Avant même leur publication officielle, les résultats du premier tour de la présidentielle de samedi sont déjà très contestés en Mauritanie.
Les quatre principaux candidats de l’opposition en Mauritanie, sur les huit en lice, ont dénoncé dimanche une «mascarade électorale» après la publication de premiers résultats partiels donnant la victoire dès le premier tour au meneur du coup d’Etat de 2008, le général Mohamed Ould Abdel Aziz.
«Les résultats qui commencent à défiler montre qu’il s’agit d’une mascarade électorale qui cherche à légitimer le coup d’Etat», a martelé Messaoud Ould Boulkheir, candidat du front anti-putsch, qui parle aussi au nom de trois autres candidats: Ahmed Ould Daddah, du premier parti d’opposition, Ely Ould Mohamed Vall, ancien chef de junte (2005-2007), et Hamadi Ould Meimou, ex-ambassadeur et candidat indépendant.
Ils accusent le général Mohamed Ould Abdel Aziz, ex-chef de la junte, d’avoir pour s’assurer la victoire manipulé le fichier électoral, falsifié les cartes d’électeurs et d’identité, et «acheté les voix et les consciences de ses électeurs».
Les quatre hommes, qui rejettent les «résultats préfabriqués» du scrutin, demandent à la communauté internationale de diligenter une enquête indépendante sur les irrégularités constatées.
Ils veulent aussi que les «entités compétentes» comme le Conseil constitutionnel et le ministère de l’Intérieur refusent de valider les résultats.
Ils exhortent également le peuple mauritanien à «se mobiliser pour mettre en échec ce coup d’Etat électoral».
Une campagne contre la «corruption et la gabegie»
Selon ldes résultats partiels portant sur 61.17% des bulletins dépouillés, le meneur du coup d’Etat du 6 août 2008 en Mauritanie, le général Aziz, qui a fait campagne contre la «corruption et la gabegie» une démarche iinédite en Mauritanie, recueille 52,2% des voix.
Ce score permet au général de se faire élire dès le premier tour. Un raz-de-marée sur lequel ne tablaient pas forcément les commentateurs au vue du nombre de ses adversaires.
Messaoud Ould Boulkheir arrive loin derrière avec 16,63% des voix, suivi par le chef du principal parti de l’opposition Ahmed Ould Daddah avec 13,89%.
Sans attendre les résultats définitifs, des partisans du général putschiste sont, dans la nuit, descendus dans les rues de la capitale pour fêter la victoire de leur candidat.
Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a quitté l’armée en avril pour pouvoir légalement participer au scrutin de samedi, est derrière les deux derniers coups d’Etat que Mauritanie a connus.
Celui de 2005 avait mis fin à deux décennies de dictature. Celui de 2008 avait renversé le premier président démocratiquement élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi et plongé le pays dans une grave crise constitutionnelle.
Son cousin et désormais rival le colonel Ely Ould Mohamed Vall, meneur du coup d’Etat de 2005, avait rendu le pouvoir aux civils deux ans plus tard au terme d’une «transition», souvent saluée comme exemplaire.