Maurice Audin accusé d’avoir commis un attentat, Les politiques seraient derrière son assassinat

Maurice Audin accusé d’avoir commis un attentat, Les politiques seraient derrière son assassinat

Les politiques seraient derrière son assassinat

Le journaliste Jean-Charles Deniau révèle que Maurice Audin avait été éliminé sur «instruction politique» parce qu’il était soupçonné d’avoir participé à l’attentat du stade d’El Biar, le 10 février 1957.

Dans son livre La Vérité sur la mort de Maurice Audin, Deniau affirme que l’attentat avait créé une panique dans les rangs du gouvernement français et plus particulièrement du gouverneur général d’Algérie, Robert Lacoste, qui avait déclaré: «L’attentat était trop réussi pour avoir été commis par des Arabes.» Il accuse alors les communistes et ordonne leur arrestation.

C’est Paul Aussaresses, alors officier des renseignements au 1er régiment de chasseurs parachutistes (RCP), l’un des quatre régiments de la 10e DP, qui avait révélé que lors d’une réunion à Hydra, Max Lejeune, ministre du Sahara avait dit au général Massu qu’il fallait «buter» les prisonniers du FLN et leurs soutiens.

A une question du général Massu qui s’interrogeait sur l’opportunité de continuer de telles opérations, Max Lejeune répondit: «Vous vous souvenez de l’avion de Ben Bella, eh bien nous avions décidé de l’abattre et si nous ne l’avions pas fait, c’est uniquement parce que l’équipage est français.» Cela signifiait que les parachutistes de Massu avaient le feu vert des politiques pour torturer et exécuter sans jugement.

Cette vérité historique dérange moins de 60 ans après la bataille d’Alger au point où l’actuel ministre de la Défense a déclaré récemment qu’il fera tout ce qui est en son pouvoir pour contribuer à l’établissement de la vérité, après les dernières révélations sur l’assassinat, en Algérie, du mathématicien communiste. C’est le général Aussaresses qui a officiellement avoué dans un enregistrement recueilli par le journaliste Jean-Charles Deniau, l’assassinat de Maurice Audin.

«On a tué Audin. Voilà. On l’a tué au couteau pour faire croire que c’était les Arabes qui l’avaient tué. Voilà. Qui c’est qui a décidé de ça? C’est moi.» C’est l’incroyable aveu fait par le général Aussaresses, peu avant sa mort, et qui vient d’être rendu public par le journaliste Jean-Charles Deniau, dans un livre intitulé La vérité sur la mort de Maurice Audin.

Le journaliste, après une enquête menée notamment auprès du général Paul Aussaresses, apporte une réponse cohérente et argumentée à l’une des dernières grandes énigmes de la Guerre d’Algérie. Il conclut que Maurice Audin, 25 ans, a été tué par un sous-officier français sur ordre du général Jacques Massu, patron de la 10e division parachutiste (DP) pendant la bataille d’Alger. Jean-Charles Deniau a expliqué avoir basé ses conclusions en grande partie sur une série d’une vingtaine d’entretiens au domicile alsacien du général Aussaresses, entre 2011 et 2013. Défenseur de l’usage de la torture durant la Guerre d’Algérie, conflit dont il était l’un des derniers acteurs, celui-ci est décédé le 3 décembre dernier à l’âge de 95 ans.

«La thèse de Jean-Charles Deniau est vraisemblable», avait estimé Josette Audin, la veuve du mathématicien qui a toujours remué ciel et terre pour faire la lumière sur sa disparition. Le 1er février 2013, elle avait reçu des mains du ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, un dossier d’archives sur son mari après avoir demandé, six mois auparavant, à François Hollande que «l’on puisse trouver des réponses dans ces archives et que les circonstances de la mort» de son mari «soient reconnues et condamnées».

Mais Josette Audin regrette ne pas avoir rencontré Jean-Charles Deniau et «s’indigne qu’il ait publié son livre en utilisant le nom de son mari». La question d’Henry Alleg, suivi de L’Affaire Audin de l’historien et militant communiste pour l’indépendance de l’Algérie, Vidal Naquet, La vérité sur la mort de Maurice Audin de Jean-Charles Deniau parachève la quête de vérité sur les crimes coloniaux commis contre des militants algériens et français.