire de cette nuée de rapaces venus de partout pour accaparer la ville ses meilleures terres ses commerces bien en vue et ériger des gratte-ciel genre Dallas pire qu’une invasion de sauterelles effaçant toute trace d’autochtones pendant que des villages entiers se meurent dans l’indifférence totale.
Quand vous protestez, les autorités offusquées vous répliquent : ce sont des Algériens comme vous ! Et quand vous ne protestez pas, vous allez les supplier pour un boulot d’homme à tout faire ou avec un peu de chance de gardien ou de chauffeur. Vous vous dites el hamdoulilah, je ne suis pas Mozabite à Ghardaïa, un chômeur à Ouargla, un printanier en Kabylie ou dans la Minute Facebook. Car, il ne faut pas se leurrer, ils voudront se venger.
Avant, ils leur valaient le sang de centaines de milliers de femmes hommes enfants bébés et vieillards, aujourd’hui combien avec le bulldozer des résultats officiels et le soulagement de tous ceux qui pèsent islamistes compris ? « Quand ils transformèrent un pays en désert, ils le disent pacifié » écrit Tacite au sujet des Romains. Incapables de créer un empire que celui de la haine et du chaos, nos faux romains ont transformé leur propre pays en SDF pavlovien et ils affirment qu’il a besoin d’une camisole de force pour ne pas se faire mal. Ce vote a eu au moins le mérite de souligner encore une fois notre exception : si on ne pleure pas, on fait peur aux autres ; si on ne sait pas rire, on fait rire les autres.
Mimi Massiva