La deuxième «offensive» de la neige et du froid qui sévissent sur tout le territoire national risque d’isoler davantage les régions montagneuses qui ne sont pas encore remises du calvaire des intempéries qui ont commencé il y a plus de dix jours.
Leurs souffrances risquent de s’aggraver au rythme des BMS qui se suivent et se ressemblent. Dans les villages, dans les régions escarpées, les citoyens manquent de tout. Des produits alimentaires tels que le lait et le pain, au gaz butane en passant par le médicament. Le calvaire de ces citoyens a fait sortir, certes, quelques responsables de leur mutisme, mais force est de constater que leurs sorties sont complètement ratées. C’est la faute à la neige, dit-on. En déphasage total avec la dure réalité des citoyens, les arguments et les assurances des responsables de l’exécutif se sont avérés peu convaincants.
L’impréparation et l’impuissance des pouvoirs publics devant la crise sont flagrantes. Pour preuve, des populations de quelques régions, isolées par la neige et le verglas, endurent encore d’énormes difficultés pour s’approvisionner en gaz butane, et ce, depuis plus de dix jours. Idem pour l’électricité où des milliers d’Algériens passent des nuits dans le noir. Dans le secteur de l’énergie justement, on se contente à donner des chiffres sur les pics de consommation enregistrée à cause du froid ! Le premier responsable du secteur, Youcef Yousfi avait tenté de rassurer les populations des zones fortement touchées par les intempéries quant à la disponibilité du gaz butane et le rétablissement du courant électrique. Ainsi donc, le gouvernement et les citoyens ne parlent plus le même langage. Au moment où des milliers d’Algériens cherchent désespérément une bonbonne de gaz butane, le gouvernement rompt son silence en relativisant ces souffrances et en annonçant que tout va aller pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Youcef Yousfi a imputé la pénurie de gaz butane aux seules «conditions météorologiques exceptionnelles», en ajoutant que «la production actuelle est de 600 000 bouteilles par jour » !
Si la production est si élevée, le mauvais temps explique-t-il à lui seul la pénurie de ces bouteilles et leurs prix très élevés ? A cette question, le gouvernement ne fournit aucune réponse si ce n’est cette déclaration de Youcef Yousfi : «On a donné la priorité aux régions isolées, notamment la wilaya de Tizi Ouzou!» Justement, dans cette wilaya à qui on a donné la priorité, le prix de la bouteille de gaz a dépassé les 1 500 DA ! Plus bas encore, le P-DG de Naftal, s’est livré à un exercice très difficile, celui des chiffres bien évidement. «Nous vendons des quantités énormes. Chose que nous n’avons jamais connue par le passé. Nous vendons 700 000 bonbonnes par jour», dit Saïd Akretch, P-DG de cette entreprise hier, sans convaincre, sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne III. Le responsable a minimisé l’ampleur de la spéculation (dans certaines régions la bonbonne de gaz a été cédée à 2 000 dinars alors que le prix fixé par l’État est de 200 dinars). «Il y a des files d’attente au niveau des points de vente. Parmi les acheteurs, il y a des revendeurs. On ne sait pas qui est spéculateur et qui ne l’est pas. Mais, il ne faut pas exagérer ce phénomène de la spéculation. Nous avons pris des mesures pour la freiner, mais il est impossible de l’arrêter. Nous avons informé la population en mettant en ligne des numéros de téléphone et en précisant le prix qui est soutenu par l’État», ajoute-t-il. Informer des citoyens qui n’ont pas le choix que d’acheter la bonbonne quel que soit son prix, est-il en mesure d’arrêter le phénomène ? Pas si sûr. Dans le chapitre électricité, le P-DG du groupe Sonalgaz, Nourredine Bouterfa, n’a pas fait mieux pour calmer les citoyens qui souffrent du problème de coupures d’électricité. Comme un mal ne vient jamais seul, le responsable lâche le morceau : «la meilleure solution pour l’amélioration de la qualité des services et la préservation de la pérennité de l’entreprise, à moyen terme, est l’augmentation des prix !» Il ne manquait que cela !
Par Salim Naït Mouloud