Ils étudient les joueurs algériens individuellement, Chut… Les USA nous espionnent
«Je peux vous dire qu’on connaît très, très bien cette équipe d’Algérie… Je connais tous les joueurs… J’ai vu et revu tous les matchs de l’Algérie disputés en Angola…», disait Michael Bradley à notre journaliste. Ce sont les mots d’un simple joueur de la sélection américaine, alors que dire de l’entraîneur ou de ses collaborateurs.
Les USA pensent aller le plus loin possible en Coupe du monde. Le fait de tomber sur l’Angleterre ne les impressionne pas. Ils sont confiants et, surtout, déterminés à réaliser un bon parcours en Afrique du Sud.
Ce sentiment et cet appétit sont nourris par leur excellente prestation lors de la Coupe dans Confédérations disputée l’année dernière, où ils ont battu l’Espagne, champion d’Europe en titre, avant de perdre en finale face au Brésil de Kaka dans les ultimes secondes de la partie.
Bradley était bel et bien en Angola
Pour y arriver à ses fins, le staff technique américain accorde une importance majeure au «scoutisme». Bob Bradley suit de près tout ce qui se passe, absolument tout, dans les sélections qui sont dans le même groupe que la sienne. La récente Coupe d’Afrique des nations était l’occasion pour lui de voir de près cette équipe algérienne méconnue jusque- là des Américains. Il s’est fait discret, voire invisible, mais il était bel et bien là.
Il a vu tous les matchs qu’ont disputés les camarades de Ziani. Il n’était pas seul, puisqu’il a été accompagné par l’un de ses proches collaborateurs. Contrairement aux Anglais qui, il faut le dire, ne nous donnent pas une grande importance, puisque ni Capello ni même la presse anglaise ne parlent de l’Algérie. Et s’ils le font, c’est pour dire que l’Angleterre passera facilement le premier tour, face à des adversaires comme, l’Algérie, La Slovénie et, enfin, les Etats-Unis.
Les USA, eux, nous étudient, et de très près. C’est normal, diriez-vous, du moment que la deuxième place pourrait se jouer entre nous et les Américains. Et la rencontre entre ces deux pays se jouera la dernière journée du groupe, ce qui pourra donner une petite finale pour la qualification au deuxième tour. Mais la façon avec laquelle ils le font nous pousse à dire que ces Américains ont vraiment peur de nous, comme si nous serons leurs seuls adversaires durant cette Coupe du monde.
L’approche individuelle
Le staff technique de la sélection des Etats-Unis a dépassé l’étape d’étude du jeu collectif des Algériens, de leurs forces et de leurs faiblesses. Ce qu’il les intéresse maintenant, c’est de connaître chaque joueur, ses points forts, ses points faibles, son caractères, ses contactes, son club… Absolument tout ce qui concerne de près ou de loin nos joueurs.
Pour y arriver, les Américains suivent chaque semaine les performances de nos joueurs professionnels, mais aussi ceux qui jouent ici en Algérie. Ils ne laissent rien au hasard et chaque détail doit être transmis à l’entraîneur en chef, Bob Bradley. Il faut dire que cette méthode est nouvelle, puisque la plupart des entraineurs s’intéressent plus au collectif qu’aux individualités. Ce n’est pas l’avis de Bradley, lui, il veut tout savoir, dans le moindre détail.
Ce qui l’a poussé à choisir cette méthode est sans doute lié à la réputation qu’ont les joueurs algériens, mais aussi les équipes algériennes qui trouvent souvent les solutions grâce à des actions individuelles. C’est peut-être ça qui a poussé Bob Bradley a opté pour cet approche individuelle, ce qui ne doit pas être difficile pour un pays qui excelle dans l’art de l’investigation et de recueil d’informations sur ses adversaires.
Michael Bradley : «J’ai suivi tous les matchs de l’Algérie lors de la CAN»
N’aimant pas trop s’exprimer dans la presse, le milieu de terrain des USA, Michael Bradley, a eu la gentillesse de s’arrêter dans la zone mixte avant-hier à la fin de la rencontre qui a mis aux prises son équipe de Mönchengladbach avec Fribourg et il a bien voulu répondre à nos questions. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’Américain, qui n’est autre que le fils du sélectionneur des Etats-Unis, connaît à la perfection notre équipe nationale. Bradeley affirme, d’ailleurs, que son équipe voue un énorme respect aux Verts qui, pour lui, renferment de très bons joueurs.
Les Etats Unis sont dans le même groupe que l’Angleterre, la Slovénie et l’Algérie, que pensez-vous de ce groupe ?
A mon avis, c’est un groupe difficile pour les quatre équipes, j’estime que tout le monde a ses chances pour se qualifier. Je dirai même que tous les matchs seront très, très difficiles et disputés et que des surprises peuvent même se produire au bout des trois rencontres.
L’été dernier, votre équipe a créé une grande surprise lors de la Coupe des Confédérations justement en Afrique du Sud, vous attendiez-vous a faire un tel parcours ?
