Évaluation
La mise en œuvre du plan quinquennal 2010- 2014 est sur le point d’être bouclée. Le précédent a fait l’impasse sur le bilan des réalisations. Dans la foulée, le lancement du chantier évaluation du présent programme quinquennal n’est pas encore annoncé. Tout laisse penser que le gouvernement fera de nouveau l’économie de cet exercice si important pour tirer les leçons en matière de réalisation des infrastructures de base. L’enjeu est de rectifier le tir, combler les lacunes, aller vers plus d’efficacité à l’application du plan quinquennal 2015-2019.
Pour l’heure, les signaux restent alarmants. Retards dans la réalisation de grands projets, malfaçons dans la construction de l’autoroute Est-Ouest, mauvaises études de détail, contrôle et suivi insuffisants, mauvais choix d’entreprises, attributions irrégulières de contrats dans le secteur des travaux publics… Autant de points noirs qui expliquent les immenses restes à réaliser évalués à environ 100 milliards de dollars.
Ce qui est grave, c’est qu’après la mise en œuvre de trois programmes de relance depuis 2001, nous n’avons pas un outil de réalisation important dans le secteur des travaux publics ni des capacités locales d’études et d’expertise suffisantes pour accompagner l’immense chantier de modernisation des infrastructures du pays. Les quelques entreprises d’envergure ou hirondelles dont nous disposons, à l’instar de Cosider, ne font pas le printemps.

Conséquence : l’Algérie est hyperdépendante, une décennie après, des entreprises et bureaux d’études étrangers dans la réalisation des infrastructures de base. La sage décision a été de confier à des entreprises locales la réalisation de l’autoroute des Hauts-Plateaux. Mais la question est de savoir si ces entreprises pourront achever dans les délais le projet tout en respectant les coûts et les normes de qualité.
La réalité du simple citoyen, de l’automobiliste ou de l’usager est triste : routes et trottoirs défoncés, une infinité de nids-de-poule. Des indices des contre-performances des petites ou moyennes entreprises dans la réalisation de nouvelles routes communales ou de wilaya ou dans leur maintenance. Comme si l’Algérie n’avait pas les moyens financiers et matériels de disposer d’une voirie acceptable dans nos villes au bonheur des contribuables.
Cependant, il faut reconnaître des progrès dans la réalisation des infrastructures. Retenons le capital le plus important : la formation et l’expérience de milliers d’ingénieurs et de techniciens dans la construction de routes et autoroutes, ponts, tunnels… Certaines entreprises locales, devenues plus aguerries, vont plus vite dans la construction des infrastructures.
Mais eu égard à la série de défaillances dans la réalisation, il est temps d’assurer un meilleur management des projets, une plus grande efficacité dans la dépense publique et de lutter contre la corruption. Tant qu’on n’aura pas réglé ces difficultés, il est vain de s’attendre à un développement rapide du pays et à la fin des déficits sociaux.
K. R.