Nous avons joué cette Coupe des Confédérations à fond car nous considérions que ça pouvait être une très bonne préparation pour notre équipe en prévision de la Coupe du monde en cas de qualification. Donc, on a disputé cette Coupe des Confédérations justement en Afrique du Sud, ça nous a d’abord permis de connaître le pays, ensuite voir les différents stades et, surtout, nous habituer au climat vu que le Mondial se déroule exactement à la même période.
On peut donc dire que vous ne risquez pas d’être surpris et cela à tous les niveaux ?
Franchement non, comme je viens de vous le préciser, nous avons une idée très précise de ce qui nous attend en Afrique du Sud. J’estime que ce fut vraiment une très bonne préparation pour nous. S’agissant de notre parcours, et bien nous ne sommes pas posé de questions en jouant match par match, et c’est comme ça que nous avons réussi à atteindre la finale. Dommage qu’on l’ait perdue mais c’est la loi du football.
Avez-vous une idée sur l’Algérie qui n’a jamais eu à affronter les Etats-Unis par le passé ?
Bien sûr que je connais et même très, très bien…
Ah bon, vous dites très, très bien…
Nous allons disputer un Mondial et la moindre des choses, c’est de bien connaître nos adversaires. L’Algérie en fait partie et il est donc tout à fait normal de connaître cette équipe. Il y a d’abord Karim Matmour qui évolue avec moi ici à Mönchengladbach et je peux vous assurer que nous respections beaucoup cette équipe algérienne qui a réussi un très bon parcours, que ce soit lors des éliminatoires pour la Coupe du monde ou lors de la précédente Coupe d’Afrique.
Vous voulez dire que vous avez suivi le parcours de l’Algérie lors de la CAN ?
Bien sûr que oui. J’ai suivi tous les matchs lors de la Coupe d’Afrique des Nations et j’ai même revu certaines rencontres comptant pour les éliminatoires du Mondial, dont le match face à l’Egypte et la belle victoire des Algériens au Soudan. Franchement, je trouve que l’Algérie est une bonne équipe et je le répète encore une fois, nous la respectons beaucoup. En plus, elle renferme un grand nombre de bons éléments qui évoluent en Europe et je suis certain que la rencontre Etats-Unis-Algérie sera un très bon match.
On comprend bien à travers votre discours que l’Algérie est loin d’être une inconnue pour vous ?
Bien sûr que non. Comme je vous l’ai déjà dit, il y a Matmour qui évolue avec moi et que je connais donc très bien. Il y a aussi tous les autres joueurs algériens de la Bundesliga que je connais aussi, à l’image de Ziani et de Yahia. Il y a aussi Belhadj qui joue à Portsmouth et Bougherra aux Glasgow Rangers, et nous vouons beaucoup de respect à tous ces joueurs.
Le dernier match du premier tour mettra aux prises justement l’Algérie avec les Etats Unis, une rencontre qui pourrait bien être déterminante pour les deux équipes ?
Même si c’est encore trop tôt pour se prononcer à ce sujet, il se pourrait bien que cette rencontre soit déterminante, car celui qui gagnera ce match aura peut-être beaucoup de chances de décrocher son billet qualificatif pour le deuxième tour. Bien évidemment, tout dépendra des deux premières confrontations de chaque équipe, mais ce dernier match pourrait bien être décisif que ce soit pour nous ou pour l’Algérie.
Quel est l’objectif des Etats-Unis lors de cette Coupe du monde ?
Ce qui est certain, c’est qu’on ne fera aucun calcul. On jouera match par match et on fera les comptes à la fin. Ce qui est certain également, c’est qu’on se donnera à fond pour honorer du mieux possible notre pays.
Asma H. A.
Ce que pense Matmour de Bradley :
«Un nettoyeur très agressif toujours au service de l’équipe»
«Les Américains nous connaissent à la perfection»
«Je suis surpris que Bradley en sache autant sur nous»
«Les Américains ne nous prennent pas à la légère»
«C’est un joueur qui travaille beaucoup au milieu de terrain. D’ailleurs, d’après les statistiques, c’est le joueur qui fait le plus de kilomètres lors de chacune de nos rencontres et qui se met vraiment au service du groupe. En fait, c’est un peu le nettoyeur, en faisant preuve d’une grande agressivité dans les règles du jeu bien sûr. C’est un élément que je connais très bien vu que je le côtois tous les jours à l’entraînement. J’ai donc une idée sur l’état d’esprit qu’il a et que l’équipe américaine doit avoir.
J’avoue que tout le monde a vu la Coupe des Confédérations, et à travers cela, j’estime qu’il n’y a pas grand-chose à dire sur cette équipe des Etats-Unis. Je tiens aussi à préciser que les Américains nous connaissent très bien, car Michael m’a même dit à mon retour de la CAN que son père s’était déplacé en Angola et qu’il avait supervisé tous nos matchs. Il est vraiment au courant de tout ce qui touche à notre équipe.
En plus, pour me prouver qu’il connaît bien notre équipe nationale, Michael ne se gêne pas à chaque fois qu’il en a l’occasion de me donner des informations sur nos joueurs. Des fois, je suis même surpris qu’il en sache autant sur nous. Enfin, si j’ai un truc à rajouter, c’est que cette équipe américaine ne nous prend pas du tout à la légère et se prépare de la meilleure des manières à nous affronter.»
Asma H. A.